Les femmes représentent plus de 51 % de la population malienne, leur rôle économique n’est plus à prouver. Les pouvoirs publics et les partenaires font des efforts pour une redistribution des outils et des moyens de production, et une amélioration du statut des femmes.
Le Mali a, de tout temps, basé son économie sur l’agriculture et l’élevage. Les Maliennes sont loin d’avoir les mêmes chances que les hommes d’accéder aux crédits bancaires et d’agir sur les structures économiques ; elles ne participent presque pas aux prises de décisions économiques alors qu’en mars 91, elles ont combattu farouchement aux côtés de leurs enfants pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme dans leur pays.
Dans la sous-région, le Mali est aujourd’hui un exemple dans la mise en place d’institutions financières accordant des micro crédits, en particulier aux femmes exerçant des activités dans le secteur informel, telle la petite restauration, le commerce, etc. Selon Mme Tounkara Sophie de la direction nationale de la promotion de la femme, « il y a aujourd’hui beaucoup d’institutions de micro crédit mais il se trouve que le taux de remboursement est trop élevé pour les femmes ».
Dans le secteur privé, de nombreuses femmes sont contraintes d’accepter une faible rémunération par rapport aux hommes de même qualification, et de mauvaises conditions de travail, devenant ainsi des recrues de prédilection pour ce secteur.
Dans l’industrie, sur la liste des 519 entreprises industrielles maliennes recensées en 2003, seules 96 ont pour promoteurs des femmes. Les entreprises féminines subissent les mêmes contraintes, mais à des degrés divers : accès difficile aux crédits de financement, sous-équipement, absence de fonds de roulement, manque de formation sur la fiscalité dans le domaine de la TVA, obligation familiale (participation aux cérémonies), lourdeur des formalités. Pis, ces unités opèrent le plus souvent dans les concessions familiales. Selon les estimations, 80 % des 618 entreprises de femmes concerneraient le domaine du commerce général, les 20 % étant répartis entre les petites entreprises et services (entreprise de construction, nettoyage, salon de coiffure, de coiffure).
Par secteur d’activités, sur les 19 016 artisans, 34 % sont des femmes. Elles représentent 30 % des professions médicales et 6,37 % dans les professions juridiques (avocat, notaire, huissier, commissaire-priseur). Sur les 43 promotrices de l’enseignement privé, 35 sont de l’école primaire. C’est le secteur de l’hôtellerie qui souffre le plus du manque de femmes car elles représentent moins de 10 femmes sur près de 200 professionnels. Les statistiques révèlent que 70 % des femmes opèrent dans le secteur informel.
Dans la fonction publique, l’effectif est constitué de 78,8 % d’hommes contre 21,2 % de femmes. Les écarts de salaire par catégorie sont au maximum de 11 % et les femmes gagneraient en moyenne 30 % de moins que les hommes. Le taux de formation professionnelle des femmes est plus faible que celui des hommes. S’il y a beaucoup de femmes dans les postes subalternes, leurs chances de promotion sont souvent réduites du fait d’attitudes discriminatoires, empêchant les femmes d’apporter une contribution à la mesure de leur compétence.
Les Maliennes contribuent cependant au développement par de nombreux travaux non rémunérés, en particulier dans l’agriculture, et souvent sous-évalués ou ne sont même pas pris en considération dans la détermination du PIB du pays. Elles exécutent la grande majorité des tâches ménagères, notamment en s’occupant des enfants et des personnes âgées, en préparant le repas familial, en protégeant l’environnement et en apportant une aide bénévole aux personnes vulnérables et défavorisées.
Les couches les plus touchées par la pauvreté sont les femmes (69 personnes sur 100 en 1994) et les enfants de moins de 15 ans (71 sur 100 en 94) contre une incidence globale de 68,89 % (c’est-à-dire 7 personnes sur 10 sont pauvres). Soixante-quatre femmes sur 100 restent toujours pauvres en 1999, 6 Maliens sur 10 vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
De l’autonomie des femmes rurales
Les femmes contribuent entre 75 à 80 % dans l’économie rurale à travers l’agriculture. Ainsi, pour assurer leur promotion, le Mali a mis en place plusieurs programmes d’ajustement structurel à court et moyen terme pour réduire les déséquilibres financiers, améliorer la libéralisation de l’économie et de l’établissement de bases favorables à une croissance économique. C’est dans cette optique, explique Mme Tounkara Sophie de la direction nationale de la promotion de la femme, que le ministère de la PFEF a initié plusieurs projets.
Elle cite, par exemple, le projet de promotion de la femme qui a formé 400 filles déscolarisées et 1401 néo-alphabètes en hôtellerie, pâtisserie et couture, 900 femmes en fabrication de savon et pommade, 540 en teinture et équipé 100 villages en matériels de fabrication de savon et pommades. En plus, il a touché 11 423 femmes par les campagnes d’IEC et équipé les 9 directions régionales en équipements didactiques, mobiliers de bureau et matériels roulants.
Dans la même veine, a indiqué Mme Sophie Tounkara, son ministère vient de doter les femmes de toutes les régions de 82 plates-formes multi fonctionnelles, de magasins de stockage, de réseaux d’éclairage, d’équipements de production (charrettes, céréales, bascules, balances, semences) et de motopompes pour maraîchage, etc.
Dans le domaine de l’entrepreunariat féminin, le département a initié un projet de développement de l’entrepreunariat qui a permis à des milliers de femmes de voler de leurs propres ailes et de participer à des foires régionales et internationales. Aussi, a témoigné Mme Sidibé Diaba Camara, personne ressource au MPFEF, le Projet d’appui à la promotion de la femme et à l’allègement de la pauvreté (l’un des premiers projets du ministère) a permis aux femmes de Kayes de se prendre leur destinée en main.
« Le projet a permis à ces femmes de se regrouper en association, de faire des échanges commerciaux, d’augmenter le taux de scolarisation des filles et de remporter des prix à l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation. En clair, la stabilité économique des femmes a été assurée, ce qui apporte la cohésion sociale », a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, le Centre Aoua Keita contribue également à la promotion et à l’éducation socio-économique des femmes à travers des formations diverses et variées, a ajouté Mme Tounkara Sophie.
La Journée panafricaine des femmes est célébrée ce lundi sous le slogan « aucune paix durable ne peut être établie sans la participation effective des femmes ».
Selon Mme Tounkara, on ne saurait prétendre à une stabilité économique des femmes sans un climat de paix. « J’insiste sur la paix car sans la paix, il n’y a pas d’économie. En temps de guerre, la femme souffre : son mari est sur le front, elle est violée, elle veille sur les enfants. Dans cette condition, comment peut elle produire ? » s’interroge t-elle.
De nos jours, l’engagement de la société civile en général et des femmes en particulier dans la recherche de la paix et la gestion des conflits est une réalité. Les associations et ONG de femmes sont engagées à travers l’organisation de manifestations d’information et de sensibilisation de la communauté nationale sur les dangers des conflits, la prévention et la gestion des conflits, la circulation illicite des armes légères par des conférences, marches, messages de paix, plantation d’arbres en hommage à la paix et à la concorde.
Sidiki Y. Dembélé
Voix de la Malienne
La Constitution du Mali dans son préambule affirme la souscription du peuple souverain à la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 et à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples du 27 juin 1981 et sa détermination à défendre les droits de la femme et de l’enfant.
Du point de vue du droit, les textes fondamentaux du Mali recèlent peu de dispositions discriminatoires envers les femmes. Ce sont les croyances, les us et coutumes, la sous-éducation et surtout le fait établi qui constituent autant d’obstacles à la jouissance effective des droits des femmes maliennes.
Au Mali, les problèmes de femmes commencent à être pris au sérieux. Cela vaut pour la femme occupant un poste à responsabilité, aussi bien que celle qui marchande à longueur de journée devant un étal de tissus ou poissons séchés, ou encore celle qui travaille dur dans quelque village lointain de ce vaste pays. Le sort de la femme étant bien évidemment lié à sa situation familiale.
Le combat de la Malienne porte sur la prise en compte de ses préoccupations essentielles, à savoir la reconnaissance des droits à l’égalité, au travail, à l’éducation, au libre choix du conjoint, à la propriété foncière, bref aux droits fondamentaux de la personne.
S. Y. D.
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