GAZIANTEP : une «résistante» qui allie passé légendaire et modernité

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Située au sud-est du pays, vers la frontière syrienne et à près de 1100 km d’Istanbul, Gaziantep est l’une des plus grandes villes de la Turquie. C’est une cité industriellement rayonnante qui, en dehors de sa célèbre et légendaire tapisserie, est aussi passionnée de football. Ce n’est donc pas par hasard qu’elle est l’hôte du groupe D du mondial FIFA U-20 composé du Mali, du Mexique, de la Grèce et du Paraguay.

 

Jadis Antep, Gaziantep est une préfecture de la province du même nom. Région aride et montagneuse, elle est située au sud-est de l’Anatolie, nord-ouest de la Mésopotamie. Dans le temps, elle était nommée Aintab par les Arabes, Antep par les Turcs. Pour saluer la résistance de ses habitants turcs contre les alliés en 1920, elle fut renommée Gaziantep, c’est-à-dire «Antep la victorieuse».

Gaziantep doit donc son nom aux actes de résistance, de bravoure de ses habitants contre les alliés au lendemain de la première Guerre mondiale. Les forces franco-italo-britanniques étaient alors présentes sur le territoire turc pour faire appliquer le Traité de Sèvres (1920) qui prévoyait le démantèlement de l’Empire Ottoman, la création d’une Arménie indépendante dans le nord-est et d’un Kurdistan autonome dans le sud-est. Ce traité ne sera finalement jamais ratifié par l’ensemble de ses signataires… Sous l’Empire Ottoman, la province faisait partie de la Vilayet d’Alep. D’octobre 1920 à février 1921, les troupes françaises de l’Armée du Levant assiégèrent la ville dans le cadre du mandat français sur la Syrie pendant la campagne de Cilicie. En octobre 1921, l’accord d’Ankara met fin à l’occupation française.

 

 

Pôle industriel, dans une région relativement peu développée, elle compte une population estimée à plus de 1 237 874 habitants, pour une population générale turque évaluée à 75 millions d’habitants. Une population (locale et nationale) marquée par sa jeunesse car constituée à 65 % de jeunes. Selon de nombreuses statistiques concordantes, la population de Gaziantep a doublé en vingt ans. Beaucoup sont venus des campagnes, attirés par le dynamisme de cette cité anatolienne proche de la frontière syrienne qui figure désormais au cinquième rang des villes exportatrices de Turquie. Depuis quelques années, la ville connaît une urbanisation galopante due à cette croissance démographique élevée du fait de son attrait économique. Située à 90km d’Alep en Syrie, à proximité des rives de l’Euphrate, la ville joue le rôle de capitale régionale pour le grand sud de la Turquie et la partie septentrionale du Moyen-Orient. Son influence s’appuie sur un fort dynamisme économique qui la situe au 4e rang des villes turques en termes de développement industriel. Gaziantep est l’un des principaux producteurs de tapis usinés dans le monde. Ainsi, en 2006, des tapis faits à la machine ont été exportés pour une valeur marchande d’environ 700 millions de dollars. Et il existe plus de 100 installations organisées en zone industrielle pour l’industrie de la literie.

 

 

Une efficace gestion municipale

 

Si le maire sortant, Asim Güzelbey (élu du Parti de la justice et du développement, AKP), peut s’enorgueillir d’avoir fait entrer sa ville dans le peloton de tête des cités les plus dynamiques de Turquie, il n’a pas négligé le bien-être de la population. «Préserver l’héritage du passé est une priorité, le développement et la modernité en sont une autre… Et, au regard de ces deux critères, Gaziantep est un exemple. Nous avons toutes les infrastructures d’une ville moderne, à commencer par le tram», disait-il à la presse française. De nos jours, un projet tient à cœur cette municipalité : une ligne de train rapide entre Alep (2e ville de Syrie avec 1,7 million d’habitants) et Gaziantep, distantes de 90 km. Un rêve naturellement suspendu à la situation politique en Syrie. Leader de l’agroalimentaire (70 % des pâtes du pays sont produites à Gaziantep), du textile de pointe (notamment les fibres non tissées) et des tapis industriels (30 % de la production mondiale), Gaziantep dispose de la plus grande zone franche du pays. Ses 800 entreprises, la plupart familiales, fournissent environ 80 000 emplois. «Nous avions déjà établi des relations commerciales avec l’Irak en 1991. Et en 2004, un an après l’invasion américaine, Gaziantep accueillait la Foire de Bagdad qui ne pouvait pas se tenir dans la capitale irakienne en raison de l’insécurité. Ce qui a boosté l’activité économique de la ville», reconnaît M. Kürsat Göncü, Secrétaire général de la Chambre d’industrie. Aujourd’hui, 30 % des exportations locales partent en Irak. Et la politique de suppression des visas avec la Syrie et la Jordanie profite directement aux industriels de Gaziantep. Même si le conflit syrien a considérablement ralenti les activités économiques dans la région.

 

 

Les vestiges d’un passé glorieux

Même si elle n’est aussi réputée auprès des touristes comme Antalya, Gaziantep ne manque pas pourtant de charme en la matière. Les attractions touristiques sont, entre autres, le Parc national forestier de Düllükbaba, les Statues antiques de Yesemek, les Citadelles (Gaziantep, de Tilbaşar, de Rumkale, de Karacaören et Ravanda), les Mosquées d’Ömeriye, de Boyacı…, la Medresse (ancienne école religieuse) de Ramazaniye (Ahmed Çelebi), les Caravansérails (Şeker Pacha, de Hışva, d’Emirali, de Millet, de Kürkçü et de la municipalité), les Marchés couverts de Zincirli et de Kemikli, les Bains publics (Eski, Pacha, Şıh, Hasan Bey, Tuğlu…), la Maison de Şeyh Abdullah Efendi, les Ponts d’Ebbağhane, d’Aynülleben, de Yazıcık, Babilke et Murad IV… Et c’est avec une grande fierté que les habitants vous font visiter la toute dernière réalisation de Gaziantep : le musée des mosaïques provenant de la cité antique de Zeugma, dont le site se trouve à 45 km.

 

La visite de séduction se poursuivra sans doute dans les vastes jardins publics aménagés pour les familles et leurs enfants, le planétarium, le centre scientifique… La cuisine de Gaziantep est aussi d’une grande renommée. On y trouve des spécialités telles que la pistache d’Antep, les baklavas (pâtisserie faite de feuilles de pâte superposées, fourrée de fruits secs hachés et recouverte de miel), le lahmacun (une sorte de pizza à la viande hachée épicée), le kebap (viande grillée). De quoi séduire davantage les fins gourmets.

Moussa BOLLY

Depuis Gaziantep

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