La coordination ECPAT Luxembourg-Mali a organisé une conférence de presse de lancement du premier rapport global de suivi de la mise en œuvre des actions de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales. C’était sous la houlette de la coordinatrice ECPAT Luxembourg-Mali, Fabianne Diakité Grojean, accompagnée du représentant de la direction nationale de la promotion de l’enfant et de la famille, le vendredi 6 octobre 2017, à la Maison de la presse.
L’objectif général de la dissémination de ce rapport global de la mise en œuvre des actions de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales au Mali est de contribuer au renforcement de l’environnement protecteur de l’enfant.
La violence, l’abus et l’exploitation sexuelle des enfants sont des sujets tabous et sensibles au Mali. La problématique de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales ne fut mise en exergue qu’à partir de 2007 avec la présence d’ECPAT Luxembourg-Mali et ses différents projets, notamment l’unique étude quantitative et qualitative sur la question réalisée en 2014. Cette étude révèle que la situation familiale et les conditions économiques précaires sont les principales causes des situations de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, qui sévit sous différentes formes.
Selon le présent rapport, le Mali est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination pour les enfants victimes de la traite à des fins sexuelles. L’étude d’ECPAT Luxembourg révèle que le phénomène apparaît le plus souvent dans le cas de migrations internes des zones rurales vers les zones urbaines pour des raisons économiques.
Le rapport indique également que les enfants victimes d’exploitation sexuelle dans la prostitution sont le plus souvent issus de milieux sociaux défavorisés, analphabètes ou déscolarisés, de mauvais traitements physiques et psychotiques les rendant plus vulnérables à l’exploitation sexuelle. Les enfants victimes de prostitution sont davantage des filles (94.7%) dont l’âge moyen est de 15 ans, révèle le rapport.
Par ailleurs, le rapport mentionne que l’exploitation sexuelle des enfants dans le cadre des voyages et du tourisme est la 2ème plus importante forme de l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales au Mali. La quasi-totalité des victimes sont des filles (98.5%), rencontrées dans des villes servant de transit ou de destination pour les touristes. L’âge moyen de ces enfants victimes varie entre 12 et 17 ans et la majorité d’entre eux n’ont aucune source de revenus.
Ce rapport global fait quelques recommandations pour agir contre le phénomène. Il s’agit, entre autres, d’élaborer un plan stratégique sur la question dans le prochain plan quinquennal du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille ; d’inclure des actions de prévention dans les plans d’action nationaux des ministères pertinents ; de mettre en place un réseau officiel des acteurs ; de vulgariser la loi de 2012 relative à la traite dans tous les tribunaux du Mali.
Rappelons que l’ECPAT Luxembourg est une ONG internationale créée en 1995 au Luxembourg dont la mission est de lutter par tous les moyens légaux contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales. Présente au Mali depuis juin 2007, elle a initié trois projets pour la prévention, la protection, la réhabilitation et la réinsertion socioprofessionnelle des enfants exposés ou victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales.
Diango COULIBALY