Fatoumata Siré Diakité : Une militante engagée contre l’injustice

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La Maison de la Presse en collaboration avec Malitel a organisé le samedi 05 décembre 2015 dans ses locaux, la 3ème édition de Dialogue de Générations. Dans le souci de respecter la question du genre, l’invitée du jour était une femme leader du Mali. Il s’agit de Fatoumata Siré Diakité, présidente de l’Association  pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF).

Le Dialogue de Générations est une initiative de la Maison de la Presse en collaboration avec Malitel. Il a pour objectif de créer un cadre d’échanges entre les jeunes et les doyens qui constituent une référence dans l’administration, sur la scène politique et syndicale.

En plus des jeunes qui sont venus pour l’occasion, ce débat entre les générations a enregistré la présence des membres du bureau de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF).

Fatoumata Siré Diakité a rappelé que c’est l’éducation familiale qui a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Issue d’une famille polygame, Fatoumata Siré Diakité a laissé entendre qu’elle a grandi dans une famille dans laquelle, il y a beaucoup d’amour, de cohésion sociale, de l’attente, de l’entraide entre les enfants malgré que tous les enfants ne sont pas d’une même mère. Polygame avec trois femmes, l’invitée du jour a indiqué que l’éducation des enfants était primordiale pour son père. Elle dira que ses caractères rebelles ont commencé à partir du coup d’Etat de 1968 quand les porteurs d’uniformes obligeaient les populations à dire vive Moussa Traoré. Selon elle, elle disait toujours le contraire alors que sa famille vivait au Camp militaire de Kati et que son père servait l’hôpital de Kati.

« Depuis la fleur  de l’âge, je me suis dédiée à la recherche de la vérité, à la lutte contre l’injustice et la violence sur son prochain », dira-t-elle. Après avoir obtenu le baccalauréat, elle a été orientée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Mais selon elle, celle-ci était trop facile raison pour laquelle elle a demandé une réorientation pour aller à l’Ecole Normale Supérieure (ENSUP) où il y avait de la rigueur. Elle a été mise en filière russe, mais elle a finalement choisi la filière Anglais d’où elle est sortie comme Professeur d’Enseignement Secondaire, spécialité Anglais.

Après ses études supérieures, Fatoumata Siré Diakité a été mutée au Lycée Notre Dame du Niger, puis au Lycée de Dioïla où elle a eu comme élève Dr Oumar Mariko, actuellement député à l’Assemblée Nationale du Mali. Du Lycée de Dioïla, elle a été mutée au Lycée Prosper Kamara (LPK). C’est là où elle a commencé son combat de syndicaliste.

Devenue membre du bureau du comité syndical du LPK puis Secrétaire Générale dudit syndicat, elle sera membre du bureau Exécutif national du Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC) qu’elle va échelonner jusqu’à devenir au Secrétaire Générale. Ensuite, Fatoumata Siré Diakité est devenue membre du Bureau Exécutif National de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) en commençant par occuper le poste chargé de l’Education et la Promotion des Femmes. Au sein de ce bureau syndical national, elle s’est battue et a obtenu la création d’une commission consultative des femmes.

Combattante dès la fleur de l’âge, Fatoumata Siré Diakité n’a jamais reculé devant une difficulté. D’où son interpellation à plusieurs reprises à la Sécurité d’Etat (S.E). Fatoumata Siré Diakité a milité dans l’ADEMA Association et dans le CNID Association. A travers ces associations, elle a contribué à l’avènement de la Démocratie au Mali avec la chute du régime militaire de Moussa Traoré. En 1991, toujours dans l’objectif de lutter contre l’injustice, la violence et pour la vérité, Fatoumata Siré Diakité a décidé de créer l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF). En 2012, dès les premières heures du coup d’Etat, le Front pour la Démocratie et la République (FDR), un collectif anti-putsch, s’est formé et Fatoumata Siré Diakité assurait la vice-présidence.

Auparavant, Fatoumata Siré Diakité a été élevée en 1997, Chevalier de la légion d’honneur de France et Chevalier de l’Ordre National du Mali pour la Promotion de la Femme malienne. Mariée et mère de 4 enfants, Fatoumata Siré Diakité a été nommée l’Ambassadrice du Mali en Allemagne où elle a obtenu la distinction de meilleur ambassadeur africain d’Allemagne en 2008.

En réponse à la question portant sur l’adoption d’une loi accordant un quota de 30% aux femmes sur des listes électives des partis politiques lors des élections locales, l’ancienne diplomate a remercié le président de la République pour la réparation de cette injustice à l’égard des Maliennes. Elle a rappelé que cette attribution du quota de 30% aux femmes n’est qu’un début. Avant d’ajouter qu’elle est le fruit d’un long combat que les femmes leaders mènent depuis longtemps. Selon elle, les femmes doivent avoir plus mais, pour l’instant, elles vont se contenter de cela.

Auteur de plusieurs ouvrages, Fatoumata Siré Diakité a été et demeure une femme engagée. Elle n’a pas manqué de signaler qu’elle a toujours été et demeurera apolitique et son association aussi de son vivant. A l’en croire, l’APDF a, à son compte, deux femmes ministres et des parlementaires.

Au terme du débat, Fatoumata Siré Diakité a conseillé aux nouvelles générations de lutter toujours pour défendre leur conviction, leur dignité. « Dans un combat, il faut être toujours du côté de la vérité »,a-t-elle lancé. Avant d’inviter les jeunes à renoncer à la facilité et à avoir le Mali dans leur cœur.

Boubacar Diarra

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1 commentaire

  1. Du courage ma soeure ,dèfendre les droits des femmes dans une sociètè majoritairement musulmane et machiste de tradition n'est pas chose facile,espèrons que la jeunesse d'aujourdhui et de demain soient plus sensibles aux problèmes du genre.

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