« Bonjour à tous les lecteurs du journal ‘’Le Flambeau’’ et internautes de Maliweb. Je m’excuse vraiment pour l’histoire que je vais raconter. C’est une histoire peut-être peu décente, mais que je ne pouvais en aucun cas garder encore longtemps face à cette rubrique dénommée ‘’les coups de la vie’’. Je suis une fille plutôt têtue et je ne faisais qu’à ma tête. Je suis une nigérienne, musulmane et pratiquante. Malgré que je ne m’amuse jamais avec la prière, je buvais de l’alcool. Je me vendais aussi à n’importe quel homme qui me draguait, et cela depuis l’âge de 16 ans …
Actuellement à 26 ans, je suis assistante de direction dans une société de la place. Issue d’une famille pauvre, je m’occupais de moi-même et de ma famille. Cette situation m’a poussé à prendre le chemin de la vie facile, je sortais avec les hommes seulement pour de l’argent et pouvoir satisfaire mon quotidien c’est à dire payer mes études et celles de mon frère. Donc au jour le jour, je vivais cette situation de débauche et la vie continuait. J’ai pu payer mon école et aider ma famille. Je n’avais pas le temps pour les sentiments car j’avais toujours d’autres objectifs à viser.
Mais le bon dieu ne fait jamais les choses au hasard ! J’avais connu un homme en 2009, qui s’appelais AZ. C’était le coup de foudre, donc j’ai été claire avec lui. Je lui ai tout raconté sur la vie que je menais, car dans une relation sérieuse vaut mieux être claire. J’avais arrêté ma sale vie pour me consacrer à mon amour car il ne supportait plus mes sorties. On n’a passé du bon temps ensemble. On se partageait tout. On n’a même fait un concubinage de 6 mois à l’insu de nos deux familles. Après nous avons arrêté pour consacrer notre temps à la recherche d’emploi car on avait un projet de mariage.
Comme des roulettes, AZ a pu décrocher un emploi dans une grande société de la place. Entre temps moi aussi j’en ai eu. On vivait donc l’amour parfait. Nous avions même commencé les démarches pour le mariage. Tout le monde nous connaissait ensemble, on était presque du même sang. Il était mon seul ami, mon confident et mon amour et vice versa. On s’aidait tout le temps et on surmontait tous les obstacles. Nous ne nous sommes jamais discutés. Personne n’a essayé de nous séparer car c’était perdu d’avance, on ne pouvait faire 2 jours sans se voir.
Un jour, AZ m’a prévenu de l’arrivée de la dote. Aussitôt, la première idée qui m’est venue en tête était donc de faire mon test de dépistage pour me rassurer que j’allais bien et que mon passé ne m’avait pas rattrapé. J’étais consciente des gaffes que j’avais commise dans ma vie et j’avais peur de m’être contaminer. Je suis allée, un jour, moi-même faire le test sans lui et sans son avis. Les résultats se sont avérés positifs et j’étais infectée par le SIDA. C’était comme si, toute ma vie venait de s’écrouler. Malgré les conseils et l’espoir du docteur qui tentait de m’expliquer qu’avec un bon traitement personne ne se rendrait compte de ma situation, j’étais abasourdie.
Dès que je suis sortie du centre, j’ai appelé la seule personne à qui j’avais confiance AZ. Dois-je lui dire la vérité ou non ? Devrais-je attendre après le mariage ou maintenant ? Telles étaient les questions que je me posais sans cesse. Finalement je pris ma décision : le lui dire. Quand je lui ai dit, il s’est mis à pleurer. Je lui ai demandé à ce qu’il fasse son test pour savoir si je ne l’avais pas contaminé. Il accepta et nous sommes allés directement au centre. Heureusement, il était séronégatif. Malgré ma situation, j’étais toute heureuse de savoir que lui n’avait pas été atteint. Le docteur nous a demandé combien d’années on avait vécu ensemble. Nous lui répondît, 2 ans et que tous nos rapports se faisaient sans préservatifs. Il nous expliqua que je ne suis pas contagieuse car avec 2 ans d’intimité, je devrais le contaminer. Mais pour plus de précaution, il demanda à AZ de reprendre son test dans 3 mois.
Quand à moi, je devais faire mon test pour le niveau de mon CD4. Après ce test, j étais à 420 CD4 alors qu’une personne bien portante doit avoir 1000 CD4. Le docteur m’a donc expliqué que chaque année une personne contaminée diminue de 50% de CD4, ce qui veut dire que mon infection au VIH SIDA remonte à 5 ans. Il m’a également fait savoir que je n’étais pas obligé de commencer le traitement car mes CD4 sont élevés et qu’ il me fallait en moyenne 350 CD4 pour être placée sous antirétroviraux. Toutes ces discussions se sont passées en présence de mon fiancé AZ.
Une fois de retour à la maison, il m’a fait savoir qu’il voulait m’épouser non pas parce que je suis malade, mais parce qu’il m’aime et qu’il tient beaucoup à moi. J’ai accepté et il m’a doté. Il m’a demandé d’en parler avec ma famille. Je n’en pouvais pas. Alors il m’a supplié d’en parler au moins avec ma sœur, chose que j’ai faite, donc on était 3 à savoir ma maladie.
La vie continuait…3 mois plus tard, AZ a repris son test et il était toujours séronégatif. Quand à moi j’avais refait mon CD4 et j’en étais à 617 d’où une nette amélioration de mon état de santé. Cette stabilité a été acquise avec le soutien constant de ma sœur et AZ. Le docteur m’a néanmoins conseillé qu’après le mariage et en cas de grossesse, je devrais être mise sous traitement ARV pour la santé de l’enfant.
Les choses allaient si bien, qu’on avait fixé le mariage pour le 24 juillet dernier. Tout était prêt pour le mariage, jusqu’à ce que je remarque un changement soudain de la part de celui que j’aimais. Il était très triste, comme s’il n’était pas content du mariage. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a fait savoir qu’il pensait à ses parents qui étaient tous deux décédés.
À une semaine du mariage, AZ n’avait toujours pas amené les cartes du mariage. Quand je l’ai appelé, il me répondît « Je suis vraiment navré. Tu est tout pour moi et saches que tu peux compter sur moi pour tout ce dont tu auras besoin ».
Surprise, je compris aussitôt le message qu’il venait de me lancer. Je lui posai la question suivante : C’est à cause de ma santé que tu renonces à moi ? Pourquoi maintenant ? Je n’ai eu aucune réponse. C’était comme si, je venais de recevoir une bombe en pleine figure. J’ai passé toute la nuit à pleurer. Il a expliqué à ma tante mon état de santé. Cette dernière en a parlé avec ma maman. Elles étaient toutes les deux bouleversées. Ma maman m’en voulait car je le lui avais caché. Mon papa aussi était au courant et toutes nos deux familles. Je suis consciente de toutes mes bêtises. La preuve en est que j’ai été sincère avec AZ en lui avouant tout ce que j’avais fait dans le passé. Mais je me demande aujourd’hui pourquoi il m’a accepté et rejeté à la dernière minute, m’humiliant ainsi ?
Le docteur m’a dit qu’il m aimait et que l’annulation du mariage ne venait pas de lui mais de sa famille. Je ne suis pas contre le fait qu’il ait décidé de me quitter, c’est plutôt la manière qui me choque. Je n’arrive toujours pas à croire ce qu’il m’a fait. J’avais confiance en lui et je l’en veux pour m’avoir quitté en m’humiliant ainsi. Son comportement a été lâche et quelque soit ce que j’avais fait, je ne méritais pas cela car j’ai été sincère avec lui et j’aurais pu lui cacher mon état.
De toutes les façons, c’est mon destin et je l’ai bien mérité. Je n’en veux personne pour ce dont je suis, car c’est la décision du bon dieu, je ne peux que l’accepter et me repentir. Si un lecteur veut me juger, qu’il le fasse et me dise tout ce qu’il a sur le cœur. Si j’ai décidé de partager cette histoire avec les lecteurs du Journal ‘’Le Flambeau’’ et les internautes de Maliweb, c’est pour mon propre procès. Je passe tout mon temps à pleurer après tout ce qui m’ait arrivé et ce qui me fait le plus mal est que mon entourage sache mon secret. Aujourd’hui, tout mon entourage sait que c’est à cause de ma maladie que mon fiancé a annulé notre mariage. Cela me blesse, mais que faire, je n’y peux rien, c’est mon destin.
Je suis actuellement en pleine forme malgré le traumatisme que j’ai subit. J’ai ma famille qui me soutien constamment. Je travaille, je gagne mon quotidien, bref je ne manque de rien. Je ne suis toujours pas sous ARV, mon CD4 est à 678 actuellement. Voilà chers lecteurs du Journal ‘’Le Flambeau’’ et internautes de Maliweb ma sale histoire. J’ai voulu la partager avec vous afin que mes sœurs ne commettent la même erreur que moi. Dans mon passé, j’ai fais de mon corps un fonds de commerce. Revenue à la raison, après avoir abandonné mes mauvaises habitudes, ce même passé me rattrape et gâche mon présent. Quel avenir le futur me réserve ? Dieu seul sait. Merci à la rédaction du Journal ‘’Le Flambeau’’ pour cette opportunité. J’ai appris que c’est un journal qui est animé par les étudiants maliens. Je vous souhaite beaucoup de chance dans cette rubrique car elle permet à chaque lecteur de se soulager et partager son histoire avec d’autres personnes afin de bénéficier de conseils ».
NB : Cette histoire réelle nous a été envoyée par une internaute de Maliweb. Tout en remerciant les lecteurs pour l’intérêt particulier qu’ils accordent à cette rubrique à travers les témoignages sur le net et notre adresse email, la rédaction du Journal ‘’Le Flambeau’’ se réjouit des réactions des uns et des autres. Par ailleurs nous invitons tous les lecteurs à soutenir ces hommes et femmes, à travers les conseils et critiques, afin de les aider à mieux surmonter leurs problèmes. Envoyez vous aussi votre histoire à l’adresse : journal_leflambeau@yahoo.fr ou rentrer en contact avec la rédaction.
LA REDACTION