Journée Internationale de la Femme : Galaxie Centre Culturel et Dialogue Turco-Malien ont organisé la première édition de la Conférence thématique sur la problématique de la scolarisation des filles au Mali

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TurkAprès l’hymne national du Mali, chanté par des  jeunes filles du Collège Horizon, le président de Galaxie Centre Culturel et Dialogue Turco-Malien, M. Süleyman Demirtras, a introduit son allocution sur la philosophie de Gülen et son mouvement ” Hizmet ” (servir l’humanité). Ce penseur Turc qui a résumé les maux du monde en trois parties: la solidarité, l’éducation et la pauvreté. “ Nous avons établi des contacts fructueux au Mali.  Au Collège Horizon, nous dispensons des cours en français, turc et bientôt en Bambara. Nous entendons ainsi rapprocher les peuples turcs et maliens par le dialogue et la fraternité”

Les conférenciers, quant à eux, n’ont pas fait dans la dentelle en s’exprimant sur la situation scolaire des filles au Mali. En effet, l’invitée d’honneur de la soirée, Mme Sangaré Oumou Bah, ministre de la promotion de la Famille, de la Femme et de l’Enfant a été la première à prendre la parole, et posé les jalons d’un futur engagement du gouvernement  à savoir : de créer et financer un projet nommé “ Excellence au féminin “ qui encourage la scolarisation des filles  au niveau du lycée et des études supérieures. Elle a, par ailleurs, égrené, les difficultés auxquelles les filles issues des milieux défavorisées font face. ” La plupart de ces filles vivent en milieu urbain et ne sont pas scolarisées. Des efforts du gouvernement et des partenaires ont permis de relever le taux d’amélioration.  Au cycle fondamental, nous avons mené des enquêtes. Certaines familles ont entre 2, 3 ou 4 filles qui sont scolarisées. Nous leur avons remis des outils, des calculettes, des fournitures et des vivres. Pour les lycéens, des ordinateurs portables et vivres ont été distribués aussi.

La deuxième intervenante, Mme Konaté Kounandi Keita a traité le premier sujet “ La scolarisation des filles au Mali : enjeux et défis ? 2015, nous aurions dû atteindre l’autonomisation des femmes mais malheureusement il y a eu trop d’embûches à cause de la crise. ” Elle a fait un état des lieux de l’éducation au Mali au double plan économique et social, affirmant que l’éducation est un enjeu majeur pour le développement des filles et qu’ elle est également très importante pour le développement économique car les études des filles ont des impacts sur le bien-être économique de la femme.

Les filles qui terminent leurs cursus scolaires sont un atout majeur dans la décision des entreprises. Sur le plan social, une femme instruite va pousser sa fille à rester le plus longtemps possible à l’école. Ce, contrairement à une mère non instruite. Sur le plan sanitaire, une maman instruite est plus apte à amener un enfant dans un poste de santé alors qu’une maman traditionnelle fera le contraire. Aussi, l’éducation contribue à réduire le taux de mortalité parce que les mères instruites réalisent que leurs enfants ont besoin d’une bonne santé. La conférencière a aussi évoqué la diversité des obstacles faisant barrage à l’éducation de la fille n’entravant en rien celui d’un garçon. ” Il existe des obstacles extra-scolaires comme le mariage précoce, les violences sexuelles entre élèves et enseignants. Et souvent, ce sont les parents eux-mêmes qui refusent de porter plainte afin de traduire les auteurs en justice “.

Pour sa part, Mme Maiga Kadiatou Baby, présidente de l’Association pour la promotion des filles défavorisées (APROFID) a abordé le second thème ” Education pour tous : quelles entraves socioculturelles à la scolarisation des filles ?».  Selon elle, “ l’éducation constitue un droit fondamental et permet tout simplement une meilleure vie “. Elle a rappelé les objectifs fixés par l’EPT (Education pour tous) à atteindre pour 2015. Premier objectif : faire en sorte que les élèves, principalement les filles en difficultés et ceux appartenant à une minorité ethnique aient la possibilité d’accéder à un enseignement gratuit et de qualité. Second objectif: Eliminer les disparités et instaurer l’égalité en 2015 avec les mêmes chances pour tous.

Selon les statistiques, il y a près d’un million d’enfants qui n’ont pas accès à l’éducation. 76,4% pour les garçons et 64% pour les filles. Sur cent enfants, il n’y a que 48 qui atteignent le niveau du DEF. Un enfant sur cinq n’a pas accès à l’enseignement fondamental. En ce qui concerne les obstacles socioculturels, elle a désigné la pauvreté comme facteur numéro un car 24% des filles se marient entre l’âge de 15 et 16 ans pour des raisons religieuses et éviter la honte dans les familles. 17% des adolescentes accouchent d’un bébé entre 15 et 19 ans. Tant de contraintes qui font que les filles abandonnent les études pour se consacrer à la vie de famille.

Le dernier speecher, M. Issoufi Dicko a émerveillé toute la salle par son style éloquent et élégant dans le langage de Molière. Exposant sur le thème ” L’apport du mouvement des bénévoles Hizmet dans le domaine de l’éducation : cas du Mali.” Il a lancé en ces termes : “Rien ne peut se faire sans la femme et dans une société tout vient de la femme. “

A ses dires, les femmes ont un potentiel et il faut faire en sorte qu’elles soient productrices de biens et services. L’école a permis aux Africains d’acquérir des savoirs théoriques et pratiques. Ainsi, elle a permis de réfléchir ensemble. Et avec les revues Tropique, l’Etudiant Noir, tout cela conduira à l’indépendance. La possibilité a été donnée aux étudiants issus de divers horizons de se côtoyer, de se connaitre et d’envisager un destin commun. Des ingénieurs et enseignants ont été formés et grâce aux compétences qu’ils ont acquises ils ont réussi à relever de nombreux défis.

Il faut reconnaitre une chose, le monde a évolué et l’école aussi. Il faut inculquer des valeurs aux enfants tels que le respect de l’autre, le respect des principes et des règles qui régissent la société et le respect de l’autorité parentale. A ce premier point s’ajoute un deuxième, l’intégrité. Les enfants doivent être préparés à la gestion saine des ressources.

Le troisième point est le service à la consommation : les richesses mondiales sont inégalement réparties, le coût de la vie est plus élevé. Rien n’empêche que l’école initie des activités lucratives dont les gains seront reversés aux profits de l’éducation sociale. A titre d’exemple, une kermesse organisée par le Collège Horizon a permis un forage à Kati. Enfin le dernier point porte sur l’excellence : Il faut avoir des compétences dans la vie courante, savoir gérer le temps et ne pas le gaspiller, conduire une réunion, et posséder un potentiel dans les technologies de l’information et de la communication.

Mohamed HAIDARA

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