Filles-mères : Leur destin est-il l’exclusion ?

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Fille-mère est le surnom donné aux jeunes filles non mariées qui ont des enfants. Dans notre société d’aujourd’hui, comme d’hier, que c’est triste de devenir mère étant adolescente, non mariée! Surtout si l’on sait que la virginité est la chose la plus précieuse que la jeune fille doit préserver au regard de sa famille, de son futur époux et aux yeux de notre société.
Une fille non mariée enceinte était méprisée par sa famille et l’entourage. C’était un déshonneur pour elle et pour sa famille. Pire encore, si l’auteur de la grossesse n’acceptait pas de l’épouser. Cet honneur féminin est-il si différent de l’honneur masculin ? Pour que l’on jette l’opprobre uniquement sur elle et pas du tout sur le garçon co-auteur du crime? Ce qui est valable pour la femme, doit l’être pour l’homme également.
Ce préjugé social à l’endroit des filles-mère,  détestée en majorité par tout le monde, la famille, les amies, les connaissances, les parents, perdure. Ce qui est pire et fait plus mal encore, c’est que la mère va à l’unisson, sous la pression du père qui la menace de divorce.
« Lorsque je suis tombée enceinte, mon père n’a pas pu digérer la nouvelle et du coup il m’a chassée de la famille, parce que j’étais devenue comme une honte pour eux. C’est un acte qui m’a vraiment marquée et je me demande si je pourrais l’oublier un jour. Après tout je suis leur fille » témoigne une fille-mère désespérée, O.T.
Si l’abandon de la jeune fille engrossée était la solution, ce phénomène n’allait pas prendre autant d’ampleur au jour d’aujourd’hui. Il faudra mettre fin à cette chasse à la fille fautive. Que les mères discutent avec leurs filles pour éviter le  faux-pas fatal. Il faut bannir à jamais  cette idée de faire du sexe un sujet tabou. Aujourd’hui c’est difficile de trouver à Bamako une famille sans un cas de jeune fille célibataire engrossée.
Selon Ramata Touré, une femme active « aujourd’hui, les filles-mères c’est comme des champignons qui poussent de jour en jour. Ce qui est regrettable, de nos jours, c’est de voir des adolescentes de 15 à 18 ans dans ce pétrin. Ce que je demanderai, c’est que les mères essayent de dialoguer avec leurs filles sur ce sujet».
Certains parents sont fautifs par le fait de ne pas donner leur fille en mariage à tel garçon issu de telle famille. Alors qu’elle en est amoureuse. Ousmane Diarra complète cette idée en disant que «le garçon enceinte la fille parce que ses parents n’ont pas voulu qu’ils se marient. Souvent ils vont prendre pour prétexte que le monsieur n’a pas d’argent, une bonne carrière, ou qu’il est jeune, etc. Parfois, le prétendant finira par épouser la fille, sinon il renoncera, la mort dans l’âme».
Force est de constater que maintenant, avec le développement des technologies de l’information, les enfants sont exposés à beaucoup de choses néfastes à leur éducation. Il y a corollairement une libération des mœurs, une démystification du sexe. Les enfants, surtout, les filles doivent obéir à ce que disent leurs parents par rapport aux dangers de la Toile.
La conclusion? L’enfant est un don de Dieu. Il donne à qui il veut, quand Il veut. Une fille est trop précieuse pour être jetée par ses parents à cause d’une seule faute. Que celui qui n’a jamais fauté lui jette donc la première pierre! A défaut du pardon familial, leur triste destin, ô combien prévisible, est la prostitution, après un avortement de tous les dangers.

HABIBATOU COULIBALY

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