A travers un point de presse tenu le samedi dernier, les responsables du Syndicat autonome des Administrateurs civils (SYNAC), du Syndicat libre des Travailleurs du Ministère de l’Administration territoriale (SYLTMAT), du Syndicat national des Travailleurs des Collectivités territoriales (SYNTRACT) et du Comité syndical des Agences de Développement régional (CS-ADR) ont dénoncé la « mauvaise foi » du gouvernement dans la résolution de la grève illimitée qu’ils ont entamée depuis le lundi dernier. Ils reprochent à la partie gouvernementale de n’avoir rien proposé de concret pendant les négociations à la veille des grèves.
La guerre de la communication, c’est ce qui se passe entre le gouvernement de la Transition et les responsables des syndicats des Administrateurs civils et des travailleurs des collectivités territoriales. Chacun dit avoir fourni beaucoup d’efforts, jetant ainsi la responsabilité sur l’autre. Après le gouvernement qui, au cours de son point de presse du mercredi dernier, a affirmé avoir fait tout ce qui était de son mieux pour mettre fin à la grève, c’est le tour des syndicats de répliquer.
« Dans le cadre de la gestion dudit préavis de grève, le Gouvernement a convié les syndicats concernés à la table de négociation, les 16 et 17 octobre 2020 et ensuite le 6 novembre 2020, sur les 11 points de revendication, il n’y a eu que deux accords à la suite desquels nous avons signé un procès-verbal de non-conciliation, le 6 novembre 2020 », a indiqué le secrétaire général du Syndicat autonome des Administrateurs civils, Ousmane Christian Diarra, comme pour répondre au gouvernement du Mali. Selon lui, la partie gouvernementale a affiché sa mauvaise volonté de résoudre la crise lors de ces deux négociations.
Jouer sur le temps sans rien proposer de concret, la stratégie du gouvernement tel que par les syndicats
Sans langue de bois, Ousmane Christian Diarra a laissé entendre que le gouvernement du Mali, au lieu de chercher à satisfaire les doléances des syndicats, cherche à faire perdre du temps. «les agissements de la partie gouvernementale consistant à gagner du temps et à user nos militants dans la gestion de ce préavis de grève nous obligent à répliquer pour apporter toute la lumière sur le préavis de grève illimitée », a déclaré le secrétaire général du SYNAC.
Point par point, le porte-parole des syndicats grévistes a dénoncé « les mensonges » du gouvernement. D’abord, s’agissant du nombre d’agents à déployer pour la sécurisation des représentants de l’État, il a affirmé que le gouvernement a, le jour de la conciliation, refusé en prétextant le manque d’effectif au regard du contexte sécuritaire. Bizarrement, s’étonne le conférencier, le même gouvernement a souhaité à ce que les sous-officiers, officiers subalternes et officiers supérieurs soient nommés au poste de sous-préfets et préfets .
Concernant les primes et indemnités, le Gouvernement a, selon Ousmane Christian Diarra, avancé l’insoutenabilité budgétaire en évoquant une prochaine harmonisation des grilles salariales et des primes et indemnités de tous les fonctionnaires, sans autres précisions. « A ce niveau, le Gouvernement veut jouer avec le temps puisqu’il est un secret de polichinelle que ce projet d’harmonisation date de plus de deux ans et peine à être réalisé », a dénoncé M. Diarra. Pis, selon le parolier, les Administrateurs civils et les Membres du Corps préfectoral sont les seuls agents aujourd’hui au Mali qui ne bénéficient d’aucune prime ou indemnité liée à leurs corps.
Selon le porte-parole des syndicats, dire que « le Gouvernement a fait des efforts par rapport à la gestion de cette grève est une contre-vérités ».
Contre la nomination des militaires comme sous-préfets et préfets, les administrateurs civils menacent le boycott illimité des négociations
En plus de la grève illimitée, la question de nomination des sous-officiers, officiers subalternes et officiers supérieurs comme sous-préfets et préfets , oppose le gouvernement de la transition aux Administrateurs civils. «A notre grande surprise, le même Gouvernement, dans une lettre adressée à nos syndicats le 10 novembre 2020, demande notre avis sur la relecture du Décret n°2015-0067/P-RM du 13 février 2015 fixant les conditions de nomination et les attributions des chefs de circonscription administratives, avec pour objectifs d’ élargir les conditions de nomination de Préfets et de Sous-préfets aux sous-officiers, aux officiers subalternes et aux officiers supérieurs membres de Forces Armées et de Sécurité », a rappelé le secrétaire général du SYNAC. Mais, regrette-t-il, vingt -quatre heures après, sans même avoir reçu notre avis, nous avons appris par lecture du communiqué du Conseil des Ministres, la nomination d’un Commandant au poste de Préfet de Niono. Les Administrateurs civils ont, en plus d’exiger l’abrogation de ladite décision, menacé de rompre toutes les négociations avec le gouvernement. « Nous demandons l’abrogation de la décision de nomination d’un militaire comme préfet de Niono », a déclaré Ousmane Christian Diarra. Les Administrateurs civils haussent le ton et menacent de ne jamais reprendre les négociations si le gouvernement s’entêtait à nommer un autre militaire en lieu et place des Administrateurs civils. « Si les autorités s’entêtent dans cette pratique, nous allons continuer le boycott des négociations. Ça sera du boycott à l’infini », a menacé Ousmane Christian Diarra.
Boureima Guindo