Filière bétail-viande au Mali : De la menace à l’action

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La Fédération nationale Groupement Inter professionnels de la filière Bétail Viande au Mali (FEBEVIM), dans une correspondance adressée au ministre de l’élevage et de la pèche menaçait d’observer une grève de trois jours (du 15 février au 18 février 2019) si ses revendications ne sont pas satisfaites.

Et de menace, elle est passée à l’action.

En effet, depuis vendredi dernier, il n’y a plus de viande en vente dans les marchés.  Mais, de viande, qui en mange d’ailleurs au Mali ?

Les revendications, de FEBEUIM sont nombreuses. Entre autres, elle exige l’arrêt immédiat des exactions subies par les éleveurs, ‘’la préservation de leurs biens, la punition de ces exactions, l’application stricte de la charte pastorale et le décret d’application de la transhumance sur toute l’étendue du territoire malien’’.  Elle demande également l’acquisition  de moyens de transport adéquats de la viande, le désarmement des détenteurs d’armes à feu le et dédommagement des victimes (éleveurs) de la crise actuelle.  Le retour et la réinstallation des éleveurs déplacés, l’implication des acteurs de la filière bétail-viande et lait dans toutes les décisions les concernant.’’  …la liste est très longue, très long. Il ne peut en être autrement  d’ailleurs quand on…rumine.

Mais en fait, de la viande qui en mange  au Mali ?

De 600 Fcfa en 1993, le kilo de viande de bœuf est passé de nos jours à 2200 F CFA. Du coup, la consommation de la viande est devenue un luxe inaccessible à la majorité des Maliens. Pour preuve,

A  Sabalibougou en ce 14 février veille des journées sans viande à Bamako, des femmes se bousculaient sous les hangars des bouchers.

En moins d’une heure, les attroupements des ménagères se disloquent et se soldent par quelques querelles et des injures, à l’endroit des bouchers.

Des gigots de bœufs sont pourtant toujours là, suspendues, mais les ménagères en ont fini avec les bouchers et se dirigent vers les vendeurs de poissons. Et pour cause, la viande “moins chère” celle des têtes de bœuf est finie.

Le reste est intouchable : 2200 FCFA le kilogramme de viande pour des ménagères dont la majorité ne dispose que la misère de 500 Fcfa, voire 250 Fcfa pour l’achat de tout ce qui fera la sauce du jour.

Le témoignage de cette dame qui vient de se faire déchirer la robe dans la bousculade, est éloquent : “Ah bon ! Pourquoi on se bousculait ? Mon fils, puisque vous ne payez certainement pas de prix de condiments, sachez que seuls les bouchers peuvent manger de la bonne viande, parce ces cupides profitent toujours  de la situation. Comment peut-on comprendre cela, quand on sait que la viande ne nous vient pas de l’extérieur ? C’est honteux, inhumain et scandaleux ! Avec 500 Fcfa de prix de condiment, peut-on acheter de la viande ? Ce pays est foutu. Chacun veut sucer le sang de l’autre. D’ailleurs, même le “tièkouroulé” (poisson fumé) commence à nous coûter cher”.

Vilain poisson dont nos fleuves regorgent, le “tièkouroulé” est en effet, devenu la “viande” salvatrice des ménagères. Il y en a pour toutes les bourses et suffisamment pour tout le monde. C’est pourquoi, les ménagères qui viennent d’abandonner les stands des bouchers ne se bousculent plus pour s’en procurer.

Mais pourquoi diable la viande nous coûte –telle si cher ?

Madou Sow, un jeune boucher de la place explique le phénomène : “On nous accuse partout pour l’augmentation du prix de la viande, comme si nous avons à y gagner. Ecoutez, sur les marchés de bétail, le prix de l’animal augmente de jour en jour. Or, celui du kilo de viande n’a subit de hausse que deux ou trois fois seulement. Nous vendons très souvent à perte et la clientèle est de plus en plus rare. Il y a seulement quelques mois, je vendais quotidiennement la moitié d’une carcasse de bœuf. Aujourd’hui, c’est à peine si j’arrive à liquider un gigot. Je sais que, c’est parce que le kilo de viande est cher, que nous avons peu de clientèle, mais, devrons-nous le vendre moins cher à nos dépens pour attirer les clients ? ça jamais ! Je ne donnerai pas mes yeux à mes beaux parents. Si les vendeurs d’animaux décident aujourd’hui même de diminuer leur prix de vente, nous diminuerons à notre tour le prix du kilo de viande. Et tant que ce n’est pas le cas, qui veut acheter de la viande, qu’il l’achète, sinon, il a le choix de manger du “tiékouroulen” ou du poisson Sénégalais. Il y en a en tellement”.

Des ovins, bovins, caprins et porcins, il y en a aussi à gogo au Mali où l’offre est nettement supérieure à la demande.

Paradoxe inexplicable quand, selon des statistiques officiels, plus de 700.000 têtes sont proposées annuellement aux marchés locaux de Bamako qui consomment à peine la moitié.

Mais, chose bizarre, le prix du kg de viande ne cesse de grimper.

Le phénomène s’explique-t-il par la fièvre de l’exportation qui a gagné les producteurs ?

Boubacar Sankaré

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