Chaque année, les 21, 22 et 23 juin, le village de Doubabougou (Dougabougou pour certains, à 12 km de Kati) accueille la communauté musulmane du Mali et de l’extérieur pour les festivités commémoratives du départ du Saint de Doubabougou, El Hadj Cheick Siramakan Diarra dit Bablé qui a disparu de ce monde sans jamais nous quitter. Cette année, en raison du Ramadan et de la proximité de la date avec la fête dont les préparatifs étaient en cours, les festivités ont été reportées aux 28, 29 et 30 juin 2017. Alors au rendez-vous, tout le monde était là.
Imams, marabouts, chefs religieux et talibés procédèrent à la lecture du Coran durant les jours et des groupes organisés entonnèrent des chants religieux toute la nuit du 29 au 30 juin avant la cérémonie officielle des bénédictions le vendredi 30 juin. Pour la circonstance, une foule encore plus nombreuse que les années précédentes a foulé le sol de Doubabougou. Les fidèles sont venus massivement de Kati, Bamako, Koulikoro, Sikasso et de toutes les régions du Mali ainsi que de l’extérieur comme d’habitude, notamment de la Côte d’Ivoire et de la France. Et encore une fois, la pluie a arrosé la fête comme pour respecter la tradition installée par le Bon Dieu depuis 17 ans, jamais une commémoration n’a manqué de pluie, pour créer la fraicheur, pour témoigner de la manifestation divine, pour signifier l’accompagnement de Dieu.
Mais qui est Bablé ?
Il est digne descendant de célébrités dont N’Golo Diarra, le roi de Ségou qui a été succédé au pouvoir par son fils Monzon, puis son petit fils Da Diarra. Nul n’ignore également le célèbre fils de Da en l’occurrence N’Dji de Babougou surnommé Babougou N’Dji. Ce dernier a donné naissance à N’Dossombilé Diarra le grand père de Cheick Siramakan Diarra né de Wandéké et de Nassira Souko.
El Hadj Cheick Siramakan Diarra a dédié toute sa vie à l’Islam. Depuis sa tendre enfance, ce descendant de célébrités bambara a très fortement embrassé l’Islam dans un milieu où le fétichisme était l’unique vocation de l’ensemble des populations. Les dénigrements, la méchanceté et les pratiques malveillantes n’ont guère pu le faire dévier de sa mission divine. Au contraire, ce sont ses adversaires, des plus farouches au plus réceptifs, qui ont fini par se convertir à l’Islam. Il a réussi à faire brûler leurs fétiches et à leur apprendre à prier et adorer Dieu Le Tout Puissant et Miséricordieux. Si au départ il se retirait dans la brousse pour prier et faire la coupure du jeûne, il a fini par prier et jeûner ses concitoyens.
Bablé a été pour toute sa contrée et au delà un modèle, une référence à travers ses hauts faits spirituels. Il a purifié les cœurs, soigné les malades, soulagé les misérables, semé la prospérité et beaucoup de bonheur au sein des populations aussi proches que lointaines. Et Bablé n’a jamais quitté ce monde, car avant de prendre repos, il a laissé un enfant, son dauphin spirituel, El Hadj Adama Diarra, qui d’année en année rassemble un nombre plus croissant de fidèles à Doubabougou. Cette année encore, ces retrouvailles ont eu lieu, pour honorer le Saint de Doubabougou et recevoir des bénédictions.
Nous avons échangé avec certains participants. Les uns sont venus par reconnaissance pour rendre grâce à Dieu et remercier le Saint Bablé pour services rendus, notamment la résolution de leurs problèmes d’enfants, de mariage, de fortune, de santé, etc. Les autres sont venus pour recevoir des bénédictions, soigner leurs maux, faire le recueillement…
Dors en paix Bablé ! Longue vie au fils spirituel El Hadj Adama Diarra qui poursuit les œuvres de son père en apportant aux populations soins, protection et beaucoup de bonheur par des bénédictions et des soins de plusieurs variantes.
Mamadou DABO