En effet, à l’écouter, on ne peut s’empêcher de penser à une fusée, qui, sous une formidable poussée, arrive à s’arracher, au milieu d’un déluge de feu, aux forces de gravité.
De même, Mme Camara, Mama pour les intimes, forte de ses convictions, d’une volonté de fer et d’une longue expérience de terrain, donne l’image d’une battante, sûre de vaincre toutes les forces de régression et autres écueils, pour arriver à ses fins: mettre les Mines au service de l’autonomisation et de l’émancipation de la femme malienne.
Ne croyant qu’à ce qu’elle voit, à l’instar de Saint Thomas, elle décide de s’investir à fond dans le secteur en descendant sur le terrain. Ce fut d’abord le diamant. Tous les compartiments du négoce de cette reine des pierres précieuses furent explorés: exploitation sur place, achat, vente sur place, vente dans les comptoirs, exportation, etc.
Le monde du diamant n’a plus aucun secret pour elle. «Pendant 15 ans, j’ai côtoyé l’extérieur avec les diamants du Mali, et d’autres pays africains, comme l’Angola et la Guinée» confie-t-elle simplement. En 2003, Mama crée GMEX (Gold Minerals Exploitation), dont le siège se trouve à l’Hippodrome. La création de cette société lui permettra d’acquérir beaucoup d’expérience dans le domaine des pierres fines, autres richesses dont Dieu a doté le Mali.
Elle lui donnera l’occasion de parcourir Madagascar, la Namibie et la Tanzanie. Voir ces pierres (prehnite, grenat, agate, calcédoine…) transportées par containers entiers à l’état brut vers Allemagne ou la Thaïlande lui fendait le cœur. Aussi a-t-elle décidé de tout mettre œuvre pour leur valorisation sur place. Ses efforts seront récompensés, car la Banque Mondiale finira par financer, pour 89 millions de FCFA, une taillerie qui sera bientôt inaugurée dans la commune de Soroma, sous-préfecture de Diakon, cercle de Bafoulabé.
L’objectif de Mme Camara est de créer un Centre de formation continue en taille de pierres précieuses et semi-précieuses, de valoriser les pierres du Mali et de favoriser l’émergence des femmes par le canal de ce secteur. Et, last but not least, d’aider les artisans à maîtriser les pierres qu’ils exploitent. Ce qui n’est certainement pas le cas maintenant.
L’enjeu est de taille, car, judicieusement exploité sous forme de chaine de valeurs (exploitation, transformation et commercialisation), ce secteur peut rapporter au Mali des dizaines de milliers d’emplois. IBK tient là une occasion en or de matérialiser sa promesse de campagne d’en créer 500 000 avant la fin de son mandat.
A condition que l’AFEMIN (l’Association des Femmes Minières du Mali), membre à part entière de Mali Mining House, société créée pour les fédérer et booster la production minière des nationaux, bénéficie des appuis et de l’accompagnement idoine de l’Etat, via le ministère des Mines, qui doit l’associer à ses activités et autres rencontres internationales.
L’AFEMIN est également une création de Mme Camara, qui n’a eu de cesse d’arpenter le Mali pour sensibiliser les femmes à se mettre ensemble et à investir un créneau porteur. On y trouve pêle-mêle médecins, commerçantes, spécialistes des finances… Parmi ses nombreux projets, une action en direction des Maliennes de l’extérieur pour qu’elles s’investissent dans les mines et le lancement d’un site web.
Mme Camara a un trophée remarquable: elle a accompli avec brio sa mission de Coordinatrice pour la mise en place de la Chambre des Mines, dont elle est au demeurant la Secrétaire aux Relations Extérieures, seule femme membre du Bureau.
Cette diplômée de Paris II (gestion des entreprises) évolue également dans le courtage et ambitionne d’instituer une rencontre internationale sur les pierres du Mali, à l’image de la rencontre de Tucson aux Etats Unis, pour aider à l’émergence de «Nana Benz» Maliennes des Mines. Mariée et mère de trois enfants, Mme Camara meuble son peu de loisirs par l’écriture. «Ma passion pour les mines» sera son prochain livre.
Yaya Sidibé