Entre déficit de formation, manque de financement, les femmes bien que majoritairement actives dans l’économie malienne, ne représentent que 10% de entrepreneuriat au Mali. Et 80% d’entre elles évoluent dans le secteur informel et ceci en dépit du cadre juridique existant sur la pleine participation des femmes dans les affaires publiques.
– maliweb.net -S’il est indéniable que les femmes jouent un grand rôle dans la croissance économique de par leur participation aux différentes activités génératrices de revenus, force est de constater que peu de femmes sont des Cheffes d’entreprises ou patronnes dans le secteur formel au Mali.
Selon la directrice nationale des petites et moyennes entreprises (DNPME) Dicko Assitan Sidibé, les femmes sont sous représentées dans le secteur de l’entreprenariat. Seulement 10% des femmes sont enregistrées, et 80% de ces femmes se trouvent dans le secteur informel réduisant du coup leur chance d’accéder aux marchés national et international.
Les raisons avancées par la directrice de la DN-PME sont entre autres le déficit de formation professionnelle chez ces femmes, le difficile accès aux crédits bancaires, les mauvaises organisations etc. Plus présentes dans le secteur informel, ces femmes pourtant entreprenantes se retrouvent dans le strict anonymat malgré leur grand apport dans l’économie nationale.
« Il y a beaucoup de femmes entrepreneures sauf qu’elles ne sont pas enregistrées car évoluant dans l’informel faute de formation. Pour la plupart, ces femmes peinent à faire évoluer leurs affaires. » déclare la directrice de la DN-PME. Et d’ajouter que le danger de l’informel pour ces entrepreneures, est qu’elles ne peuvent ni postuler aux marchés nationaux et internationaux, encore moins contracter des prêts bancaires, toute chose qui réduit leur chance d’installer leur propre entreprise.
Outre le déficit de formation, l’autre grand obstacle à l’entrepreneuriat féminin au Mali reste l’accès au financement. Les femmes évoluant dans l’informel ne répondent pas aux critères d’accès aux financements auprès des institutions bancaires. De ce fait, leur accompagnement par le fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et de l’enfant (Fafe) et la DN-PME devient difficile. Or, ces deux organisations sont liées par une convention de partenariat dans le cadre de l’accompagnement des femmes.
Pour Mme Cissé Ya Kadidiatou Traoré évoluant dans l’agro-alimentation et Mme Wélé Diallo Awa Germaine Traoré, Transformatrice agroalimentaire, le principal obstacle à l’entrepreneuriat féminin au Mali reste l’accès au financement. « Les garanties demandées pour les prêts sont généralement hors de portée des femmes : titre foncier, biens immobiliers etc. à hypothéquer. Normalement l’Etat même doit être en mesure d’accompagner les femmes entrepreneures. Car les femmes participent de manière primordiale au développement du pays. Je pense que nous pouvons prendre l’exemple sur les Nana Benz du Togo, ces dernières ont été soutenues par leur Etat. Et depuis plus de 40 ans, elles sont au centre et toutes les activités, elles soutiennent en retour l’Etat », soutient Mme Wélé Diallo.
Ces femmes qui sont sous les hangars aux marchés payent des taxes à l’Etat. Pourtant, elles ne sont pas accompagnées par les banques. Il leur faut un appui de l’Etat. Toutefois la directrice de la DN-PME soutient que depuis 2020, la DNPME porte un projet pour booster l’entrepreneuriat féminin. Il s’agit d’une Charte en cours de validation qui voudrait que 30% des marchés soient attribués aux femmes.
Cette initiative vient renforcer l’arsenal juridique prônant l’implication des femmes dans les affaires publiques notamment la loi 052 qui prône la pleine participation des femmes aux affaires publiques. La constitution malienne également qui est conformée à la déclaration universelle des droits de l’Homme, demande l’égalité des droits pour les hommes et les femmes. Le Protocole de Maputo que le Mali a ratifié ainsi que d’autres conventions régionales et internationales relatives aux droits de l’Homme, obligent l’Etat du Mali à accompagner et encourager l’entrepreneuriat féminin en respect aux droits des femmes.
Khadydiatou SANOGO
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED