Femme et société : La femme malienne est-elle vraiment sortie de l’âge des ténèbres ?

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Nos mères, sœurs et filles vont mal. Elles continuent d’être abusées comme au moyen-âge. La seule différence est qu’aujourd’hui, certains abus sont maquillés au goût de notre temps.

La femme souffre où qu’elle se trouve au Mali et peu importe ce qu’elle fait. Première personne à se réveiller au petit matin pendant que les hommes ronflent encore à poings fermés, son quotidien est de balayer, cuisiner, nettoyer les tables, servir les repas, faire les vaisselles, prendre soin des enfants,…, et finir sa pénible journée par le devoir conjugal souvent non consenti parce qu’elle est arrive au lit physiquement et psychologiquement épuisée. Du lundi au dimanche, c’est le même cycle d’usure. En tout temps, la femme travaille, travaille et travaille encore, au point de s’oublier elle-même et de n’avoir d’utilité ou de raison de vivre que le bien-être de l’homme. Elle fait don de son corps et de son Être sacré à l’Homme Malien qui la récompense de doctrines ingrates, contraignantes et déshumanisantes. Dans les villages par exemple, pendant que les femmes expédient sous le soleil brulant presque toutes les corvées sociales, les hommes sont généralement assis à l’ombre des arbres à se raconter des sornettes jusqu’à l’ennui. Aussi, c’est pendant ce moment d’oisiveté qu’ils formulent des interdits alimentaires applicables aux femmes uniquement. Au nom des mœurs de nos ancêtres, arguent-ils !

La vérité est qu’un égoïsme mesquin et cynique a susurré aux hommes Maliens des théories saugrenues et des pratiques d’extorsion de l’être Femme, lesquelles sont enrôlées dans d’audacieux mensonges avant d’être dissimulées derrière l’écran des coutumes. C’est ainsi que nous avons la surprise d’apprendre que ce sont nos traditions, et non des fraudeurs égoïstes, qui sont les sources et causes des grossières impostures de notre société traditionnelle .

Ces chaines sexistes, forgées pour vassaliser l’être Femme, dépersonnalisent nos filles et sœurs et créent en elles un esprit de sujétion qui les prépare, dès leur jeune âge, à l’acceptation de futures combines de mariage forcé. Autrement dit, dès que nos sœurs se libèrent des premières chaines parentales de domination de l’être Femme, elles sont immédiatement liées par celles de l’homme à qui elles appartiennent désormais. Dans les villes, la condition de la femme n’est pas au mieux. Les mêmes maux ci-haut décrits changent de nom et de visage pour suivre les courbures et couleurs du modernisme.

Les gouvernants, ceux-là mêmes desquels est attendu un comportement modèle, pèchent par manque d’exemplarités et d’images irresponsables qu’ils propagent dans la société. Comment voulez-vous qu’un gouvernement bondé de polygames, prêts à briser les cous de leurs épouses rien que pour une rumeur d’inconstance amoureuse, alors qu’eux-mêmes se vantent de leurs déloyautés, puisse défendre la cause de la Femme malienne ? Hommes n’ayant pas échappé aux limitations du passé, ces « primates » polygames ou non continuent à penser que la femme malienne est un objet dont la valeur décroit à l’usure de sa beauté extérieure. C’est ainsi qu’après un ou deux accouchements, lorsque des vergetures commencent à apparaitre sur le ventre ou à l’entrejambe, et après que les enfants aient amolli les organes d’allaitements, ces « primates » polygames trouvent des alibis pour parquer leurs épouses ou les répudier afin de les remplacer par des jeunes filles au corps plus frais et à la poitrine plus ferme.

Le combat de la femme malienne doit être un combat dirigé contre les dispositions pilotées par des hommes [schèmes de pensée moyenâgeuse, contextures traditionnelles, emprises religieuses] et contre les structures [sociales, politiques, économiques] qui retiennent la femme sous la domination injuste, injustifiée et inacceptable de l’homme.

Le bien-être de la femme est indissociable de celui de l’homme. C’est pourquoi, l’homme malien doit absolument reconsidérer en profondeur sa perception de l’être Femme. Il ne suffit pas de voter des lois, de montrer quelques bonnes volontés ou faire des promesses politiciennes souvent pré-électorales. Il s’agit de bien comprendre, en tant qu’hommes, ce qui doit changer dans notre perception de l’être Femme afin de s’attaquer aux résidus récalcitrants des temps primitifs qui sommeillent en nous et qui répriment, sans justifications, la femme.

Hommes maliens, sortons-nous de la noirceur en sortant nos femmes, mères et filles des ténèbres dans lesquelles nous les maintenons volontairement.

Paul N’guessan

 

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