Gestion des affaires publiques au Mali : Le président du RDDH, Souleymane Camara, fait le diagnostic

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Dans une de ses nombreuses réflexions sur l’administration publique malienne intitulée : “L’administration malienne ou la gestion subjective des affaires publiques”, le président du Réseau des défenseurs des droits humains (RDDH), Souleymane Camara, fait un diagnostic sans complaisance des pratiques administratives dans la gestion des affaires publiques au Mali.

A l’entame du document, il a indiqué que la mise en place du Commissariat au développement institutionnel (CDI) au Mali atteste l’existence du bien-fondé des insuffisances constatées dans les pratiques administratives ou dans la gestion des affaires publiques au Mali. Et d’ajouter que malheureusement le bilan reste nettement en deçà des attentes des citoyens.  Il poursuivra que les mauvaises pratiques décelées dans la pratique administrative malienne continuent d’exister en dépit des efforts financiers colossaux consentis par l’Etat malien et ses partenaires extérieurs.

Selon lui, l’impact de ces efforts n’est pas suffisamment perceptible et le changement tant attendu tarde à se faire sentir. Car, dit-il, la corruption, l’enrichissement illicite, le clientélisme, le népotisme, le favoritisme, les échanges de faveurs, le mépris des usagers anonymes constituent des tares fonctionnelles et structurelles réelles et présentes au sein de l’administration malienne en dépit du lancement du processus de réformes depuis plusieurs années.

A ses dires, à ces différents maux avérés dans la pratique administrative malienne, il y a lieu de souligner aussi la gestion subjective des affaires publiques. “Le chemin pour atteindre une administration performance est très lointain. Il arrive que des fonctionnaires de l’administration publique malienne exigent des citoyens, la production de documents ou de pièces non prévues par la loi. Ils se substituent non seulement à la loi, mais bloquent la bonne marche de l’administration publique”, peut-on lire dans le document.

Exigence des documents non prévues par la loi

A titre illustratif, il dit que le gouvernorat du district de Bamako, exige des citoyens la production de documents d’homologation de potentiels partenaires extérieurs des citoyens maliens demandeurs de documents administratifs alors qu’une telle exigence n’existe nulle part dans la législation malienne. A l’instar du gouvernorat du district de Bamako, renchérit-il, l’administration publique malienne viole la loi fondamentale du Mali en demandant aux citoyens maliens la production des documents non prévues par la loi. “Le pire dans cette méthode est que ce bocage est notifié oralement sans aucun support écrit”, dénonce-t-il.

De ce fait, il affirme que les fonctionnaires maliens violent les droits des citoyens maliens et entravent les possibilités de recours hiérarchiques gracieux et même la saisine du Médiateur de la République, car ils ne délivrent pas de correspondance de refus des actes oraux et illégaux posés.

A le croire, à travers ces pratiques, tout est mis en avant pour inciter le citoyen à se déplacer pour faire le suivi des dossiers et éventuellement négocier contre sa volonté. “Les agents de l’état malien par méconnaissance ou à dessein ne s’adossent pas à la loi dans bien des cas. Ils agissent en dehors de la loi, se comportant comme plus intelligents que les législateurs en ajoutant ce qui n’est pas prévu par la loi.Ils créent le blocage et le désordre à tort et à dessein.En un mot, ils agissent le plus souvent selon leurs propres désirs. Les méthodes et les pratiques peuvent varier d’un agent à un autre car la loi est ignorée”, déplore-t-il.

En outre, il trouve qu’il est ahurissant de constater qu’il arrive qu’un service public renvoie le citoyen vers un autre alors qu’il est bien compétent pour procéder au traitement des dossiers. Et de poursuivre que cela constitue une fuite de responsabilité, une peur d’agir, une incertitude entretenue et un manque d’assurance en soi.

Gestion par tâtonnements des affaires publiques

En réalité, ajoute-t-il, la gestion par tâtonnements des affaires publiques est l’apanage de l’administration publique malienne et le citoyen malien souffre parce qu’il est renvoyé comme une balle de tennis d’un point à une autre par l’administration publique. “C’est une administration inefficace, caractérisée par la gabegie d’où l’état de sous-développement criard dans lequel le Mali se trouve plongé après plus de 60 ans d’indépendance. Le Mali Kura (Mali Nouveau) s’active pour trouver des solutions aux maux qui assaillent la nation malienne”, martèle le président du RDDH.

Pour lui, si la gestion des problèmes de sécurité commence à trouver des voies de solutions, celles des maux de l’administration publique malienne reste entiers parce qu’il n’existe pas de dynamisme réel pour enclencher le changement en profondeur au niveau de l’administration malienne. Par ailleurs, il dira que l’emprisonnement de présumés auteurs de détournement de fonds publics constituent des mesures curatives. Cependant, il n’existe malheureusement aucune perspective de solutions préventives pour juguler ce fléau qui entrave le développement harmonieux du Mali.

Conditionner le payement  intégral des salaires à la  présence effective des agents

En ce qui concerne les Assises nationales de la refondation (ANR) tenues en décembre 2021, il a laissé entendre que l’on peut constater d’ores et déjà l’inertie dans l’application des recommandations issues de ces assises avant l’heure du bilan. Car, selon lui, le Comité de suivi des recommandations desdites assises mis en place, semble dépassé par l’ampleur des tâches à effectuer. Aussi, dit-il, le Comité s’est caractérisé par son absence de progrès significatifs dans l’application des recommandations. Aux dires de M. Camara, il faut appliquer systématiquement les sanctions administratives prévues en conditionnant le payement intégral des salaires à la présence effective de l’agent de l’état au niveau de son lieu de travail et à l’heure indiquée. Et de renchérir qu’il y a lieu d’accroître le contrôle inopiné et continue dans les services publics.

Pour lutter contre l’absentéisme au Mali, il a proposé l’installation d’un système de pointage pour les agents pour signaler leurs arrivées et leurs départs du service qui aura l’avantage d’éviter les fraudes sur les traitements de salaires indûment perçus par des tricheurs. Aussi, les notations et les avancements des fonctionnaires maliens devraient être liés à l’assiduité et aux performances sur les lieux de travail.   

Boubacar Païtao

 

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