Ni électricité, ni équipement sanitaires, ni infrastructures routières, une administration bloquée par une lourdeur, tous ceux-ci, conjugués, donnent le résultat suivant: misère, chômage, insécurité, tels sont les constats que l’on a dressé du 18 août 2020 à ce mois de janvier 2025. Le bilan est mitigé. La situation est donc mouvante, contradictoire, mais elle est surtout difficile à maîtriser par un gouvernement qui n’a pas toujours les moyens de sa volonté politique. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays dont l’économie est capitaliste, dont les moyens de production sont pour l’essentiel propriété privée, parfois étrangère.
Le président de la transition a fait de l’électrification une de des priorités de la nation. Beaucoup de Maliens n’ont pas l’électricité. L’emploi est aussi une préoccupation majeure: le chômage touche officiellement 45% de la population active. L’insécurité quasi-permanente sur tout le territoire, naît de la misère et du chômage.
«La liberté nous a enfin donné la possibilité de viser les besoins élémentaires de notre peuple. Mais à moins qu’apparaisse un réel changement dans les conditions dans lesquelles vivent les simples gens, cette liberté restera une promesse et bien des droits proclamés par la Constitution resteront de pure forme», dit le Sage.
Un calme apparent règne au Mali après la chute du régime IBK
Après avoir redressé la transition, il reste à redresser certaines pratiques et certains dirigeants de la transition. Ce qui n’est pas fait. Du coup, on assiste à un pouvoir IBK sans IBK. De ce point de vue, la lutte pour la liberté et la démocratie se poursuit, donc au Mali et le chemin qui reste à parcourir est encore long.
Mais d’abord, l’heure est venue de faire un bilan complet et rigoureux des combats passés, de tirer les leçons des erreurs commises, de jeter un regard lucide sur une situation sans nul doute complexe, de réfléchir sur les moyens d’une meilleure organisation des forces progressistes.
La récente visite du président de la transition à Koulikoro a été l’occasion pour certains habitants de sortir pour exprimer leur désarroi face au problème d’électricité: «Président courant, Président courant !». L’année 2025 voit s’installer dans tout le pays un climat permanent de violence, d’insécurité et de terrorisme. Il faut prier fort.
Le processus de démocratisation avortée ?
C’est au prix de lourds sacrifices en vies humaines que le peuple malien retrouve la liberté de parole, arrache au dictateur, le multipartisme et la liberté de la presse. Après une analyse sérieuse de la situation politique et sociale du Mali, la transition décide de constituer avec tous ceux qui le souhaitent faire la paix.
Mais hélas ! Il faut être prudent, on ramasse au passage des opportunistes et des ambitieux de tous bords sans aucune conscience de l’intérêt national et avec d’autres arrière-pensées.
Transition: de l’exception à la règle
Le coup d’État du 18 août 2020 décida du retour des militaires au pouvoir, ouvrit la voie à une longue période de régime d’exception. Un directoire politico-militaire centralisé et hiérarchisé exerce les pleins pouvoirs. L’activité des partis politiques était suspendue pendant quelques mois. Les institutions représentatives existantes sont renforcées.
Certains activistes et leaders de partis politiques étaient en prison, les activistes y sont toujours. La vie publique est strictement encadrée et contrôlée. L’ordre d’urgence se fixe pour priorité, la remise en ordre, la stabilisation, la relance d’un pays que les régimes qui ont succédé à Modibo Keïta ont précipité dans le chaos et le marasme économique notre pays.
Deux (02) logiques semblent se combiner, voire se contredire. À la base, une logique de mobilisation sociale et politique qui s’exprime à travers des videomen, ou des activistes qui représentent des “organes révolutionnaires” locaux. Au sommet, une logique de contrôle et d’encadrement qui se traduit par une reprise en main étatique et l’imposition d’un pouvoir concentré et personnalisé.
L’année 2025 marque un temps fort et un tournant crucial dans la vie politique du Mali. Une échéance électorale pointe à l’horizon: scrutin présidentiel. Elle est programmée. Sa date n’est pas encore fixée. Son issue est incertaine, car la désillusion, le doute, le ressentiment ont gagné de larges fractions de l’opinion. Un enjeu majeur se profile: tout d’abord, sera mis en jeu le pouvoir d’État que détient le président de la transition depuis quatre (04) ans. Cette longévité politique exceptionnelle peut constituer un handicap pour le Président de la transition.
Le débat public reste jusque-là mal posé et tronqué par diverses considérations. Ajoutées les irrégularités dans la gestion et le gaspillage des ressources humaines. Ensuite, les politiques d’austérité du Fonds monétaire International (FMI), de corruption et du clientélisme politique.
La paix recherchée par la transition n’est pas pour demain. Malgré l’existence d’un département ministériel pour la Paix et la Réconciliation et d’autres structures réunies, le peuple malien n’arrive pas à retrouver ce qui nous unit.
La terre appartient à qui en Afrique ?
En Afrique, la terre n’appartient pas aux hommes mais à Dieu selon le traditionnaliste Ahmadou Hampâthé Bah. Elle est sacrée, car les ancêtres civilisateurs y sont enterrés. Elle est donnée aux hommes qui veulent la cultiver par le chef de terre ou le chef traditionnel, qui intercèdent auprès des ancêtres par des rituels comportant des offrandes. La notion de propriété au sens occidental du mot n’a pas cours. C’est pourquoi les «traités» signés au début de la colonisation ont donné lieu à tant d’incompréhension.
Dans l’esprit des chefs africains, les quelques pacotilles offertes par les Européens en échange de leur installation avaient une valeur rituelle marquant l’acceptation d’un accord commercial, don qu’ils acceptaient en tant qu’autorité liée aux divinités ou aux génies du sol.
Rassemblées par la Rédaction