Forum de Bamako : La kermesse de l’Intelligentsia

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Progressivement le Forum de Bamako, cette rencontre des sommités du monde dans tous les domaines, et organisé par la Fondation Forum de Bamako, s’impose comme une grande kermesse de l’Intelligentsia. Cette intelligentsia n’est pas seulement malienne, mais elle est globalisante et universaliste, et peut sans fausse modestie rivaliser à toute épreuve avec Davos. Par l’ingéniosité de cet homme humble, mais à la grandeur incommensurable, Abdoullah Coulibaly, puis que c’est de lui qu’il s’agit, notre pays au bord du Niger, devient chaque année davantage, un laboratoire pour l’émergence de l’Afrique, notre continent noir, berceau de l’humanité, mais restée à la traine et la risée mondiale avec ses enfants qui vont par centaines mourir dans la méditerranée. Le choix du thème, des panels et la dimension intellectuelle des panelistes, ont valu au Forum de Bamako son succès. Et qui lui valent sans aucun conteste le mérite de sa mission d’utilité publique pour un Mali en panne et qui a tant besoin d’idées. Le thème de cette année : « L’Afrique entre chaos et émergence » illustre parfaitement l’ambition affichée par le forum. Nous osons gager que l’émergence est possible. A condition que l’on soit sûr de ce que fera le président Ibk des recommandations du forum qu’il a reçues.

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Forum de Bamako

Trois femmes mettent le feu dans la salle et cassent tout

Lors des débats à l’hôtel Salam où le forum s’est transporté après la cérémonie d’ouverture dans la matinée du vendredi 19 février, trois dames, toutes pétries dans un moule d’activiste ou de mouvementiste, ont rendu l’air électrique dans la salle. Il s’agit respectivement de Reckya Madougou, anciennement plusieurs fois ministre au Bénin, de Fatoumata Siré Diakité ancienne Ambassadeur du Mali en Allemagne, et de Hawa Dème, leader féminine qui porte haut la voix de la femme.

Quand il s’agit de programme de capacitation, à l’endroit des femmes ou des jeunes, Mme Reckya Madougou est sans réserve. Former des jeunes plutôt que construire des routes qui engloutissent des milliards et qui ne durent pas. Pour elle investir dans la jeunesse reste la voix du salut car sinon l’Afrique ne s’en sortira jamais. « On voit des sociétés étrangères venir construire des routes chez nous, puis exporter nos ressources ». Les 3 “C” qui servent de prétexte, à savoir, Commodity, Consommation et Corridor n’ont évidemment aucun secret pour Reckia Madougou. Elle plaide pour un inversement des investissements vers les jeunes et les femmes plutôt que dans tous les autres secteurs.

Modérateur du panel « Jeunesse et entreprenariat : clés de l’émergence de l’Afrique », le ministre malien Mahamane Baby, de l’Emploi, de la Formation professionnelle

et de la Construction citoyenne, a indiqué que son département certes stratégique ne dispose cependant que de 0,5 % du budget national. Alors qu’avec l’équivalent de 50 km de goudron, il pouvait s’occuper de 100 000 jeunes. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de Hawa Dème dont l’appel a été pressant : « qu’attendons-nous ? », interpelle-t-elle. Et la volonté politique, que signifie-t-elle, et le président Ibrahim Boubacar Kéita devait l’entendre. Si on laisse ces politiques et si on ne s’occupe pas rapidement d’eux c’est l’avenir qui sera compromise. Peut-on attendre et regarder ? Le courage politique vient de qui ? Que doit faire la société civile ? A ces interrogations, sa collègue béninoise Reckya Madougou rebondit : « Si vous laissez faire la politique elle vous fera », invitant tout le monde à se réveiller, et à se tenir debout. Il ne restait plus qu’une cerise sur le gâteau qui a été apporté par Foutamata Siré Diakité, qui a dressé le constat implacable de la ressemblance à la République du Gondouana de Mahamane de RFI. Dans la République de Gondouana de Fatoumata Siré, « tous les ministres et les chefs des Institutions ont construit chacun, devant sa maison une route goudronnée, pour éviter la poussière d’entrer dans leur salon. Comme s’ils étaient coupés du reste du pays. Chaque ministre a devant sa porte une route goudronnée », s’est elle plainte pour apporter des graines au moulin de ses collègues. Si le forum de Bamako n’existait pas, il aurait fallu le créer.

Boukary Daou

 

 

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