La motocyclette, communément appelé « Moto », serait intimement liée à la vie des maliens, même si notre pays n’en fabrique pas. L’autre dirait entre la moto et les maliens, c’est une longue histoire. Et, c’est pour interroger cette histoire que la Médina Art, a initié cette exposition dans le cadre de la célébration du deuxième anniversaire de son existence. Mais aussi, pour dire qu’en période ordinaire, chaque deux ans, en novembre Bamako est le point de convergence de ce que l’Afrique compte de photographes excellents, à la faveur des rencontres africaines de la photographie.
A défaut de la célèbre rencontre africaine de la photographie que Bamako abrite chaque deux ans en novembre, les amoureux des images pourront faire un tour à la Medina, en face de l’ECICA. La Medina Art, dans le cadre de la célébration de son deuxième anniversaire, a décidé de la faire avec les « deux roues ». La moto y est à l’honneur dans une exposition dénommée « Mali Moto ». Souvenir pour souvenir, l’on verra des photographies de motos qui ne sont plus usinées, mais qui ont fait le bonheur de temps de Maliens. Ces motos anciennes, même si elles n’ont plus la capacité d’arpenter les collines et ruelles de la capitale malienne, ont toujours de la valeur pour leurs détenteurs, ou plutôt pour leurs détentrices. En effet, les maris propriétaires de ces motos n’étant plus, pour la plupart, de ce monde, elles sont détenues en souvenir de leurs épouses, qu’elles sûrement retrouvent en ces engins, leur tendre moitié. En tout cas dans toutes les photographies exposées, cette approche du photographe Soungalo Mallet, ne laissera aucun visiteur indifférent. Il a eu la merveilleuse idée de faire interroger par son objectif, ce qui pourrait lier ces épouses aux motos de leurs maris disparus. Et, à voir les photographies, malgré la poussière, les épouses ont une fierté à poser avec les motos, symbolisant leurs époux.
Tous ceux qui auront la chance de passer par la Medina, en plus des photographies de motos exposées, pourront voir des motos d’époque, qui ont sûrement aujourd’hui leur place dans un Musée. Et, du coup on se rend compte que ce n’est pas avec les « Jakarta » que la moto a eu de la valeur au Mali. « Yaoundé 72, les cadeaux offerts aux Aigles de l ‘équipe nationale de football du Mali sont des mobylettes ‘’CT’’, après leur brillante participation à la coupe d’Afrique des Nations au Cameroun », nous a indiqué Igo Diarra, le Commissaire de l’exposition. Avant d’ajouter qu’à Bamako et un peu partout au Mali, il y a eu des « grins » qui ont porté le nom de certaines marques de motos, comme « CG Grin ». Tout comme des carrés qu’on appelait « Honda Carré ».
Mais, au delà de la célébration de cette histoire qui lie le malien à la moto, Igo Diarra estime que « l’engament de cette exposition est de mettre au cœur du débat la réflexion sur la création d’une Moto made in Mali, challenge pour nos designers et scientifiques avec une forte implication politique ». Se souvenant que la Medina arts et culture a ouvert ses portes pendant les 9ème Rencontres de la photographie Africaine, le commissaire de l’exposition n’hésitera pas à dire qu’il fait de la résistance. « Cette année, cette belle fête de la photographie continentale a été annulée à cause de cette crise malienne, donc il est important pour nous de faire de la résistance, de donner l ‘occasion aux Photographes d’exprimer leur talents », a-t-il déclaré.
Dans sa résistance, Igo Diarra et la Medina arts et culture, vous convie à une balade dans l’univers et avec ce que notre pays a connu comme marques de motos : solex, Cenetini, Simson, Camico, motobecane, Vespa, P50, Ninja, BBRS, piagio, CT, Yamaha 100, CG, Yamaha mate, Yamaha Dame, double Ba, jarkata….Etc.
Assane Koné