Gestion patrimoniale de la Caisse, achats de conscience et de silence, auxquels s’ajoutent l’existence d’avoirs fictifs et le clanisme érigé en système». Telles sont, entre autres, les principales causes du dysfonctionnement de la Caisse Associative d’Épargne et de Crédit des Entrepreneurs et Commerçants du Mali (CAECE-JIGISEME). Depuis, le réseau des caisses associatives du Mali est au bord du précipite.
« La crise que la CAECE traverse s’est empirée. Rien ne va plus. Les méthodes de travail ont fait place au népotisme. Plus grave, notre Directeur Général n’en fait qu’à sa tête ». En colère, un travailleur du réseau des CAECE explique en ces termes, le fonctionnement actuel de sa structure. Et un autre d’ajouter : « Quand Modibo venait à la tête de la Caisse, il était l’homme de la situation. Compte tenu de sa rigueur et de son engagement aux côtés des travailleurs. Mais, très vite, il s’est happé par le système ».
Témoignages accablants
À en croire nos sources, le contrôle interne de la CAECE n’est pas fiable. Il va de la mauvaise tenue du livre journal en passant par la non-comptabilisation des frais d’adhésion et le manque de suivi des crédits. Pire, nos sources ajoutent l’inexistence de rapprochement bancaire et la non-conformité des soldes figurant sur les fiches et ceux mentionnés sur les carnets d’épargne.
S’y ajoutent, l’inexistence de supports exprimant les besoins et autorisant les dépenses. De même que la non identification de certains débiteurs (manque de photos d’identité, de signatures et d’adresses sur les fiches de demande) et l’inexistence de numéro d’enregistrement sur les pièces justificatives. Ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Au terme de l’exercice 2020, nos sources indiquent que la CAECE a évolué dans un contexte macro –économique extrêmement difficile. D’où la mauvaise gestion des ressources mises à la disposition de la Direction de la Caisse.
En effet, nos sources précisent qu’au 31 décembre 2020, l’actif du réseau a chuté. Vertigineusement. Il passe de 16% en 2020 contre 39,5% en 2019. Pire, l’excédent d’opération a baissé de 42%. Soit 316 millions CFA en fin 2020 contre 549 millions en 2019. Et le budget 2020 qui prévoyait 13 milliards CFA a été atteint à, seulement, 75 %. Soit 9,7 milliards CFA.
Aussi, les mêmes sources indiquent que d’autres irrégularités ce sont greffées à cette descente en enfer de la CAECE. Notamment la mauvaise formulation des conditions de restitution des parts sociales, leur mode de rémunération et la qualité des bénéficiaires ; l’existence d’avoirs fictifs et le faible taux de mobilisation de l’épargne. Une incompétence que le Dg de la CAECE, Modibo Mary Diarra, brandit comme un épouvantail pour combler les déficits à répétition.
Pour, les collaborateurs du Directeur général, la CAECE, sombre dans l’agonie. À l’origine de cette situation, les collaborateurs du directeur général citent, entre autres, la distribution des fonds aux copains et coquins ; l’accord de crédits douteux, et les détournements à la pelle. Pendant ce temps, les demandes de financement des commerçants et des Entrepreneurs s’entassent sur son bureau.
À en croire des cadres de la CAECE, leur patron gère de façon patrimoniale, le fonds d’investissement du réseau.
Pour preuve, ils indiquent qu’à lui seul, il a exécuté les marchés de fourniture de véhicules de la caisse. Sans appel d’offres. Aussi, les travailleurs précisent que le Dg, dans ses œuvres, est de mèche avec certains responsables de la Caisse et les membres du Conseil d’Administration. Du coup, le personnel souhaite l’envoi d’une mission indépendante d’audit. Objectif : passer la gestion de la CAECE au crible.
Nommé, il y a plus de 20 ans à la tête du réseau des Caisses Associatives d’Épargne et de Crédit des Entrepreneurs et Commerçants du Mali (en abrégé CAECE – JIGISEME), Modibo Mary Diarra est réputé pour son franc –parler.
Mais surtout, pour sa combativité pour la réglementation du cadre de la concurrence dans le secteur de la microfinance au Mali. Cultivé, il n’hésite pas, chaque fois qu’il en a l’occasion, de fustiger le dysfonctionnement de nos institutions financières. Même quand ça fait mal.
C’est pourquoi, nous avons voulu rencontré le Dg de la CAECE Modibo Mary Diarra, la semaine dernière, afin de l’interroger sur les griefs formulés à son encontre, par ses collaborateurs. Peine perdue. En bloc, toutes nos démarches se sont soldées par un échec. Alors, que se reproche-t-il au juste ?
Jean Pierre James
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