Pour pallier le difficile accès des femmes au financement des Institutions financières, les entrepreneuses à petite échelle mettent en place la tontine participative, un modèle d’épargne, qui constitue de plus en plus le premier fonds d’investissement de nos jours pour bon nombre d’entrepreneuses.
L’épargne traditionnelle chez la femme plus connue sous la dénomination de tontine classique est très répandue au Mali, surtout en milieu rural, où les femmes l’utilisent pour débuter leur activité génératrice de revenu.
Toutefois, on remarque de plus en plus dans la capitale, des regroupements de femmes qui s’unissent autour de la tontine participative afin de constituer le fonds de démarrage de leurs affaires.
À la Direction Nationale des Petites et Moyennes Entreprises (DN/PME), Mme Soumtéra Aïchatou Modibo Berthé, cheffe du Programme de Recherche de Financement des PME, déclare que la Coopérative MUKANSI porte le lead de ce modèle de micro-finance.
Selon la présidente de la Coopérative MUKANSI, Mme Sangaré Aïssata Koné, cette idée s’inscrit dans un processus d’autonomisation de la femme. Les femmes de la Coopérative MUKANSI, après avoir été confrontées à des difficultés d’accéder aux crédits au niveau de différents établissements financiers de la place, ont décidé de réunir mensuellement de l’argent pour se constituer un premier fonds d’investissement.
« Les membres de la coopérative en voulant mettre en œuvre leurs activités, ont approché des banques de la place ainsi que d’autres structures financières pour avoir du crédit. En vain. La raison ? Les multiples conditionnalités de ces structures. Et pour ne pas rester les bras croisés nous avons pensé à ce modèle de financement de nos activités », explique la présidente de MUKANSI.
S’agissant du mode de fonctionnement de la tontine, Mme Sangaré fait savoir que chaque membre cotise mensuellement 25 000F CFA, qui est ensuite repartie entre deux membres pour constituer un fonds de démarrage d’activité. Grâce aux cotisations, la coopérative s’est faite un fonds de roulement, possède un compte bancaire, un fonds qui agit comme garantie aux besoins de prêts de la coopérative. En guise de sécurité chaque membre remplit une fiche d’engagement à s’acquitter du payement régulier de sa cotisation. Selon la présidente de MUKANSI, l’avantage avec une tontine participative, est que chaque membre s’active et se sent concerné, donc s’investit pour la réussite de l’organisation.
Pour Mme Soumtéra Aïchatou Modibo Berthé, la tontine participative peut être une belle alternative pour soutenir la problématique de financement des PMEs des femmes. En effet, plus structurée que la tontine classique, la tontine participative est de nos jours un modèle d’épargne qui a permis à de nombreuses femmes de démarrer leurs entreprises, révèlent les témoignages des membres de la Coopérative MUKANSI. Des propos soutenus par Mme Berthé de la DN/PME.
La présidente de la Coalition des Associations et ONG féminines du Mali (CAFO), Mme Guoundo Sissoko affirme à son tour qu’au sein de la CAFO, grâce aux tontines participatives de nombreuses femmes sont parvenues à mettre en place leurs entreprises. « Les femmes qui adhèrent à ce modèle d’épargne ont une vision claire et un objectif commun ce qui explique la réussite des tontines participatives », explique-t-elle.
Nonobstant les avantages vantés de ce modèle de micro-finance en termes de financement des petites entreprises des femmes, il n’en demeure pas moins que ces mêmes intervenants soulignent ses limites.
En effet, ce modèle d’épargne reste informel et sa capacité de financement est limitée. Le Chef de Division chargé du Développement des PME au Mali à la DN/PME, M. Badiè Coulibaly, indique que le grand défi des PMEs, singulièrement celles des femmes, reste la formation, et leur insuffisance à une réelle éducation financière.
Citant en exemple l’initiative de la Coopérative MUKANSI, M. Coulibaly et sa collègue Mme Berthé estiment tous deux que de pareilles initiatives devraient être vulgarisées et accompagnées pour pallier la problématique d’accès des femmes aux financements classiques faute de garanti. Par ailleurs, ils déclarent qu’au niveau de la DN/PME, des réflexions sont en cours pour une structuration et vulgarisation des tontines participatives.
Khadydiatou SANOGO, Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains au Mali (JDH) et NED.
Oui, les tontines mais attention aux non paiements de certaines femmes qui font souffrir leurs semblables au cours de cette activités essentiellement féminines qui équilibre les comptes de plusieurs femmes aujourd’hui. L’honnêteté de toutes les femmes est nécessaire pour une gestion rationnelle des comptes.