Focus : Boire le vin sans s’enivrer

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Le 8 mars 2017, le ministre malien des Sports a informé l’opinion nationale et internationale de la dissolution de l’organe de l’instance directeur de la Fédération malienne de football (Fémafoot).

Le ministre justifie cette décision par “la persistance de la crise au sein du football malien”. En effet depuis l’Assemblée générale ordinaire du 10 janvier 2015, le football malien est pris en otage par le comité exécutif de la Fémafoot et un groupe de contestataires.

Le ministre a-t-il raison ? Est-ce une décision opportune ? A quoi faut-il s’entendre aujourd’hui comme réaction de la Caf et de la Fifa ?

Nous pensons que le temps ne doit plus être aux questions et aux interpellations, mais à la mobilisation générale pour soutenir le gouvernement. Comme le dit l’adage, “le vin est déjà tiré, il faut le boire”. Boire sans s’enivrer parce qu’il faut quand même rester lucide pour soutenir et accompagner efficacement le comité de normalisation ou de transition mis en place le mardi 14 mars 2017 afin de permettre à notre football de repartir sur des bases saines, pérennes et moins conflictuelles.

Aux hommes et femmes qui ont pris les commandes de notre football pour cette mission nationale doivent bénéficier de prime à bord de notre confiance. Un capital qu’ils pourront capitaliser en restant à cheval sur le principe clef de leur crédibilité : la neutralité !

Le vin est tiré ! Il ne sert à rien de perdre notre temps dans les conjonctures ! La Fifa a ses principes, mais nous nous battons depuis des années pour avoir aussi un “Etat responsable” !

Ne restons pas aveuglés par des considérations personnelles. Chacun de nous sait que la décision du ministre est sans doute douloureuse et lourde de conséquences, mais chacun en son for intérieur sait que c’était un mal nécessaire.

Cela d’autant que toutes les médiations, notamment par le Comité national olympique et sportif du Mali (Cnosm), Cafo, des leaders religieux et notabilités, l’Assemblée nationale… ont échoué à concilier des protagonistes qui se trouvent d’ailleurs devant le Tribunal arbitral du sport (Tas). Le CE de la Fémafoot a eu toute les opportunités d’éteindre le feu et de sortir la tête haute de cette crise. Mais, il s’est illustré pas une incroyable mauvaise foi.

La Fifa a ses principes, mais le gouvernement du Mali a aussi ses devoirs régaliens : protéger les citoyens, les sécuriser et assurer leur quiétude. Et dans la situation que le Mali traverse depuis des années, il n’aurait pas été responsable de fermer les yeux sur une situation conflictuelle qui, en réalité, est une bombe à retardement pouvant péter à tout moment.

Et les conséquences sociopolitiques d’une telle explosion peuvent être inimaginables parce que le football est “l’opium” du peuple. Regardons un peu autour de nous et voyons comment cette décision suscite les passions. Même ceux qui ne savent rien de l’administration du sport y vont de leurs commentaires passionnés, souvent incendiaires.

Sans compter ceux qui colmatent les brèches dans l’ombre pour que ça dégénère afin de tirer le profit personnel escompté. Dans la situation actuelle du Mali, il ne serait pas prudent d’ouvrir la boîte de Pandore. Sachons avoir raison gardée.

La Fifa a ses principes, mais elle n’est pas exempte de reproches dans cette crise managériale du football malien. Elle n’a jamais eu une approche nette, appropriée de la gestion de cette crise parce que sciemment induite en erreur par des rapports biaisés.

A partir de la visite du ministre des Sports à Zurich (fin octobre-début novembre 2016), elle aurait dû diligenter sa propre enquête indépendante (indépendamment du Tribunal arbitral du sport) pour situer les responsabilités et prendre des sanctions. Hélas, elle s’est enfermée sur ses principes pour laisser pourrir la situation. Une situation qu’elle a pourtant évitée en Guinée-Conakry en anticipant.

Sans compter que, aussi puissante qu’elle soit, la Fifa ne peut pas continuer à ignorer les Etats africains sans lequel il n’y pas de sport en Afrique, notamment le football. C’est l’Etat qui finance le foot et les fédérations encaissent les dividendes sans rendre compte. Notre sport-roi est financé à au moins 95 % sur le budget national !

C’est à la Fifa seule que celui qui a les cordons de la bourse est méprisé et écarté de la gestion. Cette organisation oublie pourtant son omnipotence pour s’agenouiller pourtant devant ses propres sponsors et partenaires, prête à satisfaire leurs caprices.

Une injustice à l’égard des Etats qu’il faut aussi revoir en instaurant une exception africaine dans le respect strict des principes de neutralité.

Utopie ! Peut-être ! Il se peut que le vin ait finalement réussi à nous saouler !

Moussa Bolly

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