Depuis quelque temps, le monde entier vibre au rythme de l’évolution de la situation conflictuelle entre la puissante Russie et son voisin Ukrainien. Ce conflit inter-étatique semble avoir des répercussions indirectes sur la situation malienne qui, comme celle de l’Ukraine, se place au centre de dissensions et intérêts géopolitiques et géostratégiques des plus grandes puissances.
En effet, avec l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, l’Etat ukrainien a comme senti le besoin d’accélérer le processus de son alliance à l’Union européenne et les USA pour continuer de garder sa mainmise sur la riche région du Donbass. Dont les velléités séparatistes sont fortement encouragées par Moscou, qui voudrait bien ériger un corridor destiné à protéger la Crimée et avoir du coup une position stratégique plus adéquate pour défendre ses intérêts. Toutes choses qui semblent offrir une aubaine à l’UE et aux USA, qui accusent Vladimir Poutine de tous les péchés d’Israël, en l’occurrence d’entrave à la réalisation de ses ambitions en Europe.
Le récent positionnement de 100.000 soldats russes à la frontière ukrainienne ainsi que la réplique conjointe de l’UE et de la Maison Blanche qui a décidé de déployer plusieurs milliers de soldats américains en Europe de l’Est dans l’optique de dissuader Moscou diplomatiquement et militairement, semble déteindre indirectement sur la situation inédite du Mali qui se trouve désormais dans le giron du Kremlin. Ce constat se justifie par le fait qu’au moment où la tension frôle le paroxysme entre l’UE et la Russie, tout dégénère concomitamment au Mali entre la junte au pouvoir et l’opération Barkhane avec ses acolytes européens. À telle enseigne qu’ils sont assimilés à de véritables gibiers de potence par les populations surtout avec les sanctions de l’UE contre cinq dirigeants de la transition dont le premier ministre Choguel Kokalla Maiga en peloton de tête.
Difficile par ailleurs de ne pas croire, connaissant le sens vigoureux de la repartie de Vladimir Poutine très adulé au Mali, qu’il n’a pas une main invisible dans l’escalade de ruptures entre la France (qui joue une médiation saugrenue dans le conflit Ukraine-Russie) et notre pays (qui compte sur lui pour se défaire totalement de l’emprise duplice de l’Elysée).
En tout cas, il est de notoriété publique qu’en matière de géostratégie et géopolitique tout est lié même s’il ne semble pas souvent en avoir l’air. Quant à la Russie, qui a toujours été taxée par les autres puissances de géant aux pieds d’argile, elle compte bien d’une part rendre à la France la monnaie de sa pièce pour ses ingérences dans le conflit Ukraine-Russie, en la poussant par la petite porte de son pré-carré sahélien et d’autre part se procurer une assise économique plus conséquente avec les grandes sollicitations dont elle est l’objet en Afrique.
Ousmane Tiemoko Diakité