Fatoumata Sidibé, 30 ans, est née en France. Sa mère, de Kita, et son père, de San, avaient quitté le Mali bien avant. Elle est l’aînée d’un frère et d’une sœur. Diplômée d’un BTS d’assistante de gestion PME/PMI, elle affiche déjà une expérience professionnelle riche et variée. Elle a travaillé au sein du groupe d’hôtellerie Accor et chez L’Oréal, où elle a mis en place le service Conciergerie, qui propose aux salariés de résoudre leurs soucis personnels quotidiens pendant qu’ils travaillent.
Après une formation en organisation d’événements, elle projette de créer un concept de «mariage clé en main» pour faciliter les diverses démarches des Maliens de l’extérieur qui souhaitent s’unir au Mali. Elle obtient le «Prix ID» décerné par Créo-Adam, association révélatrice de talents. Cela lui permet d’organiser un premier mariage. En 2012, la crise politico-sécuritaire qui prévaut au Mali rend la poursuite de l’entreprise impossible. Quand elle était enfant, sa mère et elle partaient de Villepinte, leur ville de banlieue à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale, en train et métro, pour faire les courses au marché africain de Château Rouge à Paris. Fatoumata aidait à porter les lourds sacs de riz et autres denrées. Elle en a gardé un souvenir cauchemardesque. Plus tard, quand elle a eu une voiture, sa mère et ses tantes la sollicitaient pour les conduire faire leurs achats. Il fallait soulager les mamans. Les résidents en France avaient besoin d’un service à distance. C’est ainsi que le premier volet de E-Market Africa a germé dans l’esprit de Fatoumata.
Les Maliens de l’extérieur devaient pouvoir commander via internet, et se faire livrer à domicile, les produits alimentaires et les surgelés Halal qu’ils consommaient. Le projet d’un cybermarché spécifiquement africain était né. Il serait décliné en 3 gammes : taille «solo» (pour les célibataires), «familiale» (pour 4 à 5 personnes), et «tribu».
L’idée du deuxième volet a émergé d’un constat. Les taxes élevées imposées par les institutions de transfert d’argent sont certes regrettables, car elles diminuent les capacités financières d’aide au développement des migrants, mais il s’agit d’autre chose. Les Maliens de l’extérieur ont compris que ce qu’ils envoient régulièrement, n’est pas toujours consacré, en priorité, à l’achat de la nourriture, puisqu’on leur en demande encore et encore. E-Market Africa se devait donc de permettre à la diaspora, quel que soit son continent de résidence, de veiller elle-même à ce que, d’abord et avant tout, son soutien mensuel assure les besoins alimentaires de la famille au pays.
Pour le petit déjeuner, le déjeuner ou le dîner, ceux de l’extérieur commanderaient, via le site internet, des packs de denrées de base pour leurs parents à Bamako qui, eux, n’auraient plus qu’à les cuisiner après livraison à leur domicile. Les quantités proposées dans chaque pack seraient évidemment adaptées à la composition des familles maliennes, c’est-à-dire, par exemple, ce serait des sacs de riz de 50 ou 100kg.
En octobre 2013, Fatoumata gagne le Prix «Talents des Cités» pour ce projet. Il est maintenant parrainé par la société de téléphonie SFR. La phase pilote de E-Market Africa a immédiatement été lancée pour le département de Seine St Denis (93). Mais, il faut du temps pour faire face à la logistique, la conservation et la livraison, qui sont très réglementées en France. Aujourd’hui, E-Market Africa s’installe, grâce au soutien de SFR, à Tremblay-en-France (93), dans 120m2, répartis sur 2 étages. Les bureaux et les locaux de stockage, avec congélateurs et chambres froides, sont en phase terminale d’aménagement. Une rupture du jeûne y sera organisée. Une offre «spéciale Ramadan» sera disponible, avec livraison dans les départements limitrophes, pour les dix derniers jours du mois, et, bien sûr, pour la fête de l’Aïd. L’inauguration officielle aura lieu en octobre prochain.
Pour le moment, à Tremblay, Fatoumata assure seule le démarrage de E-Market Africa. Il lui faudra constituer une équipe pour répartir les tâches administratives, l’achat des produits, le conditionnement et la livraison. En août, elle partira à Bamako pour la mise en route de la structure, dont David Kouma, gérant du groupe ADK, est le représentant légal au Mali, afin de commencer l’approvisionnement pour la livraison aux familles bamakoises des commandes passées par les Maliens de l’extérieur.
E-Market Africa Mali, en partenariat avec SDK Digital Lab, vient de remporter le 3ème Prix du «Challenge API Orange Partenaires». Ce nouveau succès va permettre à ceux qui, au Mali, n’ont ni compte bancaire ni accès à l’internet, de commander et payer les packs E-Market Africa depuis leur mobile Orange, et d’être livrés à domicile.
Fatoumata a fait le pari de ne pas solliciter d’emprunt bancaire. Elle préfère présenter ses projets à divers concours. Son esprit entreprenant et innovant lui a déjà permis de décrocher plusieurs Prix et d’obtenir des partenariats. En France, elle est appuyée par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, et est soutenue par la Communauté d’agglomération «Terres de France».
De plus, sa start-up E-Market Africa est «incubée» dans l’incubateur social «StandUp HEC» de la prestigieuse école HEC (Hautes Etudes Commerciales) qui accompagne les jeunes entrepreneurs des «territoires en grande difficulté des quartiers». Très active socialement à l’échelle locale, Fatoumata valorise l’entreprenariat féminin et symbolise tout le potentiel dont regorgent les «quartiers». E-Market Africa à Tremblay en France et au Mali, sera créatrice d’emplois ; ce qui participera, sans aucun doute, au développement humain.
Débordante d’idées et de concepts, Fatoumata élargira certainement dans l’avenir ses domaines d’action aux autres besoins que ressentent les diasporas et leurs familles au pays. Enfant, elle souffrait de sa double culture, comme beaucoup de jeunes afro-descendants. En France, elle était vue comme étrangère à cause de la couleur de sa peau ; et au Mali, elle était considérée comme étrangère, car elle était Française. Elle était perdue. La création de E-Market Africa lui permet aujourd’hui de pleinement s’assumer dans ses deux pays. Sa double culture a cessé d’être un frein. Fatoumata en a fait une force.
Elle dédicace l’ensemble de ses succès à son père et à sa mère qui ont tout quitté pour chercher une vie meilleure. Leur sacrifice a été couronné de succès. Fonctionnaires modestes, ils ont encouragé leurs enfants dans leurs études, soutenu la famille au pays et sont devenus propriétaires de leur maison. Elle est fière de leur rendre hommage par sa réussite tant scolaire que professionnelle. Nous souhaitons succès et longue vie à Fatoumata Sidibé et à E-Market Africa !
Françoise WASSERVOGEL
Félicitations et courage à cette jeune femme qui mérite réellement de réussir dans son projet!!!
Persévèrer et croire en ses rêves pour qu ils deviennent réalité !!!!!!
Tous avec vous Mlle sidibe et longue vie a Emarket Africa.
Bravo !!
Respect à cette femme admirable un exemple pour la jeunesse !
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