Certains parents n’hésitent pas à payer le prix fort pour le bonheur de leurs enfants.
La culture des cadeaux offerts aux enfants est désormais ancrée dans les familles bamakoises à tous les niveaux de l’échelle sociale. En ce mois de décembre 2012 le nuage féerique des fêtes de fin d’année commence peu à peu à imprégner Bamako. En effet, les Bamakois s’apprêtent à fêter Noel et la Saint Sylvestre appelé « 31 décembre ». L’ambiance est bon enfant devant les étals et les boutiques de jouets. Chacun y va de son commentaire. Les causeries tournent autour de ces fêtes dans les bureaux, dans les lieux de regroupement des jeunes. Chacun développe des stratégies pour passer une bonne fête. Cependant à côté des grandes personnes, les enfants ont aussi leur mot à dire pendant cette fête. Ils engagent une négociation féroce avec leurs parents juste pour avoir leurs cadeaux de fin d’année. Ils en précisent même la nature : péluche, voiture miniature, vélo, robots, jeux cérébraux. Cet engouement généralisé des enfants de toutes les couches sociales pour recevoir des cadeaux était méconnu dans un passé récent dans notre pays. Le droit au cadeau de Noël est désormais une exigence pour tous les enfants maliens.
Le symbole majeur de la Noël a charmé les enfants de toutes les religions pratiquées dans notre pays. Il est fortement ancré dans la tête des « Tout petits ». Cette vulgarisation heureuse est liée certainement à l’avènement et à la multiplication des écoles préscolaires dans notre pays et à l’impact de la télévision et des émissions pour enfants. Les enfants bamakois voient leurs semblables à travers le monde recevoir des cadeaux. Plusieurs organisations non gouvernementales de solidarité et de secours à l’enfance distribuent des jouets aux enfants de leur juridiction. En ce moment dans les établissements préscolaires l’heure est à la remise des cadeaux aux enfants. Même ceux qui ne vont plus aux jardins d’enfants font tout pour recevoir leurs traditionnels cadeaux de fin d’année. Les parents ne nous contrediront pas. Beaucoup d’entre eux, mêmes les plus pauvres, sont obligés de mettre la main à la poche pour satisfaire « l’enfant roi ». Actuellement dans la « Cité des trois caïmans », les vendeurs de jouets se frottent les mains. Dans les boutiques spécialisées dans ce domaine l’affluence est énorme toute la journée. Chacun veut offrir un beau cadeau à son enfant. Il est intéressant dans cette histoire de retenir que les marchés de la capitale proposent des cadeaux pour toutes les bourses.
RARES ET CHERS. Tout le monde sait que le monde des enfants est sans pitié. Les parents, surtout les mères offrent un petit truc à leur progéniture juste pour lui faire plaisir et lui épargner surtout des moqueries des autres. Mme Camara Aminata Djitèye a du pain sur la planche. Elle doit satisfaire les désirs de trois petits bois de Dieu qui réclament tous, sans relâche, le cadeau de fin d’année. Nous avons rencontré cette dame au grand marché de Bamako. Aminata cherchait surtout à combler les doléances de ses petits chéris. Chacun selon notre interlocutrice à un choix qui diffère de l’autre. « J’ai presque fait le tour du marché mais je n’arrive toujours pas à trouver l’ensemble des jouets souhaités », a lancé Aminata. Elle était visiblement fatiguée de marcher. La difficulté est que les enfants de cette femme cadre dans une entreprise privée attendent des jouets rares et chers. « Si les enfants se contentaient seulement des cadeaux qu’on peut bien les offrir … » a fait remarquer notre douce maman. Mais l’obstacle est que les enfants regardent un peu trop la télé à la maison. Ils découvrent des choses qui ne sont pas encore vendues sur le marché malien. C’est le cas des enfants de Aminata Djitèye. Ils réclament des robots qui marchent et qui parlent, des avions télécommandés. De guère lasse Aminata a fini par choisir d’autres cadeaux pour ses enfants. Elle a déboursé a cet effet plus de 20 000 Fcfa.
La fonctionnaire Mme Mariam Sy dépense chaque année à la même période plus de 50 000 Fcfa en cadeaux pour son enfant. Son gosse est féru d’instruments de musique. « Il collectionne les instruments de musique. », confie en souriant notre interlocutrice. Elle a acheté des pianos et des guitares l’année dernière. Cette année, son fils veut avoir une batterie, un balafon, une cora et un Ngoni. « A part la batterie les autres instruments sont vendus sur le marché. J’ai déjà fait passer la commande de la batterie à Doubaï. Cet instrument sous forme de jouet va me couter 37 000 Fcfa » a affirmé Aminata. Cette mère attentive accepte tous ces sacrifices pour encourager sa progéniture à bien travailler à l’école. « Mon fils est toujours le premier de sa classe. La reconnaissance du mérite le pousse à rester concentré et lui donne le courage d’aller toujours de l’avant. J’avoue qu’il est un peu capricieux, mais je peux lui faire plaisir une fois dans l’année. » dit-elle. Ils sont nombreux les parents qui pensent comme Aminata. Ils n’hésitent pas à payer le prix fort au grand bonheur de leurs enfants.
IMPREVISIBLES. Le témoignage de cet enseignant est révélateur. Il a été obligé l’année dernière d’acheter un vélo à sa fille de trois ans. Elle était la seule dans la cour qu’habite l’enseignant et sa famille à ne pas avoir de vélo. Les autres parents comme s’ils s’étaient concertés avaient tous offerts des vélos à leurs progénitures. La petite fille du maître était marginalisée par ses amis. « Ma fille passait tout son temps à pleurer et à envier les autres camarades » se souvient l’instituteur. Le papa a été ainsi contraint d’aller chercher le vélo pour sa fille. Cela pour qu’elle n’envie plus ses autres camarades. Notre interlocuteur reste convaincu que s’il n’avait pas agit de la sorte que cela pouvait être le début de l’exclusion de son enfant. « Je suis convaincu qu’elle n’allait jamais me pardonner et qu’en plus qu’elle pouvait aussi être atteinte psychologiquement » a insisté l’instituteur.
La jalousie viscérale de certains enfants à l’endroit de leurs copains se manifeste aussi dans le choix des jouets. L’exemple de l’enfant de Moussa est typique. Il refuse catégoriquement le cadeau choisi par ses parents pour lui. Cet enfant envieux veut le même cadeau que celui offert à l’enfant de la famille voisine. Les parents de ce dernier lui ont donné un jouet sou forme de fusil de chasse d’une valeur de 12.500 Fcfa. Comme quoi les enfants sont imprévisibles et pleins de surprises. Moustaphe est commerçant de jouets au marché-Dibida de Bamako. Il révèle qu’il ne manque pas de clients ces temps-ci. Les marchands des « Jojo » pour enfant sont envahis par les clients en cette période de l’année. Les étals du jeune commerçant proposent plusieurs catégories de jouets qui font perdre la tête aux enfants. Les prix vont de 150.000 Fcfa pour certains jeux de luxe à 500 Fcfa pour les petites tailles.
Le négociant est satisfait de l’affluence. « En deux jours j’ai engrangé plus de 150 000 Fcfa comme recette journalière. Après cette période, les clients se feront rares. » martèle Moustaphe. La boutique de « Lina » est sise à Oulolofobougou Bolibana, à l’immeuble Babemba. Sa boutique spécialisée en vente de jouets pour enfant refusait du monde la semaine dernière. Ce sont plutôt les parents aisés qui prennent d’assaut cette boutique. L’un des vendeurs révèle que depuis le début du mois de décembre les affaires marchent convenablement. Les petits marchands ambulants aussi ne se plaignent pas. Presque dans toutes les avenues on les rencontre en train de vendre à la criée des objets divers aux automobilistes sur les grandes avenues. Oumar fait partie de ce lot. Chaque année, à la même période il se reconvertit en revendeur de jouets. « C’est la seule façon pour moi de faire des bonnes affaires. Je ne manque pas de clients », dit-il visiblement heureux. Le stock d’Oumar récèle des pères Noël en caoutchouc dont le prix varie selon la taille de 5000Fcfa à 250Fcfa. Les cadeaux de fin d’année sont entrés dans la culture familiale à Bamako et dans certaines villes de l’intérieur du pays. Bonne fête de fin d’année à tous les enfants du monde et à ceux du Mali en particulier !
ATTENTION AUX PETARDS !
Tout le monde est unanime pour dénoncer l’usage abusif des pétards et des feux d’artifice dès début décembre dans les rues de « la Cité des trois caïmans ». La nuisance sonore submerge Bamako pendant près d’un mois. Sans raison et en toute impunité depuis plus d’une décennie certains quartiers subissent le calvaire des explosions intempestives de nuit comme de jours. Actuellement le marché est bondé de pétards et de feux d’artifices, au plus grand bonheur des adeptes. Cependant comme les cadeaux, les parents achètent des pétards pour leur progéniture en oubliant qu’ils peuvent sans surveillance mettre en danger la santé des proches ou d’innocents passants. Le problème est inquiétant. Il urge de trouver une solution à cette dérive.
Le mal est que les enfants eux mêmes, à l’insu de leurs parents achètent ces petites choses dont les prix sont abordables (10 Fcfa). Les marmots dérobent les allumettes de leurs parents juste pour allumer les pétards. Il est inquiétant de constater que des enfants de tout âge sont en possession des pétards. La semaine dernière un petit garçon de trois ans s’est fait crever l’œil gauche. Il a eu le tort d’aider un autre garçon de son âge à mettre le feu à un pétard. Les parents doivent savoir que les enfants en toute innocence peuvent provoquer un incendie. Car les pétards mal utilisés peuvent être la cause d’un sinistre qui met la vie de son utilisateur ou d’un voisin en danger. Il est vrai que les pétards sont entrés dans la tradition des fêtes de fin d’années. Ils sont même incontournables pour donner l’éclat à la fête. Mais le « Boom » des pétards ne doit pas nous pousser à fermer les yeux sur son utilisation dangereuse. Parents vous êtes avertis. Que la fête 2011 soit belle. Mais prudence !