Après s’être longtemps accommodées de la soumission, de l’obéissance et de la permissivité, une frange conséquente de la CAFO (Coordination des Associations et ONG Féminines) a choisi de sortir de sa réserve. Elle dénonce les méthodes totalitaristes et la gestion peu transparente, en jurant d’y mettre terme en obtenant la tête de la Secrétaire Exécutive.
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La goutte d’eau qui a débordé le vase est une affaire de détournement ou tout au moins une tentative de le faire. Il n’y a pas si longtemps de cela, la CAFO, creuset de l’activisme féminin au Mali, obtenait un véhicule 4X4 gracieusement acquis d’une structure caritative partenaire, comme c’est si souvent le cas. Il s’agit, pour la présente circonstance, de OXFAM-NOVIB, une ONG dont la générosité a laissé des traces, en l’occurrence un bordereau de réception attestant que l’appui logistique a bel et bien été obtenu au nom de la CAFO. Le hic, c’est qu’au niveau de cette coordination d’associations se trouvent voix pour jurer en mettant le doigt au feu que le véhicule flambant neuf a été curieusement dédouané au nom de ‘Woïyo Kondèye’, l’association féminine qui vaut à la Secrétaire Exécutive sa présence au sein de la structure fédérale des organisations féminines maliennes. En effet, l’opération est d’autant plus intrigante que l’association de Oumou Touré ne bénéficie guère de facilités douanières plus que la structure d’utilité publique au nom de laquelle la 4X4 a été acquise. Le délit de détournement est-il ainsi consommé ou s’agit-il d’une tentative ? En attendant une éventuelle clarification par voie judiciaire, les présomptions qui pèsent sur la Secrétaire Exécutive auront manifestement servi d’élément catalyseur pour les haut-le-cœur à peine contenus, d’instrument pour remuer la vieille boue et de vieilles poubelles du plus célèbre organisme féminin malien.
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Ainsi des voix s’élèvent de plus en plus pour protester, contester, dénoncer et exprimer les ras-le-bol longtemps étouffés par les restrictions de libertés , longtemps dissuadées par le recours aux méthodes peu courtoises comme l’intimidation, l’autoritarisme et la terreur verbale. La CAFO a de tout temps été administrée comme un îlot de dictature et d’opacité dans l’océan de démocratie et de transparence qui inonde le Mali, a commenté une responsable de cette organisation, partisane également de la tendance très déterminée à en finir avec l’oppression et la permissivité.
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Au fait, le différend consécutif à la générosité d’OXFAM_NOVIB, à en croire d’autres témoignages, n’est que le côté visible d’une montagne d’autres pratiques peu orthodoxes, tant bien dans la gestion administrative que dans celle du patrimoine de la CAFO. Il est en clair reproché à la Secrétaire Exécutive de s’être illustrée, depuis son accession à la direction de la coordination en 1998, par des manœuvres politiciennes motivées par le seul désir de s’y éterniser, ni plus ni moins. C’est ce qu’expliquent, selon ses adversaires, la revue à la hausse du mandat de la secrétaire exécutive de 3 à 5 ans, la multiplication anarchique des cellules et autres antennes de la CAFO suscitées pour étendre et mieux asseoir les tentacules de Traoré Oumou Touré, entre autres subtilités. « Personne n’est opposé à une décentralisation de l’organisme, mais dans notre cas cela est plutôt synonyme d’hégémonie et d’influence », a fulminé une autre adversaire en faisant remarquer que les démembrements de l’organisme se limitent du reste à la commune.
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La dérive totalitariste, poursuit-on, est par ailleurs perceptible et se traduit dans une intolérance criarde vis-à-vis de toute voix opposée à celle de la première responsable. Il suffit d’avoir une opinion différente pour être excommuniée, se complaint une autre responsable, en s’en prenant à une privation tout aussi suspecte et intéressée de droit de regard sur les origines et l’utilisation des ressources de l’organisation. Celles-ci ne sont en tout cas guère gérées par une transparence plus enviable, à en croire des accusations concordantes. L’opacité, dit-on, est certes assez résiduelle pour ne pas favoriser une maîtrise suffisante des ressources générées par la CAFO, mais la fronde anti-Oumou affirme ne pas ignorer que le Secrétariat Exécutif s’est depuis longtemps transformé en outil pour rançonner le président de la République, le Premier ministre et autres hautes personnalités, à la faveur de chaque événement de grande portée. Et de s’interroger sur la destination de toutes leurs contributions qui n’ont guère connu meilleure clarification qu’un autre véhicule obtenu du ministère de la Solidarité, deux parcelles de terrain offertes par la mairie du District, les quotas de logements sociaux périodiquement attribués à la CAFO, etc.
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À défaut d’une lumière complète sur tous ces dossiers révoltants, une gent assez représentative est quand même déterminée à mettre un terme aux pratiques opaques qui caractérisent la gestion de la CAFO depuis une décennie. « Nous sommes arrivées à un point où nous devons prendre nos responsabilités devant l’histoire », a justifié une responsable très révoltée, en promettant de sortir de l’anonymat à la faveur d’une très prochaine assemblée générale de clarification sur les griefs ci-après : une gestion personnalisée et autocentrée, une violation des statuts de l’organisme, le manque de transparence dans la gestion financière et des projets, etc.
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A. Keïta
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