FANI “DJOMINE” : La sauvegarde de l’unité et la préservation de la cohésion sociale

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Instituée depuis des siècles, la fête traditionnelle “Djominé” de Fani, dans l’ex-arrondissement de Yangasso (cercle de Bla) contribue à l’harmonisation du tissu social et le partage de la richesse culturelle entre les gardiens de la tradition et les participants.

 Du jeudi 16 au vendredi 17 novembre 2017, ont eu lieu les festivités du “Djominé” à Fani, une localité située à environ 20 km de Yangasso. Cette rencontre annuelle a été célébrée en trois étapes sous le signe de la stabilité et de l’unité nationale.

Dans la matinée du jeudi, une délégation conduite par le jeune artiste Mamadou Dembélé dit Dabara était sur le site Djominé, un endroit symbolique où résident les génies protecteurs du village pour se recueillir sur les tombes d’illustres disparus.

“Aux dires des vieillards, le village de Fani, tout comme plusieurs d’ailleurs, a été fondé par les chasseurs. Sachant que la vie est une alternance de santé et de maladie, les fondateurs ont préservé la forêt pour tout besoin sanitaire”, note Mamadou Dembélé dit Dabara. Selon lui, ils profitaient de la nuit Djominé pour se renseigner sur la nouvelle année.

“Après les prières et consultations, ils venaient arracher les arbres indiquées dans les sacrifices des génies protecteurs.  Chaque arbre répondait à l’appel du besoin. C’est pourquoi Fani était à l’abri de certaines catastrophes naturelles et des maladies épidémiologiques des enfants. C’est la seule richesse que nous avons tous en commun ici… Les participants venaient s’en servir selon leur besoin”, ajoute-il.

Cette étape a été suivie par les sacrifices par un gardien de la tradition, Tiédjougou Dembélé, implorant la Miséricorde d’Allah. Selon Tiédjougou Dembélé, c’est une étape importante dans la célébration de Djominé. “Tout homme sur terre doit reconnaitre l’unicité et la gloire de Dieu. Comme nous sommes des êtres imparfaits, nous tentons d’imiter ce que les ancêtres ont initié pour le bonheur des participants au cours de la nouvelle année. Par sa grâce, beaucoup de vœux sont exaucés. C’est pourquoi nous avons l’intime conviction que malgré le développement socioéconomique et le brassage culturelle, la tradition joue un rôle important. C’est ce qui nous appartient”.

 

Harmonisation du tissu social

Si la visite du site Djominé et les sacrifices sont importants, la distribution de l’eau sacrée des trois canaris demeure une partie intégrante du rite. Après toutes les manifestations, les gardiens de la société sécrète ont procédé au partage du contenu des trois canaris du village. Sans distinction de race, de religion et de couleur, les notables ainsi que les étrangers ont été servis.

Pour les participants, cette fête n’est pas sélective et se met au-dessus de toute considération sociale. “Je pense que cette fête fait partie des patrimoines à immortaliser dans notre pays puisqu’elle joue un rôle d’harmonisation du tissu social et le partage de la richesse culturelle entre les gardiens de la tradition et les participants. Chaque année que je viens ici, c’est un changement que je constate. Au-delà de l’initiation des rites et du vivre ensemble, nous devons tous contribuer à la pérennisation de cette fête initiée depuis des centaines d’années”, soutient Boubacar Bambéra, participant.

Bréhima Sogoba

Envoyé spécial

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