Les femmes de ce village ont pris leur destin en main. Elles génèrent des revenus suffisants pour couvrir leurs besoins.
Nous sommes à Bagoundié dans la commune rurale de Gounzoureye, cercle de Gao. Ici la population composée de Songhoï, de Tamacheq, de peulhs et de Bozo vivent de l’agriculture, l’élevage, de la pêche. Dans cette localité où vivent plus de 5000 habitants, le maraîchage occupe une place importante. Presque toutes les femmes pratiquent cette activité qui est devenue leur principale source de revenus. Ces braves dames, comme partout dans notre pays, se heurtent à de nombreuses difficultés. Elles manquent d’accès aux moyens de production agricole (équipements agricoles modernes, intrants).
Les femmes rurales malgré l’engagement du gouvernement n’ont toujours pas accès à la propriété de la terre cultivable. Elles n’ont pas reçu de formation en techniques agricoles. Elles accèdent difficilement aux crédits, ainsi qu’aux semences. Et pourtant dans le monde entier, les femmes rurales jouent un rôle majeur dans la sécurité alimentaire, dans le développement et la stabilité des campagnes. Elles sont des actrices incontestables et incontournables de l’économie, du développement local et de la production agricole. De ce fait, dans notre pays, tous les responsables sont convaincus que le droit des femmes à l’accès et au contrôle des terres est un facteur déterminant de leurs conditions de vie. Ce droit est essentiel à leur survie quotidienne, leur stabilité économique et leur sécurité. L’on ne se lassera jamais de le dire, l’accès des femmes rurales à la terre est très important pour leur autonomisation et l’aboutissement de leur lutte pour l’égalité des sexes.
La sécurité alimentaire dépend également de l’égalité d’accès des femmes aux terres et aux ressources naturelles. Quand les femmes et particulièrement celles vivant dans les milieux ruraux obtiennent le droit à la propriété foncière et l’accès aux finances, elles ont plus de chances d’assurer leur propre sécurité alimentaire et celle des villes. L’association des femmes, de Bagoundié est l’exemple parfait de cette vision. Ces mères courages à travers le maraîchage arrivent à lutter contre la malnutrition dans leur village. Elles sont plus de 263 femmes à partager les deux hectares et demi que le chef du village a octroyé pour le maraîchage. Le périmètre maraîcher des femmes de Bagoundié a été aménagé par la FAO dans le cadre du projet de petite irrigation villageoise dans les régions de Mopti et de Gao. Le jardin dispose également de 6 puits à grand diamètre. Le visiteur est émerveillé à la vue du jardin. Les maraîchères produisent toutes les variétés de légumes selon la saison. Actuellement, les femmes cultivent dans leur jardin commun du gombo, du dah, de la salade, de la papaye, des melons. Les récoltes sont destinées au seul marché de Gao.
Problème d’eau. Mme Mariam Tiégoum Samaké est productrice des produits maraîchers dans la cité des Askia. Elle nous explique que comme partout dans notre pays la difficulté majeure reste le problème d’eau qui se pose avec acuité dans sa localité. « Nous sommes confrontées à une grande difficulté concernant l’approvisionnement en semences de qualité. Il s’agit pourtant d’un facteur majeur du rendement de l’activité de maraîchage », a dévoilé notre interlocutrice. Elle plaide pour la création d’une unité de transformation des produits locaux à Bagoundié. En effet, une quantité importante de la production des femmes de Bagoundié est détériorée faute de transformation. Mme Samaké reste convaincue que la promotion de la filière transformation peut être une solution durable à cette problématique de valorisation des récoltes. Elle permettra aux femmes de cette localité de mieux vivre de leur activité.
Cependant en dépit de toutes ces difficultés les paysannes de Bagoundjé arrivent à tirer leur épingle du jeu. Mme Azahara Ag Mohamed est veuve depuis trois ans. C’est grâce au maraîchage qu’elle arrive à subvenir aux besoins de sa famille. Elle est satisfaite du groupement des femmes de sa localité. Les maraîchères associées de Bagoundié ont prouvé qu’elles peuvent acquérir une certaine autonomie et contribuer à la réduction de la pauvreté. « Dieu merci, le défi est en passe d’être relevé. Nous avons mis en place une mutualité qui nous aide à faire face aux urgences », dit-elle. L’activité agricole selon de nombreuses femmes a ouvert la voie à l’autonomie.