Femme et entrepreneuriat : Kady ou la transformatrice qui ambitionne de libérer les femmes

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Mme Coulibaly Kadiatou Sissoko a décidément la bosse du commerce. Depuis l’âge de cinq à six ans. Elle ne sait plus quand elle a commencé. Toute petite, à Kita, ville dont elle est originaire, elle se faisait un plaisir fou de vendre à la criée des petites bricoles comme de l’encens et du «guéïni». A son retour le soir en famille, Kady, comme l’appelaient affectueusement ses parents, jouait du tam-tam en rentrant et toute la maisonnée apprenait ainsi qu’elle avait tout écoulé.

Qu’une seule de ses marchandises reste dans le plateau, et Kady se mettait à pleurer à chaudes larmes. Avec le temps, la petite Kady est devenue grande. Le virus du commerce n’en continua pas moins de l’habiter. Au point de l’amener à se lancer dans les «voyages», c’est-à-dire le commerce entre le Mali et certaines capitales de la sous-région, à l’image de Lomé et Cotonou.

Il faut dire aussi que notre Taty, autre surnom de Mme Couliblaly, avec une mère, Baya Sidibé, agent comptable au Trésor et actuellement proche de la retraite, et un père, Mamadou Sissoko, gérant de pharmacie, était préparée à l’art de gagner de l’argent ou tout au moins à sa gestion. D’autant qu’elle-même est nantie d’un diplôme (BT) en comptabilité, obtenu à l’ESSET de Niaréla. Egale à elle-même, elle avait tout d’abord ouvert deux boutiques à Kita.

Il s’agissait, en fait, de deux kiosques, l’un destiné à la vente des produits de beauté, l’autre spécialisé dans l’alimentation. Des boutiques qui marchaient très fort. Il était certainement écrit que Taty n’allait plus jamais quitter le monde affaires. De fil en aiguille, elle se retrouva dans l’univers de la micro finance, en qualité d’agent puis de gérante d’une caisse d’épargne et de crédit.

Habitée par une énergie débordante et la rage d’entreprendre, Kady créa, en février 2013, l’unité de transformation de produits agricoles, « Frères Jumeaux », du nom de ses deux jumeaux, Alassane et Fousseyni,  présentement âgés de quatre ans.

L’unité se trouve à Kati, ville que Kady a rejointe pour cause de mariage. Pour le moment, les «Frères Jumeaux» sont encore dans les langes. Kady travaille chez elle-même à Luckesy (un quartier de Kati). La gamme de ses produits se décline actuellement  en fonio et djouka, ce «plat national» de Kayes, précuits, l’ail, le gingembre, le céleri, le poivre et le «fèfè» réduits en poudre et conditionnés.

Kady est aidée dans sa tâche par trois autres personnes, toutes des femmes de Kati, qu’elle paye chaque semaine ou chaque jour. Mais, si l’on tient compte du personnel qui distribue les produits des «Frères Jumeaux» sur le marché de Kati et la plupart des marchés de Bamako, ce chiffre doit être largement revu à la hausse.

Mme Coulibaly piaffe d’impatience pour passer à la vitesse supérieure et, pourquoi pas, mettre le turbo. D’autant que ses produits rencontrent beaucoup de succès auprès des consommateurs, surtout le djouka et le fonio précuits. Résultat la production est très loin de couvrir la demande. Toute assistance visant l’expansion des «Frères Jumeaux» sera la bienvenue.

D’autant que, au-delà du business, Kady nourrit une noble ambition: aider les femmes à s’émanciper des pénibles travaux ménagers pour se consacrer à d’autres activités dans le domaine de la construction nationale. Ce faisant, Kady participe également à la lutte contre le chômage et à la valorisation de «l’or vert» du Mali.

Très ambitieuse, elle envisage de transformer le maximum de nos produits agricoles, conquérir le marché national et se tourner vers l’exportation. Dans la réalisation de son ambition, Kady dit avoir toujours rencontré la plus grande compréhension de la part de son mari, Mamadou Coulibaly, agroéconomiste consultant de son état, qui porte la sollicitude jusqu’à l’aider dans le transport de ses produits et en lui prodiguant de précieux conseils.

La quarantaine joviale, Kady meuble le peu de temps de loisir qui lui reste par le sport, surtout la marche à pied, et les échanges avec ses cinq enfants, deux garçons et trois filles.

Yaya Sidibé 

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