Le Mouvement « on a tout compris, Waati Sera », semble indexé la France comme étant la seule responsable de la crise sécuritaire au Mali. Après des marches et autre sit-in devant l’Ambassade de la France, le Mouvement entend mener d’autres actions contre la France pour montrer à la face du monde qu’elle est le problème et non la solution. Procès d’intention ou manipulation ?
Le combat contre la France bien que patriotique au regard de la gravité de la crise qui sévit au Mali, laisse un goût d’inachevé car il ne prend pas en compte la grande responsabilité de nos gouvernants dans l’aggravation de la crise. C’est pourquoi beaucoup d’observateurs pensent, à tort ou à raison, que le Mouvement serait manipulé par le régime IBK qui ne semble pas être aujourd’hui en odeur de sainteté avec la France. Sinon, comment comprendre que le Mouvement ne puisse pas intégrer dans son combat la bonne gouvernance et le devoir pour nos gouvernants de rendre compte de leur gestion ? L’exacerbation de la crise trouve son explication dans la gestion catastrophique des deniers publics. Le Mouvement « Waati Sera » aurait dû exiger du gouvernement la remise de tous les dossiers de corruption et de délinquance financière à la justice et réclamer la tête de tous les ministres, députés, chefs de services qui seraient impliqués dans des cas de malversations. Le Mouvement « on a tout compris » gagnerait en crédibilité s’il avait fait de la lutte contre le chômage et pour une école performante ses chevaux de bataille avant d’exiger de la France de dire la réalité de la crise du nord et de sa supposée exploitation des ressources naturelles, minières et minérales du nord. Au lieu de s’attaquer à la France, le Mouvement « Waati Sera » aurait dû chercher à savoir le contenu des deux Accords signés en catimini par le régime IBK. Le Premier est relatif à l’Accord de défense militaire entre la France et le Mali, plus de cinquante ans après le renvoi du dernier soldat français par le Président Modibo Keita. Rares sont les maliens qui savent le contenu de cet accord. Le second est celui dit de paix et de réconciliation issu des pourparlers inter maliens d’Alger qui a été signé sans concertation et sans la prise en compte des amendements du Gouvernement. Si nous soupçonnons tous une complicité, voire une complaisance de la France vis-à-vis des groupes armés du nord, il n’en demeure pas moins que la grande responsabilité de la recrudescence de la crise incombe au régime en place.
En somme, le combat du « Mouvement Waati Sera, on a tout compris » serait noble s’il intégrait ces données fondamentales et qui doivent être des préalables pour un assainissement de la vie publique et pour une lutte réussie.
Youssouf Sissoko