Des avantages de ces employées de maison, il n’y a rien à dire. Le problème se pose par contre en ce qui concerne leur encadrement, leur gestion par le couple. Tout en s’adonnant à leur tâche quotidienne, certaines d’entre elles ont réussi dans bien de cas la prouesse de prendre la place de la patronne, usurpant du coup le cœur du patron et profitant de toutes les largesses.
Les plus malheureuses d’entre elles se sont fait congédiées et souvent sans la manière et ça se comprend aisément. Certaines d’entre elles par contre savent jouer si bien le jeu que rien n’est vu et rien n’est su. Ainsi arrivent-elles à non seulement faire doubler, voire même tripler leur salaire, mais mieux encore et dans le pire des cas, à prendre littéralement la place de la mère de famille qui se voit chassée du domicile conjugal. Alors, comment tout cela arrive-t-il ?
Des intentions des bonnes. Elles viennent pour travailler, mais surtout pour se faire de l’argent. Pour cela, elles usent de tous les moyens pour s’attirer les faveurs du chef de famille. Elles travailleront bien et se montreront disponibles à tout. Sachant aussi que l’on atteint le cœur d’un homme en passant par ses yeux, elles se montreront coquettes. Des toilettes excessives… Tout sera mis en œuvre pour ne pas passer inaperçues. Au passage, elles se montreront d’une gentillesse inégalée. Elles sont les premières à prendre le sac du patron quand il revient du travail, elles lui serviront à boire, l’aideront à se déchausser et l’inviteront à table. Normal tout cela, s’il n’y avait pas derrière cet activisme une mauvaise intention. En fait ce qu’elles espèrent avoir, c’est l’estime du patron. Encore normal, dirons-nous !
Si le patron est seul à la maison, elle s’arrangera pour se faire voir (admirer) le plus possible avec des incessants passages et de multiples questions. Aucun homme n’est indifférent à la voix d’une femme. N’oublions pas que les bonnes cherchent à travailler pour avoir de l’argent et beaucoup d’argent. Au travail qu’on leur assigne, elles ajouteront «du travail» et cela par tous les moyens. Elles sont très ingénieuses et quelquefois cyniques. Concédons-leur le droit de se faire de l’argent. C’est de bonne guerre. Nous disons aussi qu’aucun chef de famille n’est obligé de tomber sous le charme de sa bonne. Quelques-uns malheureusement n’y échappent pas.
S’il y a une règle à respecter pour échapper aux avances exprimées ou non de la bonne, c’est d’éviter à tout prix d’asseoir une quelconque intimité avec elle, ni en parole, ni en geste. Il faut pour cela confier sa gestion uniquement et exclusivement à la mère de famille. Ceci à l’avantage de rendre la bonne dépendante d’elle et de ne recevoir d’ordres que d’elle seule, de lui accorder du respect et de la considération. Le mari est ainsi à l’abri de toute tentation. Trop d’attaches entre le mari et la bonne lui donneront des idées et l’éloigneront de la mère de famille. Il n’est pas rare de voir des hommes faire des remontrances à leur femme en présence de la bonne. L’épouse ne doit pas être la risée de la famille.
L’époux pris dans le piège et par orgueil donne de l’argent en catimini. Elle a marqué un coup. De «papa» est gentil, on passera à «tonton» est gentil et on sait que la relation avec papa n’est pas la même qu’avec tonton. Une barrière vient d’être levée et un pas vient d’être franchi. La bonne va gagner et le foyer va s’écrouler. Tout ce que la bonne recherche, c’est de passer pour être la meilleure par rapport à l’épouse. Ce qu’elle a entendu, elle le croit et elle l’enregistre. Cela lui donne des ailes. Elle se sent alors intégrée dans l’intimité du couple et elle va chercher à aller plus loin.
Il y a un fait étonnant mais vrai chez la femme. Elle ne veut jamais être sous les ordres d’une autre femme. Elle préfère, même si elle ne le dit pas, être sous ceux de l’homme. Dans tous les milieux, la femme voit en l’autre femme une rivale. Elle refuse que les diplômes, l’expérience ou la compétence fassent d’une autre femme son chef. «Qu’a-t-elle que je n’ai pas ? Elle est femme comme moi». Et si malgré tout, elle se voit obligée d’être sous ses ordres, elle nourrit le sournois espoir de l’éjecter d’une manière ou d’une autre. Telle est la femme !
Modibo Traoré