Je ne voudrais pas être désagréable avec mon cousin. Que nenni ! Mais, voyez-vous, il ne fait rien pour que je puisse le lire davantage et l’excuser auprès de mes compatriotes. Il est de cette espèce d’individus qui ont une grande estime de soi et s’offusquent de la moindre contrariété.
Vraiment, je n’arrive pas à le comprendre, mon cousin, puisqu’il semble par ailleurs être trop fleur bleue. Comme le disait dans nos colonnes, un Malien de la diaspora, qui estime que mon cousin n’est pas «maître de ses émotions». Donc, il arbore la carapace d’un dur, alors qu’au fond, il ne serait qu’un paquet de nerfs. Peut-être qu’il a aussi un paquet sur la conscience.
Est-ce à dire qu’il est un illusionniste, enfin, qu’il veut modifier notre perception de la réalité. Peut-être bien. Car, plusieurs fois, il a dû montrer un visage pâle, parce que confondu et dépassé par les événements. Cousin adoré, il est des jours où je me surprends en train de penser que tu pourras changer le quotidien des Maliens. Je dois dire, malheureusement, que quelques instants aussitôt, je change d’avis. Parce que, insaisissable, tu es !
Serais-tu un marchand d’illusions ? En tous cas, j’ai fait le deuil de mes illusions, j’en espère autant pour les Maliens. Dont le réveil, comme aime le dire un confrère, n’a été que brutal. Ils ont probablement compris qu’ils s’étaient gavés d’illusions.
Une âme aussi sensible que la tienne, ne saurait nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Alors, tu ne saurais être un homme à poigne, peut-être un homme qui a une main de fer dans un gant de velours. Après tout, tu as raison de te jouer de l’intelligence des Maliens. Et je te donne toute latitude de devenir «un fou dans une poche», comme le disent les Québécois. Autrement dit, profite de la belle occasion que les Maliens t’ont donnée.
Issiaka SISSOKO