Pendant les jours de fête, tout le monde aime se parer qu’on soit enfant, jeune ou vieux. Mais cette année, les temps semblent tellement difficiles que beaucoup de tailleurs sont presqu’en manque de clientèle. Seule explication, la cherté de la vie et le manque d’argent.
Nous sommes pratiquement dans le dernier virage du ramadan. Pendant que certains clients retirent leurs habits de fête chez leurs tailleurs, d’autres continuent d’amener pour eux. Et pour cause, parce qu’ils n’avaient pas d’argent. Au constat, d’habitude à cette période, les couturiers ne prennent plus d’habits parce qu’ils sont déjà débordés.
”En 10 ans d’activité en tant que tailleur, je n’ai jamais vécu cette situation. D’habitude, à une semaine déjà du ramadan, je ne prends plus d’habits de peur de ne pas les finir tellement que j’en reçois”, indique Mama Coulibaly, couturier.
Un autre signal : ‘‘Je ne sais pas ce qui ne va pas dans ce pays-là cette année, tout le monde parle de la pauvreté. Mes clients les plus aisés qui cousaient 2 à 3 habits de fête, n’en ont cousu qu’un seul. C’est vraiment désolant pour nous, car ce n’est que pendant ces fêtes qu’on se fait un peu d’argent, sinon il n’y a pas de marché”.
Bourama Traoré ajoute que d’habitude, à deux semaines du mois de ramadan, avec ses employés, ils passent la nuit à l’atelier pour travailler afin de pouvoir finir les habits des clients. ”On ajoute le dimanche aussi afin d’être dans le délai, mais cette année, pratiquement à une semaine de la fête, on n’a pas encore dormi à l’atelier et on ne travaille pas non plus les dimanches parce qu’il n’y a pas assez d’habits”, s’attriste-t-il.
Une cliente rencontrée dans un atelier de couture explique son retard : ”D’habitude, mon époux m’apporte mon habit de fête avant même le mois de ramadan afin que je l’amène tôt à l’atelier de couture, mais cette année, c’est à la troisième semaine du mois de ramadan qu’il me l’a apporté. Il n’a même pas pu amener le sucre qu’il envoie d’habitude à ma famille. Je le comprends, c’est parce que les temps sont durs pour tout le monde. C’est ce qui explique mon retard chez le tailleur. Quand même je suis contente que ce dernier ait accepté de coudre mon habit malgré mon retard, sinon en temps normal, aucun tailleur ne prend d’habit avec les clients à une semaine de la fête. Cela montre combien les choses sont dures cette année”, déclare-t-elle.
La crise socioéconomique que traverse notre pays depuis un moment se fait sentir d’année en année et cela, malgré les mécanismes mises en place par les autorités afin de réduire la pauvreté. Il va falloir penser à d’autres solutions afin de pallier à ce problème, sinon la population soufre de jour en jour.
Marie Dembélé