Face à l’embargo de la CEDEAO : L’unité retrouvée d’un peuple désireux de reprendre son destin en main

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Après les sanctions prise le 9 janvier 2022 à Accra (Ghana) par les dirigeants de la Cédéao et de l’Uémoa, les Maliens voulaient démontrer au monde entier qu’ils ont aussi leur mot à dire sur la transition en cours parce qu’ils tiennent plus à leur pays qu’à des élections bâclées. Et ce pari est gagné après la très forte mobilisation du vendredi dernier (14 janvier 2022) à Bamako et dans presque toutes les villes de l’intérieur.

 

Une démonstration de force à la hauteur de l’affront des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) ! C’est ce qu’avaient souhaité les autorités de transition ! Et elles ont été bien servies par les Maliens qui ont été massivement au rendez-vous aussi bien à Bamako que dans les villes de l’intérieur.

Et même les communautés sénégalaises, burkinabé, ivoiriennes… résidant dans notre pays ne sont pas restées en marge de cette mobilisation historique qui a sans doute battu tous les records de rassemblement sur la Place de l’Indépendance de la capitale. «J’ai 50 ans aujourd’hui. Et à part les années où le 22 septembre était célébré avec faste, je n’ai jamais vu un tel rassemblement à Kadiolo», a témoigné un habitant de la capitale du Folona.

Des millions de Maliens se sont mobilisés ce vendredi à Bamako et dans les villes de l’intérieur pour soutenir les autorités de la transition et protester contre les sanctions prises le 9 janvier dernier à Accra (Ghana) par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Pour le gouvernement malien, qui a appelé à cette mobilisation, il s’agit d’une «marche de soutien à l’armée et à la transition pour la renaissance du Mali».

Dans la capitale malienne, des milliers de personnes ont donc occupé la Place de l’Indépendance prise d’assaut dès le milieu de la matinée par les manifestants brandissant des drapeaux du Mali, de la Chine, de la Russie ainsi que des pancartes portant des slogans forts comme «A bas la Cédéao», «Vive l’armée malienne», «le peuple malien soutient son armée»… A Bamako et dans de nombreuses villes de l’intérieur, des manifestants ont aussi réclamé le retour au franc malien, la monnaie du pays entre le 1er juillet 1962 et le 1er juillet 1984. Plusieurs organisations sociopolitiques, des partis politiques de tout bord, de la société civile ont pris part à cette manifestation qui a aussi enregistré la présence du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et des membres de son gouvernement ainsi que du Conseil national de transition (CNT).

 

Un message fort à l’adresse de la Cédéao et de la France

«C’est un message fort que nous voulons envoyer aujourd’hui à la France qui se cache derrière la Cédéao et la communauté internationale pour régler ses comptes avec notre pays. Elle saura aujourd’hui que le peuple est derrière les autorités actuelles dans la conduite des actions pour le rétablissement de la sécurité et la refondation du Mali», a martelé S. Traoré, un professeur d’université. «Nous sommes là pour clouer le bec aux ennemis de notre pays qui mettent en cause la légitimité de la junte militaire pour mettre en œuvre les réformes qu’elle a initiées pour relever le Mali», a précisé Hawa Doumbia, étudiante.

Pour de nombreux interlocuteurs, le peuple n’est pas pressé d’aller aux élections parce que conscient que sans des réformes en profondeur, des «politiciens vont continuer à piller nos richesses». Et pour ce manifestant, «nos partis politiques sont à l’image de la Cédéao. Ils ne font que diriger le Mali sous les directives de la France et de ses alliés occidentaux».

«Que la CEDEAO n’oublie pas surtout que si ces jeunes officiers ont été contraints de prendre le pouvoir, c’est parce qu’IBK (Ibrahim Boubacar Keïta renversé le 18 août 2020 par la junte militaire) a truqué les élections pour se maintenir au pouvoir en 2018. Et en 2020, il a organisé des élections législatives plus que contestées. Et ils veulent encore nous pousser à aller aux élections pour que les mêmes causes produisent les mêmes effets», a rappelé un activiste-influenceur.

 

Fidèle à la tradition, le Mali demeure ouvert au dialogue

Si dans leurs interventions le porte-parole du gouvernement et le ministre de la Refondation ont fustigé les sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa, ils ont néanmoins rassuré les populations sur la volonté des autorités maliennes à trouver «une solution diligente» à cette nouvelle crise.

Le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga dans un élan très populiste, a donné la même assurance à la foule tout en rappelant que les Maliens auront désormais leur mot à dire dans la gestion de leur transition et plus tard de leur pays. Il a aussi affirmé que, en 7 mois, la transition a équipé les Forces armées maliennes (FAMa) mieux que lors des 20 dernières années. Ce qui, selon lui, a entraîné la montée en puissance des FAMa. Et dans la foulée, Dr Maïga a annoncé que «des terroristes, dont certains sont originaires des pays de la Cédéao, ont été capturés et sont entre les mains des autorités maliennes».

La mobilisation s’est poursuivie dans les rues des quartiers de la capitale encore animés en début de soirée par des concerts de klaxons de motos et de voitures ainsi que des vuvuzelas. Et lors de la prière du vendredi, des bénédictions ont été faites dans presque toutes les mosquées pour implorer la grâce du Tout Puissant, le Très Miséricordieux, pour aider le Mali à sortir enfin de l’impasse dans laquelle il a été plongé par cette crise multidimensionnelle.

Cette forte mobilisation a été précédée dans la matinée par le Conseil supérieur de la défense nationale au cours duquel le président de transition malien, colonel Assimi Goïta, a validé le plan de riposte adopté par son gouvernement face aux sanctions de la Cédéao et de l’Uémoa. Selon le porte-parole du gouvernement malien, Colonel Abdoulaye Maïga, il s’agit d’un plan exhaustif qui «essaie de prendre en compte les priorités et les préoccupations de nos populations en termes d’approvisionnement en produits de première nécessité». Ce «plan transversal» comporte plusieurs composantes qui portent sur des questions diplomatiques, géopolitiques, économiques et financières ainsi que des questions sociales.

Moussa Bolly

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