Je le tiens, le trait dominant du caractère plutôt singulier de mon cousin adoré. Au point que je me demande s’il mérite le qualificatif pompeux que ses partisans lui donnent : «Kankelentigui». «Je dis et je le ferai» est devenu «Je le dis, mais ne m’en tenez guère rigueur».
Si on peut absoudre mon cousin pour certaines de ses promesses, parce qu’elles lui étaient dictées par son ambition maladive d’atteindre Koulouba, on ne saurait comprendre le reniement total des engagements pris. Surtout ceux grâce auxquels les Maliens lui ont accordé une confiance aveugle.
Celui, qui ne voulait point négocier avec les rebelles, a dû de se résoudre à le faire, non sans y avoir laissé des plumes et causé une hécatombe. Celui, qui devrait être le champion de la lutte contre la corruption et la gabegie, la délinquance financière, s’est révélé être un panier percé et l’absoluteur des prédateurs des deniers de la République. Celui, qui devrait être la tête de proue d’un Mali en marche, s’est révélé être son bourreau. Celui, qui devait donner une fierté nouvelle aux Maliens, est devenu celui qui bafoue la dignité des Maliens.
Que dire de ses déclarations qui changent au gré des événements et des circonstances, laissant apparaître une inconséquence notoire chez lui. Celui, qui porte en l’horreur les médiocres, s’accommode de cette espèce d’individus. Celui, qui dédaignait la presse, est aujourd’hui prêt à lui faire la courte échelle. Vous le reconnaissez, votre Kankelentigui ? Moi, non. Je suis peut-être méchant, mais pas inconscient au point de chercher, comme le disent les Ivoiriens, des poux sur un crâne rasé.
La bonne nouvelle dans tout cela, à moins que ce soit une attitude affectée ou feinte, c’est que mon cousin semble se faire une raison en acceptant de se mettre, enfin, à la disposition des Maliens. Est-ce parce qu’il a échoué sur tous les terrains sur lesquels on l’attendait ? Peut-être bien. Mais je veux voir plus loin encore… parce qu’on ne devient pas subitement différent de ce qu’on est. D’ailleurs, j’ai ouïe dire que : «Nous devenons ce que nous sommes».
En un mot, comme en cent : mon cousin est tout simplement versatile.
Issiaka SISSSOKO