8 mars, journée internationale de commémoration de la lutte des femmes pour plus de droits. Elles ont compris, depuis 1857, qu’elles ne devraient compter que sur elles-mêmes pour changer leur situation car c’est question de droit et non de don. Cette idée a fait du chemin, elle a beaucoup contribué à changer le quotidien familial, professionnel et sociétal de la femme, mais également à des vitesses différentes. Pourtant, c’est bien cette vitesse qu’il faudra garder en ligne de mire au risque de contribuer tout simplement à l’effondrement de beaucoup de sociétés, surtout en Afrique et en Asie.
Au Mali, l’événement a été fêté, comme à l’accoutumée, mais avec des messages différents. La présidente de l’organisation des femmes la plus connue (CFAO) veut faire reconnaître l’engagement des femmes et que les femmes s’engagent pour leurs propres causes. La ministre de tutelle des femmes a fait le bilan de son mandat à la tête du département en termes de réalisations et appelé les femmes à consolider les acquis, sous-entendu en accompagnant le président de la République en 2018.
Ce discours n’est pas nouveau. Mais l’impact des réalisations est malheureusement loin des engagements décrits. Il faudra donc sortir du “tape-à-l’œil”. Quant au représentant des partenaires du Mali, il a mentionné sa satisfaction et son espoir, tous deux encore loin d’une amélioration de la situation de la femme au Mali. Vive les données statistiques ! En ce qui concerne le président de la République, bien imprégnée de la situation des femmes à travers le temps, a confirmé les informations des salons et des grins : il y aura remaniement et le quota sera respecté, c’est-à-dire 30% des ministres du prochain gouvernement seront des femmes. Il n’y a point de doute qu’il y ait au Mali des femmes qui soient capables, comme les hommes et mieux que beaucoup d’hommes, d’honorer la confiance placée en elles. Cette confiance ne devrait pas avoir des visées électoralistes, sinon elles ne travailleront que pour le parti et sacrifieront l’espoir des femmes placé en elles pour changer leur vie ou servir de référence aux autres.
Cependant, loin des discours, et en attendant que les discours épousent la réalité pour la transformer, dans plusieurs années, des problèmes réels et “frais” des femmes méritent d’être résolus : elles sont les plus nombreuses dans le secteur informel, donc plus exposées au risque de la précarité et de l’asservissement. Elles sont encore très confrontées à des difficultés comme le maintien des filles, elles sont moins adressées par les perspectives d’emploi, etc. Or, l’éducation et le marché de l’emploi, tous deux intimement liés, sont les cordes qu’il faut faire vibrer pour un meilleur mouvement d’ensemble de la société. Comment ne pas évoquer la situation des femmes en relation avec la sécurité : elles ont été violées, elles ont subi des violences physiques et psychiques, elles ont perdu des soutiens de famille, des êtres chers.
Aujourd’hui, elles n’ont pu fêter à Tombouctou à cause de l’épée de l’insécurité au-dessus de leur tête. S’il y a espoir à leur donner, c’est bien de rétablir un meilleur cadre de sécurité qui tirera les autres secteurs vers la prospérité partagée.
Fabou KANTE