A quelques encablures du mois de carême, le prix des produits de grande consommation a commencé à prendre son envol sans que les associations de consommateurs ne lèvent le petit doigt pour interpeller le gouvernement.
En dépit de l’occupation de notre territoire par les forces occidentales préoccupées par le profit que le bien- être des populations et soutenues dans cette action dévastatrice par les laquais maliens tapis dans l’ombre pour se partager les marchés des ennemis du peuple malien, le gouvernement malien, dirigé par le Premier ministre, Modibo Keïta, soucieux de son enrichissement illicite, ne ménage aucun effort pour atténuer la souffrance des Maliens. Pourtant, les choses ne doivent pas être restées ainsi. Dans la mesure où, il a toutes les cartes en mains pour que les prix des produits de première nécessité soient à la portée des consommateurs maliens.
Or, il n’y a pas longtemps, en 2012, le gouvernement de transition, sous la direction de Cheick Modibo Diarra, a non seulement stabilisé les prix mais aussi les Maliens ont senti une légère baisse des prix de certains produits de grande consommation. Et cela, avant, durant et après le mois de carême de l’année du coup d’Etat contre le général ATT.
Les mesures prises par le gouvernement pour que les prix baissent à la grande satisfaction des consommateurs, ont fait savoir aux Maliens qu’il suffit d’une bonne volonté des autorités en charge du commerce pour que les prix des marchandises soient à la portée de toutes les couches sociales de notre pays.
C’est sur cette note d’espoir de baisse de prix et de la restauration de l’autorité de l’Etat qu’intervenue la présidentielle de 2013. Mais depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, l’homme sur lequel le peuple malien a placé sa confiance, le changement n’est plus au cœur des priorités dont il s’était engagé à le concrétiser dès sa prise de fonction et en gravissant les marches de Koulouba. Cette volte-face, on le sent dans son comportement de tous les jours. Et depuis que le président IBK s’est confortablement assis dans le fauteuil présidentiel, s’entourant d’une horde de laudateurs et de béni oui oui qui tremblent à son moindre geste, le Mali est sur la voie de devenir un Etat néant. Il suffit de faire un tour dans les services publics pour se rendre compte que les principes qui fondent un Etat ont presque cessé d’exister.
En lieu et place, les agents de l’Etat ont instauré leur propre système de gouvernance qui s’appuie sur leur enrichissement illicite et le vol crapuleux des biens de l’Etat qui se retrouvent sur les différents marchés de Bamako. Il ne se passe pas de semaine sans que la presse ne parle de vol d’un tel matériel dans une structure étatique. Le dernier en date est le vol des ordinateurs à l’AMAP. Les présumés voleurs arrêtés, auraient été libérés à la suite de fortes pressions venant d’en haut. Quel pays voulons- nous construire enfin ?
L’impunité aidant, les Maliens se croient tout permis. Chacun pense que son heure est arrivée et dans cette course effrénée à l’argent facile, tous les moyens sont bons pour s’enrichir afin d’intégrer la classe moyenne, consommatrice des produits pourris venant d’Europe et vendus à prix d’or. Ainsi, la recherche du gain facile a tué chez les Maliens les valeurs morales d’abnégation, d’intégrité, de probité, d’honnêteté, de résistance… mais aussi de former un front commun pour affronter l’ennemi partout où il pointe le nez. Les quelques rares Maliens qui s’accrochent encore à ces valeurs sont traités de tous les noms d’oiseaux.
C’est dans cette atmosphère de non Etat que les fonctionnaires déguisés en commerçants profitent pour fixer leur propre prix. Ces commerçants de circonstance ou d’un jour, bénéficiant de solides soutiens dans l’appareil d’Etat, sont à la base de cette surenchère. Déjà, à quelques semaines du mois de carême, les prix des produits sont en train de prendre l’ascenseur. Le sac du sucre est déjà passé à 25.000 FCFA.
Alors que sur le marché mondial, le prix du sucre n’a connu aucune variation. Et dans notre pays, on ne pourra pas parler d’aucune situation particulière pour que le sac du sucre soit cédé à 25.000 FCFA. D’autant plus que le prix du litre d’essence à la pompe connaisse une baisse.
L’augmentation des prix des produits se passe dans notre pays comme s’il n’existe pas de société civile pour défendre la cause des consommateurs. C’est loin d’être le cas dans notre pays où la création des organisations est à la mode. Elles, les associations de consommateurs, sont là. Mais il reste à savoir si elles ont été créées pour jouer leur rôle de contre pouvoir ou de satisfaire leurs intérêts personnels des initiateurs des regroupements.
Pour notre cas, on peut dire qu’elles ont été mises sur les fonts baptismaux pour des intérêts personnels. Elles n’ont jusque- là depuis leur création à nos jours aucun bilan à leur tableau de chasse. La raison est simple : certains responsables ont préféré les nominations dans les conseils d’administration des sociétés et entreprises d’Etat que de se porter en défenseurs des consommateurs abandonnés à leur propre sort. Cette situation n’est pas de nature à faire sortir les consommateurs des griffes des commerçants qui ne songent qu’à leurs poches.
Il est temps que les associations des consommateurs maliens prennent l’exemple sur celles de la Côte d’Ivoire qui ont poussé leur président, Alassane Dramane Ouattara, jusque dans son dernier retranchement. Face à la menace des associations de prendre la rue, il a été obligé de renoncer à l’augmentation de 16% sur le tarif d’électricité au lieu de lutter pour des postes. La bonne nouvelle a été annoncée aux Ivoiriens lors de la fête du travail, le 1er mai.
Si les associations restent dans cette posture de se préoccuper de leurs responsables, les consommateurs doivent prendre leur destinée en mains pour mettre fin à cette augmentation sauvage des prix des produits de grande consommation. Et cala au grand bonheur des Maliens.
Yoro SOW