En cette période, à Bamako, le thermomètre grimpe souvent jusqu’à 42°Celsius. Cette forte chaleur, selon les médecins, accroit la mortalité, surtout chez les enfants et les vieilles personnes. Une tournée dans les morgues de la capitale permet de mesurer l’impact de cette canicule sur la mortalité. En effet, insidieusement, cette hausse de température fait des ravages dans la capitale. Les morgues des centres de santé communautaires du district de Bamako et ceux des Centres hospitalo-universitaires ne désemplissent pas. Rien que la morgue de l’hôpital du Centre Hospitalo-universitaire Gabriel reçoit, en cette période de forte chaleur, pas moins d’une trentaine de corps par jour.
Le Dr Djigui Camara, médecin chef à la Polyclinique le « Lac Télé” à l’ACI 2002, est formel : la canicule qui sévit actuellement à Bamako est mortelle. Le Dr Camara ajoutera que la mortalité accroit, en cette période, chez les deux extrêmes, les enfants et les vieilles personnes. « Le constat est vite fait à la suite d’une visite dans les morgues qui sont pleines en cette période. C’est des conséquences connues de tout le monde. Seulement, il faut retenir que la chaleur entraîne la déshydratation. L’organisme fonctionne avec l’eau et les éléments qui se trouvent dans l’eau qu’on appelle les ions. Donc avec la chaleur qui déshydrate, l’organisme se fatigue et le cœur se fatigue. », explique le Dr Camara.
A l’hôpital Gabriel Touré, ceux qui s’occupent de la morgue sont débordés. C’est un balai incessant de parents des victimes de la canicule. La place occupée par un mort ne reste pas longtemps vacant. « La morgue reçoit en cette période de forte chaleur entre 15, 20 et même dès fois 30 corps par jour à l’opposé de la période de fraicheur ou, dès fois, on ne reçoit même pas un corps par jour. La fréquence est en forte hausse pendant cette chaleur », explique, dans l’anonymat, une source impliquée dans la gestion de la morgue qu’on a rencontré lors de notre visite des lieux. Autre lieu, même décor. Au Cscom de Lafiabougou, même si les responsables exigent une lettre dûment signée par la direction nationale de la santé afin de discuter avec nous de leur service mortuaire, les va et vient ininterrompus des corbillards pour enlever les corps est assez illustratif du pic de décès en cette période.
Yaya Sounké, le responsable de la mosquée d’Almountada dans l’ACI, reconnait toutes les difficultés auxquelles sont confrontées les morgues en ce moment. « Durant cette période, on constate qu’il y a une augmentation de corps au niveau de la morgue. D’avant-hier à aujourd’hui, on a reçu dix corps au niveau de la morgue de notre mosquée. Chose rarissime. Les morgues sont confrontées à des problèmes en cette période, surtout les coupures d’électricités. Mais à notre niveau, nous avons un groupe électrogène. »
Moussa Samba Diallo