Le Reporter : Monsieur Drabo, pensez-vous que le thème de cette rencontre est bien propice ?
Gaoussou Drabo : Je pense que les orateurs ont bien précisé deux points focaux, qui sont : premièrement, la nécessité de réfléchir sur ce qui est notre proche avenir. Vingt ans, c’est un laps de temps, mais pendant ces vingt ans, l’Ambassadeur de l’Union européenne l’a bien montré, des bouleversements considérables peuvent se produire. On ne peut pas tous les prévoir, mais il faut en distinguer certains et prendre des dispositions. Rien que l’explosion démographique, elle seule représente un défi énorme. Et deuxièmement, ce n’est pas parce que nous sommes dans la difficulté que nous devons nous dispenser d’un effort de réflexion. C’est absolument indispensable. Ça nous oblige à aborder les problèmes au fur et à mesure qu’ils se présentent, sans recul. L’exercice n’est pas de trouver des solutions dans l’immédiat, mais d’ouvrir des pistes de réflexion pouvant contrer les difficultés.
Les nouvelles technologies sont au centre des réflexions du Forum. Quelle approche faites-vous entre l’Afrique et les NTIC ?
La Fondation Aspen France a dit que, pour le moment, nous avons une approche de consommateurs des nouvelles technologies et que le plus grand usage qu’on fait, est la fréquentation des réseaux sociaux. Et vous voyez que les usagers les plus productifs sont considérablement réduits par rapport à la fréquentation des réseaux sociaux. Il faut passer de l’attitude de simples consommateurs à l’attitude d’utilisateurs des nouvelles technologies pour des fins productives.
L’Europe est fortement représentée au Forum, qu’est-ce qui explique cela ?
Vous savez, l’Europe sait ce qu’elle veut. Elle sait que lorsqu’on crée un espace de réflexion africain, c’est utile, alors elle vient défendre ses idées. Accepter l’aide européenne n’est pas grave, mais savoir ce qu’on veut, est le plus important. Je vous le dis très sincèrement, si nous, les Africains, laissons les étrangers étudier notre devenir, définir ce qui est bon pour nous et venir nous le proposer, on ne s’en sortira pas. Il faut qu’il y ait une réflexion malienne, africaine pour les problèmes maliens et africains. Il est bon d’écouter les autres, mais accepter passivement toutes leurs idées, n’est pas cohérent.
Propos recueillis par Gabriel TIENOU/Stagiaire