Les consommateurs risquent d’être confrontés à une pénurie de gaz domestique et de renchérissement des prix, dans les jours à venir. Les raisons : les difficultés pour l’Etat de maintenir la subvention de ce produit. Une rencontre dite de la dernière chance est cependant prévue ce mardi entre les acteurs du secteur et le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
C’est la semaine dernière que les opérateurs gaziers ont envoyé une correspondance au ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Seydou Lamine Traoré. Objectif, l’informer des difficultés pour leur secteur de continuer à vendre le gaz domestique au prix subventionné fixé par l’Etat. Une rencontre est en principe prévue entre les deux parties aujourd’hui mardi. Le maintien de la subvention du gaz pour le bonheur des consommateurs est lié à cette rencontre, qualifiée de décisive.
Depuis plus de 20 ans, le secteur du gaz est subventionné dans notre pays. Cette politique soutenue au départ par des bailleurs de fonds comme l’Union européenne, vise à sauvegarder l’écosystème contre la déforestation, conséquence de la coupe abusive du bois. Au fil des années, le mécanisme a été bloqué à cause de l’insolvabilité de l’Etat qui ne parvenait plus à honorer ses engagements financiers.
Le Groupement professionnel des opérateurs gaziers qui réclamait plus de 8 milliards de F CFA d’impayés de différentiels cumulés de prix a observé son premier grand arrêt de travail en 2020. Ce qui s’est soldé par le non ravitaillement du marché en gaz pendant plus d’un mois et une forte spéculation de prix de la bouteille de gaz domestique sur le marché.
Le compromis a été trouvé finalement et l’Etat a payé 3,5 milliards de F CFA pour apurer une partie de sa facture. En plus, un protocole d’accord a été signé avec la Direction générale du Commerce, de la Concurrence et de la Consommation (DGCCC), à travers lequel l’Etat n’autorisait la subvention de gaz que sur la base de 10 000 tonnes importées par les opérateurs gaziers sur un besoin national d’environ 100 000 tonnes. Ce tonnage couvrait juste la période 2020.
Sur la base de ce nouveau compromis, la DGCCC a fixé de nouveaux prix subventionnés en faveur des consommateurs. Le prix de la bouteille de 6 kg a été ramené à 2910 (contre 3500 F CFA le prix normal) et celle de 2,75 kg à 1335 F CFA (au lieu de 1400 F CFA).
Après quelques temps d’application, les opérateurs gaziers estiment que ce protocole d’accord a été violé par l’Etat. Selon eux, ils ont continué à importer du gaz sur le quota qui leur a été attribué jusqu’en août 2020, où l’Etat n’a pas daigné honorer ses engagements. Toujours selon leurs estimations, l’ardoise d’impayés de l’Etat atteint de nos jours plus de 10 milliards de F CFA.
Les professionnels du secteur du gaz doivent rencontrer le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau ce mardi. Leur démarche vise à réclamer leur dû et de leur permettre de vendre le gaz au prix du marché. Cette dernière option serait préjudiciable à la bourse du consommateur qui achètera désormais ce produit très cher.
Abdrahamane Dicko