Front social : La fièvre syndicale monte !

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Le front social ne connaît pas de répit. A l’évidence, il enregistre même un regain de dynamisme protestataire qui touche plusieurs secteurs d’activités. Des actions sont déjà menées par les administrateurs et les enseignants. D’autres secteurs importants sont sur le point de se mettre en mouvement.

Ce mois d’août risque de n’être pas de tout repos pour le régime en place. Surtout que, sur le front social, les acteurs affûtent de plus en plus les armes contre lui, en l’accusant particulièrement de non-respect des promesses des accords paraphés et de ne pas s’intéresser aux préoccupations des travailleurs concernant leurs conditions de vie et de travail.

Aussi, le Syndicat Libre des Travailleurs Autonomes du ministère de l’Administration Territoriale (SYLTMAT) et le Syndicat Autonome des Administrateurs Civils (SYNAC) menacent d’observer des grèves à partir du mardi, 18 août 2020 si leurs doléances ne sont pas prises en compte.   Dans une lettre datée du 11 août, adressée au Premier ministre, ils réclament l’octroi des primes et indemnités aux administrateurs civils et aux membres du corps préfectoral, puis la sécurisation de tous les représentants de l’Etat, sous peine de déposer un préavis de grève de 360 heures renouvelables : « Pour la satisfaction diligente de certains points d’accord susvisés, nous exigeons l’adoption des projets de textes ci-joints. En cas de non satisfaction intégrale de ces doléances, au plus tard le mardi 18 août 2020, nous nous réservons le droit de nous abstenir de communiquer toute information/situation à la hiérarchie avant l’effectivité du mot d’ordre de grève » par le dépôt « d’un préavis de grève de 360 heures renouvelable », avertissent-ils.

De son côté, la synergie des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 a décidé la suspension des activités pédagogiques (formation, correction, surveillance, boycott des examens à partir d’aujourd’hui pour protester contre la lenteur dans l’application de l’article 39). Rappelons que les enseignants avaient déserté les classes depuis février. Ils avaient observé plusieurs séries de grèves avec rétention des notes pour protester contre la non-application de l’article 39.

Selon le porte-parole du Collectif d’enseignants, Adama Fomba, depuis que le Président de la République a donné des instructions pour l’application de cette Loi, le gouvernement n’a pas bougé sur le traitement des salaires des enseignants. « Le projet de loi devait passer d’abord au Conseil des Ministres, après à l’Assemblée Nationale et le Président IBK va promulguer cette loi. Tout cela est possible dans 10 jours. Et si ça ne bouge pas, lundi 17 août 2020, des actions fortes sont programmées, et le monde entier saura ce qui va se passer dans le milieu scolaire », prévient Adama Fomba, porte-parole de la Synergie des Enseignants signataires du protocole du 15 octobre 2016. Pour leur part, les Surveillants de prison s’apprêtent à mener aussi des actions dans les prochains jours. En effet, ils dénoncent les conditions de travail, et le manque de considération du nouveau ministre de la Justice, Me Kassoum Tapo, à leur égard. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, le Lieutenant Daouda Konaté, Secrétaire général de la Section Syndicale des Surveillants de Prison (SSSP) n’y va pas par quatre chemins : « On est en train de nous tuer un à un. Avant qu’on nous tue tous, nous allons faire quelque chose que les Maliens n’oublieront pas. La stratégie que nous allons adopter restera dans les annales. Puisque notre nouveau ministre nous considère comme le personnel de second plan, nous allons lui montrer que c’est nous qui sommes chargés de surveiller les manifestants qu’il est en train de mettre en prison. Le nouveau ministre dit que nous ne sommes pas dans son programme. Dans un bref délai, nous allons appeler les hommes des médias pour lui montrer comment il va nous intégrer dans son programme. Je félicite les militants du M5-rfp. Ils se battent pour le pays. Ce sont des républicains. Leur combat, c’est pour l’honneur et la dignité du Mali, c’est la lutte contre la mauvaise gouvernance, la corruption et le népotisme. Nous sommes des syndicalistes, nos revendications ne peuvent pas être satisfaites dans un pays où il y a la mauvaise gouvernance, la corruption et l’injustice. S’il y a des gens qui combattent ces maux, nous ne pouvons que les soutenir. Quand nous sommes en tenue militaire, nous respectons la neutralité, mais quand nous portons notre casquette de syndicalistes, nous dénonçons et critiquons. Nous, les surveillants de prison, nous avons dit et fait beaucoup de choses. Mais si nos autorités continuent toujours à dormir, nous allons les réveiller. A travers notre stratégie, nous allons montrer au ministre de la Justice que sans les surveillants de prison, il n’a pas de pouvoir. Les tribunaux sauront que sans nous, ils n’ont pas de pouvoir » a-t-il déclaré.

Circonstance malheureuse, cette semaine, un surveillant de prison a trouvé la mort à Kimparana après une attaque menée par des hommes armés non identifiés. Cette sortie du Secrétaire général de la Section Syndicale des Surveillants de Prison (SSSP) sur les réseaux sociaux traduit le degré de la frustration et la colère des surveillants de prison contre le nouveau ministre de la Justice.

Du côté de la police, ça bouillonne aussi. Le Syndicaliste, sergent-chef Bougouna Baba Dembélé, président du Syndicat Autonome de la Police (SAP), a été suspendu de ses fonctions pour faute grave par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile. L’Arrêté a été signé le 10 août 2020. Il doit être traduit devant le Conseil de discipline pour faute grave.

Cette décision du ministre a provoqué une colère rouge chez les syndicalistes qui évoquent une possible grève des militants du SAP pour exiger la libération de leur président. En attendant, ils ont lancé un ultimatum à leur nouveau ministre en le priant de revenir sur sa décision avant ce lundi, 17 août 2020.  Arrivé à peine deux semaines, celui-ci, le Général M’Bemba Moussa Kéïta, a ouvert malencontreusement un front contre les syndicats en cette période de vives tensions sociales de tous les côtés. Un front malheureusement contre lui-même et contre le régime.

Mémé Sanogo

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