Forum des peuples : Les pieds sur terre

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En contrepoint du G20, la rencontre de Niono va débattre de l’accaparement des terres par les multinationales au détriment des paysans et des communautés paysannes.

La 10è édition du Forum des peuples s’est ouverte lundi. C’est la cité agricole de Niono qui accueille la contestation au sommet du G20 qui se tient cette semaine à Cannes en France (3-5 novembre). La cérémonie d’ouverture de la rencontre présidée par le préfet de Niono, Seydou Keita, s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités : Abdrahamane Touré, premier adjoint au maire de Niono ; Baba Diarra, président du conseil de cercle de Niono ; Boubacar Samaké, chef de village et Sékou Diarra, président de la Coalition pour l’annulation de la dette (CAD) Mali. Mouvement social d’alternatives populaires panafricaines, le Forum des peuples se tient depuis 2002 dans notre pays. Il se présente comme un espace d’échanges démocratique et populaire en opposition à l’espace fermé, répressif et anti démocratique des pays industrialisés à l’égard des pays du Tiers monde. Différentes thématiques sont initiées en fonction des priorités du moment.

De Siby en 2002 à Bamako en 2010, le forum a traité de sujets divers : politiques agraires, privatisations des sociétés d’état (chemin de fer, CMDT, etc..), questions de sécurité dans la bande sahélo-sahariennes, revendications des droits humains de l’eau et de l’assainissement ainsi que protection et sauvegarde du Fleuve Niger, souverainetés alimentaires et enfin politiques financières. Cette année, Niono, au cœur de l’Office du Niger, a été choisi fort à propos pour débattre d’une thématique générale portant sur l’accaparement des terres par des multinationales au détriment des paysans et des communautés paysannes. Pour le président de la CAD-Mali, le focus sur ces questions d’accaparement des terres africaines et de souveraineté des peuples constitue un défi majeur auquel sont confrontés nos Etats. « Les échecs des rencontres qui se sont tenues à Copenhague en 2009 et à Cancun une année après traduisent l’urgence et montrent à quel point l’avenir est menacé. On ne peut donc pas laisser la clé de notre devenir commun à des intérêts financiers privés. Rester citoyen passif, indifférent, c’est signer notre retrait de notre responsabilité politique, de l’histoire de l’humanité, c’est notre mort », a estimé Sékou Diarra. Celui-ci perçoit dans les récentes manifestations des indignés à travers le monde, les émeutes de la faim de 2008, la grève des travailleurs de Huicoma et les impasses de la dette aux Etats-Unis et en zone euro, des signes précurseurs du déclin du capitalisme mondial. Le système, estime Sékou Diarra, a prouvé son incapacité à promouvoir le village planétaire et assurer la régularité des relations entre les peuples, les sociétés, les Etats dans l’intérêt général.

Face aux thèses d’intoxication sur la fin de l’histoire, des luttes des classes et l’inexistence d’alternatives au système capitaliste de l’économie mondiale de marché, Sékou Diarra propose la construction de nouvelles actions de solidarité internationales des peuples et de convergences des luttes. « La solution ne viendra que d’en bas et les alternatives existent. Nous avons besoin d’un autre Mali, d’une autre Afrique fondée sur l’auto-détermination, l’intérêt général, la primauté du droit à la vie et du vivre ensemble et enfin l’annulation des dettes odieuses, l’élimination des paradis fiscaux, l’établissement d’une fiscalité juste, d’une démocratie respectueuse des valeurs africaines et de la volonté des peuples et du respect de la diversité culturelle », a-t-il énuméré. Abdrahamane Touré et Seydou Keita ont tour à tour salué la CAD-Mali pour le choix porté sur Niono. De leur point de vue, ce n’est que justice pour une ville où le foncier et autres problèmes agraires constituent une préoccupation majeure des communautés. Ateliers, conférences populaires paysannes, plénières, thé politique, expositions, manifestations culturelles, espaces d’élus communaux sur des sujets relatifs au droit à la vie pour tous et du vivre ensemble et propositions d’alternatives pour un monde meilleur, figurent au menu du forum.

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