Gaoussou Diawara l’enseignant, l’écrivain et le militant : «J’ai tout appris avec les autres»

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Il est un temps dans la vie d’un homme quand il faut s’arrêter un moment pour évaluer le chemin parcouru. Dans cet esprit, le présent article se veut un regard rétrospectif que le professeur Gaoussou Diawara lève sur un passé pour mieux fixer l’avenir.

 

Focus

Son nom est Diawara et son prénom Gaoussou. Cet auteur dramatique et homme public est Sonninké d’origine. Ses ancêtres ont émigré de Troungoumé (Nioro) vers le Sud Mali, dans le Djitoumou où leur sera accordée une  hospitalité sans faille. De famille maraboutique attachée à l’agriculture et à l’éducation, les parents de Gaoussou contribueront au  rayonnement de l’Islam dans cette région à l’âme belle et à la nature riche. Gaoussou Diawara verra le jour à Ouélessébougou fondé par les Samaké. Ce village accueillit l’explorateur francais Louis Gustave Binger, le premier homme blanc qui vers la fin de 19ème siècle franchit le fleuve Niger pour continuer vers les côtes atlantiques. Binger sera le premier gouverneur de la Côte d’Ivoire et son nom sera donné à la ville de Bingeville. De retour à Strasbourg, il n’oubliera jamais le Djitoumou qui figure dans ses mémoires.

 

Naissance d’une vocation

Gaoussou Diawara a fait ses études primaires dans  son terroir natal et secondaires à Sevaré (Mopti) où il se découvre à travers les diffusions de ses premières œuvres littéraires (Poésie, théâtre, prose).  Sa vocation d’homme de lettres, de chercheur et d’entrepreneur culturel est suivie par les professeurs français qui l’encadrent. À partir du collège, ses enseignants lui feront apprécier les richesses et les beautés de la langue de Molière.  Plus tard boursier malien à l’Institut de Littérature Maxime Gorki à Moscou (ex URSS) en 1961, puis à l’Institut  théâtral d’Etat Lounatchasky à Moscou, il obtient un Master  en spécialité art dramatique. Il sert comme assistant  au professeur André Gontcharov, Directeur du théatre Maiakovsky de Moscou. De retour au Mali, il est affecté à l’Institut national des arts de Bamako où il crée la section Art dramatique et un atelier d’écriture où passent beaucoup de jeunes auteurs : Siaka Diarassouba, Alkaly Kaba, Abdoulaye Ascofare, Pascal Baba Coulibaly, etc. Il contribue à la formation des premiers cadres du Ministère de la Jeunesse des Arts et de la Culture en envoyant en  stage des promotions finalistes en France.

L’Union des Ecrivains Maliens voit le jour.   Dont il sera le premier Président, tout comme le Centre malien de l’Institut international du théatre (UNESCO). La parole du Mali sera portée à des colloques littéraires et à des festivals (le Caire, Dakar,  Accra, New Delhi, Ouaga, Berouth, Manille, Conakry, Berlin etc.  En 1970,  Diawara assistera à New Delhi à la remise du prix Lotus au  poète  angolais Agosthino Neto, en 1975. Les besoins du Mali l’appellent de nouveau en Europe pour préparer une  thèse d’Etat.  Ce sera à l’Institut de Littérature Mondiale de Moscou. Ses travaux seront  sanctionnés  par un Doctorat Ph.D en 1979. La thèse sera éditée à Dakar. Revenu au pays  il enseignera avec son épouse Victoria, titulaire d’un master à l’Institut national des arts. Affecté à l’Ecole normale supérieure de Bamako en 1980, il  se consacrera à la vie culturelle de cette institution avant d’être muté à l’Université où il se charge de l’enseignement, de la création et de la recherche en art dramatique jusqu’à sa retraite.

Le Rectorat lui accordera un contrat pour continuer  son travail de formateur à l’Université

 

Publications Diawara a crée dans tous les genres.

38 pièces de théâtre éditées, 10 essais, 8 recueils de poésie, 7 recueils de nouvelles, 4 romans

   Théâtre :  Entre autres on peut citer

– les chemins ORTF 1972

– L’Aube des beliers RFI 1973

– L’heure du choix. Oswald 1979

– La parole donnée RFI 1983

– Abubacari II. Éd. Lansman (Bruxelles)1992

–  Bonjour Liberté. Ed. Teriya Bamako 1995

– Femmes vêtues de nuit. Teriya 1999.

 D’autres œuvres paraitront   : Comment le petit Simbo libèra le roi pluie ( Teriya 2007)

  (Simbo demisen kunkene ka maana. Teriya 2007) Bamanakan

    II Essais : Ces ouvrages à caractères scientifiques visent à enrichir  la recherche dans leurs domaines

1Panorama critique du théâtre malien dans son évolution Sankoré Dakar 1982

2 Le théâtre rituel malien en tant qu’acte social. Silex 1990 in théatre africain

3 le théâtre malien, genèse et problématique in Bibliographie commentée des écrivains contemporains du Mali EDIM 1996

4 Le théâtre de 1946 à nos jours (in the world encyclopédie of contemporain théâtre et société N°3 Toronto 1985

5 Théâtres et société au Mali Editions Teriya 1999

6 Abubakari II Explorateur manding. La sahélienne et l’Harmattan 2010

7 Les semaines nationales et les Biennales du Mali, Bamako Hebdo 2011 (6 partie)

8 Regard sur la création théâtrale au Soudan Français (9 parties2010)

9 Aperçu sur 50 ans de vie artistique et culturelle au Mali (25 parties) Bamako Hebdo2010

10 L’or semé  par mes premiers enseignants. Bamako Hebdo 2010

 

III Poésie

1 la Terre et le pain EDIM 1981

2 Variations. Lino Bamako 1983

3 Afrique ma Boussole. Oswald Paris 1980

4 Les grands Horizons. Agence Presse Novesti. Dakar 1975

5 la mémoire du cœur. EDIM Bamako 1986

6 Dusunkun Hakili (EDIM 1986 Traduction en Bambara de la mémoire du cœur

9 la Terre et le pain (en français, anglais, allemand in PEN International C. Bertelesmann Germany 1986)

10 Tombouctiennes. Teriya Bamako 2007

11 Debout jeunesse pour l’Afrique. Les Echos. Bamako.

12 l’Aube d’un continent (épopée). L’indépendant du 5 Mai et du 24 mai 2011 Bamako suivi de la légende  de Mouammar Kadhafi ou l’Afrique disjonctée. L’indépendant du 22 septembre 2011.

IV Nouvelles

1 Les Nouvelles maliennes (sept titres) EDIM 1982

La grande panique et autres nouvelles. Lino 1983

V Romans

1 La Saga du Roi Mandé Bori (Abubakari II) Ed Skyline Oslo 2000

2 Les miettes de la vie  (8 parties) Bamako Hebdo 2009

3 le cœur et les années (10 parties) Bamako Hebdo 2009

4 la reine des pauvres (28 parties) Bamako Hebdo 2008

Premier titre de la femme explosive

 

VI Créations Théâtrales

Le  professeur Diawara a mis en scène en collaboration avec Victoria Diawara une dizaine d’œuvres dramatiques qui ont été présentées dans leur centre, le siège de la troupe théâtrale Teriya, une association culturelle. Ces spectacles ont circulé  dans les écoles du Mali,  et dans de nombreux festivals d’Afrique et du monde  (Ouaga,  Oslo, Limoges etc. Beaucoup de ses spectacles ont été primés. Les textes ont été  édités.

 

Distinctions honorifiques

 L’écrivain Gaoussou Diawara est lauréat de plusieurs prix

Concours théâtral interafricain RFI Paris1975avec l’Aube des béliers

Grand prix de la poésie  au Mali. Bamako 1972 (UNESCO)

Diplôme d’honneur du ministère de l’éducation nationale 1976 pour  l’ensemble de ses œuvres.

– Honoré avec le label  du 5ème  centenaire de la rencontre   des deux mondes (Europe-Amérique ) 1992 au festival international des francophonies de Limoges avec le spectacle Abubakari II.  Qui  sera présenté dans d’autres villes de France, au Mali, au Burkina Faso et au festival du Benin.

-Lauréat de la fondation Beaumarchais qui lui vaudra une résidence d’écriture à Limoges (Limousin et à Saint Denis (Ile de la Réunion).

-Membre du jury  de théâtre au premier festival culturel panafricain d’Alger 1969

Prix Air France pour la présentation du Mali  dans son évolution culturelle, prix assorti d’un billet Bamako Paris Bamako

-Attestation de membre actif de la Société  des auteurs et compositeurs dramatiques (France)

-Diplôme des populations Média Center USAID 2004 Bamako pour le développement par le théâtre

-Diplôme de la " Jeunesse Société du Savoir " du Mali 2005

-Diplôme du FESCUAO (festival culturel des étudiants de l’Afrique de l’Ouest) 1990 à Ouagadougou (Burkina Faso)

-Membre du jury  de la Biennale artistique et culturelle du cinquantenaire du Mali- Sikasso 2010

-Diplôme de Reconnaissance de l’Ecole Normale Supérieure  et de la FLASH de l’université de Bamako.

-Diplôme d’honneur de l’Association d’amitié Mali-Norvège

-Chevalier de l’ordre national du mérite du Mali

-Chevalier de l’ordre national du mérite de France

 Le professeur Diawara est président du centre malien  de l’institut international du Mali(UNESCO)

Président de la fondation Abubakari II (FARC)

Secrétaire général de l’Association pour le développement du Mali par le théâtre

–           Avec le montage poétique "  cri pluriel " sa troupe " Teriya "  fut diplômée de la Semaine de la solidarité  avec les peuples d’Afrique australe célébrée en présence de Nelson Mandela  et du poète Sud-Africain Breten Bretenback.

 

VIII Expériences en Culture et Développement

 

Héritier spirituel du poète Mamadou El Bechir Gologo,  Diawara place la culture  au centre du monde. Pour lui, l’homme doit tout à son peuple  qui lui a tout donné. Surtout son respect pour la vie et son amour pour les autres. 

 

Le professeur Diawara œuvre dans l’accompagnement des projets culturels,  dans la conception et la réalisation d’ateliers d’écriture  et de diverses émissions radiophoniques ou télévisuelles. Sur l’art et la littérature. Entre autres  la tradition orale, tradition et modernité, les courants littéraires dans le monde  et la diversité culturelle.

– il assure la formation en ligne pour des journalistes culturels

Diawara collabore avec des départements ministériels sur des thèmes de sensibilisation

 En 1980 il a visité les Etas Unis d’Amérique à la découverte du patrimoine culturel et historique des Africains Américains en vue de mieux s’informer  sur la présence noire dans l’Amérique précolombienne

Diawara se veut homme de mouvement et  non de parti. Pour lui le  parti incarne l’ambition mais un mouvement c’est l’action.

 

Il incite tout un chacun à voter  pour ne pas laisser n’importe qui s’installer au pouvoir. C’est pourquoi  qui ne vote pas doit être jugé. Pour lui l’Afrique est riche en Hommes d’Etat. Mais le costume du chef d’Etat ne convient pas à tous ses candidats.  Le professeur Diawara est un musulman fervent. Il a effectué son pèlerinage à la Mecque et ses recommandations ont été publiées dans Bamako Hebdo le 20 février 2009. Il invite  tous les jeunes auteurs  à publier leurs œuvres dans les revues littéraires et artistiques de  notre pays. Pour se faire lire, se faire connaitre avant d’être  édités. Ceci peut  contribuer à la découverte des potentialités littéraires de demain. Car les plus grands écrivains maliens n’ont pas encore dit leurs mots, ajoute-t-il.    

 

 

Korotoumou DOUMBIA

 

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