Fraude sur les pensions militaires : • Un vaste réseau de faussaires démantelé à Kayes – • Des dizaines de paysans, faux gardes en prison

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Des dizaines de paysans qui se faisaient passer pour des gardes à la retraite (du sergent au major) percevaient illégalement des pensions militaires à la Caisse de retraite de Kayes. Ce réseau, animé par un ancien garde radié, Fomba, vient d’être démantelé par le Pôle économique de Kayes.

 

 

A l’exception du nommé Fomba qui est pour le moment en fuite, tous les paysans incriminés dans le dossier sont aujourd’hui incarcérés à la prison centrale de Kayes.    Ce scandale qui défraie la chronique à Kayes et dont les secousses ont été ressenties jusqu’à Bamako a été découvert dans la zone de Bafoulabé.

 

Le mode opératoire

De source judiciaire, tout est parti du nommé Fomba, radié des rangs de la garde nationale pour ses comportements indélicats. Ayant eu vent de ce filon dont lui-même  est bénéficiaire sous un faux nom, Fomba aurait jeté son dévolu sur des pauvres paysans qu’il a transformés en gardes retraités. Ils ont tous été inscrits avec des faux noms et des faux dossiers. Avec de faux grades de sergent jusqu’au major, ces paysans parvenaient chacun à percevoir normalement des pensions militaires. Selon nos sources, le manque à gagner pour le trésor public est considérable. Toutes ces pensions indûment perçues étaient remises par la caisse de retraite de Kayes aux faux gardes et non moins faux bénéficiaire Fomba. Ce dernier convoquait par la suite ces dizaines de paysans à l’hôtel du Raïl de Kayes pour procéder au partage du butin. Le comble dans cette affaire est que Fomba ne remettait en tout et pour tout que 50 000 FCFA à chacun des paysans transformés en garde retraité.

 

Les zones d’ombre dans cette affaire

Ce qui intrigue le plus les enquêteurs du Pôle économique de Kayes est la question de savoir comment Fomba a pu se procurer des documents indispensables pour perpétrer son coup ?

 

Selon nos sources, c’est la Caisse Nationale de retraite qui suit et gère le dossier des fonctionnaires de la Fonction publique de l’Etat.

 

 

Quant aux militaires, c’est uniquement à la retraite que l’intendance des armées met les dossiers en état et les renvoie à l’Inps ou à la Caisse de retraite.

 

 

Dans ce dossier, nous indique-t-on, la pièce maitresse est un arrêté du Ministre de la défense et des anciens combattants qui détermine le nombre de militaires et leur identité devant faire valoir leurs droits à la retraite. Toute l’enquête tourne autour de ça. Dans ledit arrêté, la Caisse de retraite est ampliataire de cette correspondance. Donc la source de ces pratiques ne peut être que le service administratif de la garde nationale, seule habilitée à fournir des dossiers de retraite. Dans les pièces fournies, il y a le dernier bulletin de salaire et le certificat de cessation de service. Et seule la garde nationale peut fournir ces pièces à l’Intendance. Si ces pièces se trouvent entre d’autres mains, ce serait frauduleusement. C’est dire que des commanditaires sont tapis dans l’ombre. C’est pour voir clair dans cette affaire que les limiers du Pôle économique de Kayes ont étendu leur enquête à Bamako. Déjà la Directrice générale de la Caisse de retraite du Mali et le sous-chef dudit  service  ont été entendus. Le service administratif de la Garde nationale  ainsi que l’Intendance seraient aussi dans la ligne de mire des enquêteurs. Tous les bénéficiaires, à l’exception de Fomba, sont incarcérés à la prison de Kayes.  Les enquêtes continuent parce que les commanditaires se trouvent soit à la Caisse de retraite ou à l’Intendance. Pour le moment, les enquêtes ont permis de découvrir que le nommé Fomba obligeait chacun de ces paysans à contracter un prêt bancaire d’un million cinq cent mille à deux millions de FCFA auprès de certaines banques de Kayes. Et sur ce montant, il donnait 100 000 ou 150 000 FCFA et gardait le reste. Avec qui il partageait tout ce magot ? La réponse à cette question permettra de démasquer les éventuels commanditaires tapis dans les arcanes de l’Administration. Ce qui est sûr, c’est qu’on est face à une vraie atteinte aux biens publics.

 

Birama FALL

 

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