Il m’arrive très souvent d’irriguer ma réflexion par les attitudes de mon cousin adoré. Je m’attends, à chacune de ses sorties hors et même à l’intérieur du Mali, à une énormité de sa part. C’est qu’il est passé maître dans l’art de dire des énormités, dès qu’il ouvre la bouche.
Il devrait souvent la fermer au risque de passer pour quelqu’un qui ne remue pas plusieurs fois dans sa bouche sa langue avant de parler. Pourtant, en essayant de le visualiser lors de ses interventions, je me rends compte qu’il remue plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant de prononcer quoi que ce soit. C’est même devenu un des signes distinctifs de son personnage. Mais pourquoi diable dit-il toujours des énormités ?
Serait-ce pour autant difficile de cerner le personnage de mon cousin ? Je ne le crois pas. Il veut simplement s’ériger en père «bagabaga», du genre «père-fouettard». Il veut inspirer la peur et la crainte de ses compatriotes, lors même que ceux-ci le déconsidèrent de plus en plus.
Fatuité l’y obligeant, il a voulu faire de sa marque de fabrique un geste très peu fameux : agiter son index en signe d’intimidation. J’ose croire, à travers ce geste, qu’il ne veut pas faire un doigt d’honneur aux Maliens. Ce qui serait gravissime. À mon humble avis, il veut se faire passer pour un épouvantail au milieu d’un champ de désolation et de consternation.
Cousin adoré, un épouvantail est fait pour dissuader les oiseaux granivores à se poser sur les épis de mil ou maïs déjà bourgeonnants, donc porteurs d’espoir. De loin, ils se rendent compte que le propriétaire du champ veille au grain. Et donc, malheur à eux, s’ils s’aventurent en ces lieux. En somme, un épouvantail ne fait pas peur aux hommes mais aux oiseaux. C’est donc vain d’adopter cette posture.
Et ne pas vouloir en démordre te vaudra la mésestime de tes concitoyens. À moins que tu ne veuilles passer pour un saltimbanque !
Issiaka SISSOKO