Plus de 51% de la population malienne, vivier électoral, les femmes sont sous- représentées dans les instances de décisions des partis politiques. Mais surtout elles sont les grandes oubliées lors de nominations faisant d’elles les grandes absentes des instances de prise de décisions nonobstant l’existence d’une loi sur le quota.
-maliweb.net– Le Mali dispose d’un arsenal juridique prônant la pleine participation des femmes dans la vie politique et au sein des instances de décisions : la Politique Nationale Genre (PNG) ; la Politique Nationale de Promotion et de Protection de l’Enfant (PNPPE) : la Politique Nationale de la Famille (PNF), la Charte des partis politiques, ainsi que la loi n°2015-052 (loi sur le quota de 30%).
C’est surtout sur la loi 052 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, que les femmes du Mali comptent pour se hisser au-devant des scènes politiques et participer pleinement aux instances de décisions.
Cependant, si la loi a permis plus de présence des femmes aux postes électifs, force est de constater sa non prise en compte dans les nominations. Se prononçant sur la question, acteurs politiques et de la société civile estiment qu’il s’agit plus d’un manque de volonté politique, et non un manque de répertoire de femmes qualifiées.
Leaders de la société civile, de partis politiques affirment unanimement que le défi des 30% se situe au niveau des postes nominatifs. En effet, par respect à la loi sur le quota, les partis ont encouragé et suscitent les candidatures féminines, d’où l’actuelle présence des femmes dans les municipalités. Sur 670 conseillers communaux, 227 sont des femmes. 12 sont des maires.
Le Conseil National de Transition (CNT), faisant office d’organe législatif, compte 36 femmes sur les 121 parlementaires. Si un progrès substantiel a été constaté au niveau électif, le niveau nominatif reste à désirer. L’actuel gouvernement de la Transition compte seulement 5 femmes sur les 28 membres.
Mme Maïga Oumou Dembélé du Cadre de concertation des femmes des partis politiques, Mme Conte Fatoumata Doumbia, présidente des femmes de l’ADEMA-PASJ, Mme Sangaré Nana Coulibaly de la Coordination des associations et Ong féminins du Mali, (Cafo), et M. Gaharou Doucouré, S-G adjoint de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), tous pensent que la loi 052 n’est qu’un minimum et qu’elle devrait être appliquée en premier par les autorités lors de la composition du gouvernement.
« Le problème n’est pas au niveau des partis politiques. Lors des dernières élections, toute liste n’ayant pas respecté la loi 052 a été systématiquement rejetée. C’est plutôt les postes nominatifs qui constituent le problème et le gouvernement est le premier à violer cette loi. Je pense que c’est aux regroupements des femmes tels la Cafo, au département en charge de la femme, aux organisations de la société civile…, de monter au créneau pour demander l’application de la loi 052 au niveau des postes nominatifs notamment lors de la formation des gouvernements », déclare Mme Conte.
Pour Mme Sangaré Nana Coulibaly, seule la solidarité féminine pourrait faire bouger les lignes. « C’est à nous femmes de nous mobiliser, de mettre à la disposition des décideurs le répertoire des femmes et exiger le respect de la loi du quota lors des nominations » dira-t-elle.
Le respect de la loi du quota, la participation des femmes aux instances de prise de décision est pour le Mali la concrétisation de ses engagements régionaux, sous régionaux et international relatifs aux droits humains. En effet, la Constitution du Mali de février 1992 affirme le principe de l’égalité homme et femme. D’autre part, le programme d’action de Beijing affirme que les femmes ont le même droit que les hommes de participer à la gestion des affaires publiques. A cela, s’ajoute le Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo) du 11 juillet 2003. Egalement la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 10 septembre 1985.
Khadydiatou SANOGO/Ce reportage est publié avec le soutien de JDH, Journalistes pour les Droits Humains et National Endowment for Democracy-NED