Bien que l’Etat du Mali n’arrive pas à faire face aux multiples et divers problèmes sociaux auxquels le pays tout entier est confronté, son gouvernement n’a pas hésité à développer des actions concrètes pour mettre un terme à la mendicité dans les rues de la capitale.
La rareté des mendiants dans les principales artères de Bamako est réelle. Il est difficile de croiser un groupe de mendiants aux alentours des feux rouges ou au niveau des grandes avenues qui sillonnent la capitale malienne. Parce que, depuis quelque temps, l’Etat malien a pris la ferme résolution de procéder au ‘ramassage’ des mendiants pour les reconduire dans leurs villages respectifs. Selon le président du Mouvement des jeunes pour la gestion de l’environnement de Bamako (Mjgeb), Sidiki Diarra, ‘jadis, à Bamako, les mendiants envahissaient, en plus des lieux de culte, les centres commerciaux, les boulangeries, les stations, les gares routières, les marchés, les carrefours et autres places publiques.Ils avaient aussi un lieu de rendez-vous hebdomadaire, les vendredis, devant la maison d’un homme d’affaires ou d’une personnalité charitable.La mendicité a toujours occupé une place essentielle, surtout en milieu urbain.Elle demeure une vieille pratique qui est à la fois un phénomène social, religieux et culturel’.
D’après le président du Mjgeb, la mendicité est très complexe, car pour beaucoup de gens, elle est une émanation de la religion musulmane et une tradition séculaire qu’il convient de respecter. Et telle qu’elle se pratique actuellement, elle prend plusieurs formes. Ainsi, à la mendicité des talibés et des nécessiteux qui est très ancienne, se sont ajoutées celle des mineurs et celle des jumeaux. ‘Il est difficile de ne pas dénoncer celle des femmes avec enfants et bébés dans les bras qui se postent aux carrefours des grandes villes et qui offrent un spectacle désolant, en soumettant ces pauvres enfants aux rigueurs du froid, du soleil et de la forte chaleur’, dit-il.
Sidiki Diarra convient cependant que ‘les causes fondamentales de la mendicité résident dans la pauvreté grandissante des populations, l’effritement des valeurs de solidarité et d’entraide, l’exode rural des jeunes et des maîtres coraniques vers la ville, les pesanteurs socioculturelles et religieuses, l’absence d’un véritable programme d’éradication de la mendicité sous toutes ses formes’.
Néanmoins, soutient-il, ‘les actes posés actuellement par l’Etat pour lutter contre la mendicité sont à saluer, car il est insoutenable que la capitale d’un pays soit le lieu de travail des mendiants. D’autant plus que certains parmi eux se comportent d’une manière si indisciplinée qu’ils font fuir les étrangers. Alors que ces derniers participent à rehausser l’économie du pays’.
Malgré tout, Sidiki Diarra invite l’Etat à développer une politique de prise en charge des démunis, en créant des activités génératrices de revenus dans leurs villages afin qu’ils ne songent plus à se déplacer dans la capitale pour tendre la main. ‘L’Etat peut les chasser de la capitale pendant un moment, mais si cette décision n’est pas accompagnée par une prise en charge financière, cette action risque de foirer, car, pour survivre, les mendiants seront obligés de retourner dans la capitale’, soutient-il.
Paule Kadja TRAORE (walf.sn – SENEGAL) – 27 juin 2011