L’histoire de Djénéba Sidibé nous renvoie à celle d’une self-made woman qui, partie de rien, est parvenue à s’émanciper sur le plan économique et social, grâce à la vente de… « dégué ». Ce breuvage mythique, mélange de couscous et de «fèné» (crème maturée) fait le bonheur des citadins maliens, apaisant à la fois leur soif et leur fringale, au gré des escales collation et rafraichissement que leur impose la vie trépidante des villes, surtout en ce début de canicule.
Originaire du Wassoulou, plus précisément du village de Djarani (cercle de Yanfolila) Djénéba Sidibé a commencé à vendre du «dégué» alors qu’elle n’était encore qu’une gamine fraichement débarquée à Bamako pour aider sa grande sœur dans ses tâches ménagères.
Pour joindre les deux bouts, celle-ci faisait de la restauration, notamment la vente de plats de riz. Après avoir aidé sa grande sœur dans ses différentes tâches, Djénéba Sidibé vendait à la criée, pour son propre compte, un peu de «dégué», soit 1 kg de mil et un demi-litre de lait.
Aujourd’hui, elle en vend pour 100 kg de mil et 3 sacs de lait de 25 kg par jour. Que de chemin parcouru! Il y a une quinzaine d’années, nous avons été personnellement témoin d’une scène insolite à la lisière du Centre commercial, non loin de la Cathédrale de Bamako. C’était une bousculade monstre, dont émergeait, de temps à autre, une personne brandissant, au-dessus de la mêlée, tel un trophée, un sachet contenant du « dégué ».
Renseignement pris, l’objet de cette lutte acharnée n’était autre que le «dégué» de Djénéba Sidibé. A ce jour, cette même scène continue de plus belle à la même place. Une place qui a été cédée à Djénéba Sidibé par les promoteurs de l’ancienne papeterie «5 sur 5».
Il faut dire que la rigueur dont Djénéba Sidibé fait preuve dans son travail, son grand professionnalisme et surtout ses qualités humaines font que tout le monde se plie en quatre pour l’aider à progresser dans la vie. C’est cela même le secret de la réussite «Dégué Djénéba».
Dans son commerce, Dégué Djénéba voue un véritable culte à la propreté et à la qualité. A ce jour, elle emploie une dizaine de personnes, notamment des jeunes filles et jeunes femmes. Celles-ci travaillent en blouses blanches. Le port d’un couvre-chef, spécialement conçu pour qu’aucun cheveu ne tombe dans le «dégué» en préparation, est d’une rigueur absolue.
En outre, Djénéba suit elle-même rigoureusement le processus de fabrication du début à la fin. Et les jeunes filles sont obligées de reprendre, le nombre de fois nécessaire, les différentes phases de préparation, jusqu’à ce qu’aucun corps étranger ne soit perceptible dans le mil.
Son grand professionnalisme a valu à Djénéba Sidibé de figurer en 2011 sur la liste très sélective des femmes leaders BF. Et une réussite économique et sociale avérée. Elle s’est construit à Niamakoro une maison de grand standing. Sans compter qu’elle roule dans sa propre voiture. En bonne musulmane, elle a accompli son pèlerinage à la Mecque. Elle a également envoyé son mari Madany Diallo et son frère Sékou Sidibé sur les lieux de l’islam pour qu’ils honorent, eux aussi, le 5ème pilier de la religion musulmane.
«C’est une battante, qui est prête à partager avec tout le monde tout ce qu’elle gagne» dit d’elle Aminata Dramé dite Mimi, l’une de ses meilleurs amies. Pour la petite histoire, en plus de leur salaire mensuel, Djénéba octroie, chaque jour que Dieu fait, des petits cadeaux à ses employées. Accessoirement, à côte du «dégué duman», sa marque de fabrique, Djénéba Sidibé vend du couscous précuit, dans des sachets, facilement transformable en «dégué». Le grand rêve de Dégué Djénéba, c’est d’aller de l’avant en augmentant sa production au moyen d’équipements modernes. Pour l’aider à relever ce challenge, et en vue de mieux lutter contre la pauvreté, toutes les structures dédiées à l’autonomisation des femmes et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Yaya Sidibé
O R I G I N A L. Internaute à vos marque, non ?? S’il s’agissait d’un point politique ?????!!!!!!!!!!!
Merci Yaya cette plume est un véritable sujet de développement. En s’y mettant et sans grand moyen, il y a plein d’autres activités de réussite favorisant la valorisation de nos produits locaux.
Je suis temoin de la reussite de Djénéba dans la vente de “Dégué”. En 1990-91 je la croisais avec sa tasse sur la tête, qu’elle faisait descendre pour me vendre 50 ou 75 f de “Dégué”.
Commençons par le bas pour parfaire le sommet. Encore une fois merci monsieur le journaliste. O R I G I N A L.
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