La quasi-totalité des victimes sont des filles (98.5%), rencontrées dans des villes servant de transit ou de destination pour les touristes et dont l’âge moyen varie entre 12 et 17 ans
L’ONG luxembourgeoise a lancé, le vendredi 06 octobre dernier à la Maison de la Presse, le premier rapport global de suivi de la mise en œuvre des actions de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales (ESEC). C’était sous la présidence de la coordinatrice ECPAT Luxembourg-Mali, Mme Fabianne Diakité Grojean, accompagnée du représentant de la direction nationale de la promotion de l’enfant et de la famille ainsi que des représentants de la société civile et des notabilités. Le rapport global de suivi de la mise en œuvre des actions de lutte contre l’exploitation sexuelle à des fins commerciales est un document-clé pour l’ONG. Il permet de faire un état des lieux de l’action des gouvernements, en partenariat avec les organisations de la société civile visant à protéger les enfants contre l’ESEC.
Selon la coordinatrice de l’ONG ECPAT, le document doit contribuer au renforcement de tout l’environnement protecteur de l’enfant, avant de mettre l’accent sur la nécessité d’élaboration d’un plan stratégique sur la question dans le prochain plan quinquennal du ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Aussi, il s’agira, selon elle, d’inclure des actions de prévention dans les plans d’action nationaux des ministères pertinents ; de mettre en place un réseau officiel des acteurs ; de vulgariser la loi de 2012 relative à la traite dans tous les tribunaux du Mali.
Selon le rapport, le Mali est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite à des fins sexuelles. L’étude d’ECPAT Luxembourg révèle que le phénomène apparaît le plus souvent dans le cas de migrations internes des zones rurales vers les zones urbaines pour des raisons économiques. Aussi, les enfants victimes d’exploitation sexuelle dans la prostitution sont le plus souvent issus de milieux sociaux défavorisés, analphabètes ou déscolarisés, de mauvais traitements physiques et psychotiques les rendant plus vulnérables à l’exploitation sexuelle. Les enfants victimes de prostitution sont davantage des filles (94.7%) dont l’âge moyen est de 15 ans, révèle le rapport.
Le rapport relève également que l’exploitation sexuelle des enfants dans le cadre des voyages et du tourisme est la 2ème plus importante forme de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales au Mali. La quasi-totalité des victimes sont des filles (98.5%), rencontrées dans des villes servant de transit ou de destination pour les touristes. L’âge moyen de ces enfants victimes varie entre 12 et 17 ans et la majorité d’entre eux n’ont aucune source de revenus.
Rappelons que la problématique de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales ne fut mise en exergue qu’à partir de 2007 avec la présence d’ECPAT Luxembourg-Mali et ses différents projets, notamment l’unique étude quantitative et qualitative sur la question réalisée en 2014. Cette étude révèle que la situation familiale et les conditions économiques précaires sont les principales causes des situations de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, qui sévit sous différentes formes.
Daniel KOURIBA