Exploitation du sable et du gravier à Koulikoro : Quand des paysans abandonnent l’agriculture

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Le sable et le gravier sont des matériaux de construction incontournables, qui se font rares en période d’hivernage à Bamako et cela s’explique par l’augmentation de leurs prix au marché. Apparemment la rareté est organisée par les exploitants du sable à Shô, Sédo et Tientiembougou.

 

Shô, Sédo et Tientiembougou sont des zones potentiellement riches en sable. Situés à 7 km de Koulikoro, ces villages approvisionnent en grande partie la ville de Bamako en sable et en gravier. Des multiples dunes de sable et de gravier occupent les espaces cultivables. Des charrettes et des moto-tricycles sont utilisées comme moyen de transport jusqu’au dépôt final d’où les camions, les bennes et les remorques sont chargés.

Ce circuit a  considérablement réduit le nombre de cultivateurs dans cette zone à forte concentration du sable et du gravier. Bien qu’elle se trouve sur une terre favorable à la culture, l’exploitation de ces matériaux de construction reste la principale activité économique dominante de la population de Shô, Sédo et Tientiembougou en particulier et celle de Koulikoro en général. Tous les cultivateurs s’y adonnent abandonnant du coup l’exploitation de la terre pour la culture vivrière.

Selon Adama Diarra habitant de Shô, “l’hivernage est un moment propice pour nous d’avoir de l’argent dans le sable et du gravier car ils deviennent rares. Nous gardons nos produits au dépôt jusqu’en période d’août ou septembre en fin de mieux profiter des avantages. Les “laptot” ce sont des gens qui font l’extraction du sable ou du gravier à partir du fleuve. Ceux-ci en bénéficient moins car un camion remorque ou benne est cédé à 35 000 F CFA aux revendeurs, qui en profitent plus”, déclare-t-il.

Bourama Tangara revendeur à Boulkassoumbougou précise que “nous cédons à une benne remorque à 200 000 ou 225 000 F CFA ou même plus en fonction des endroits. Nous payons les taxes à la mairie, le carburant, les frais de locations des véhicules et les autres tracasseries routières. En plus les laptots mettent en stockage le sable jusqu’à la période de crue. Voilà quelques raisons qui font grimper le prix du sable ou le gravier pendant l’hivernage”.

“Nous pouvons remplir six camions ou remorques par jour. Un camion dix roues est rempli par 8 personnes à 20 000 F CFA. Chacun de son côté gagne 2500 F CFA. J’ai donc 15 000 F CFA par jour tandis que le travail journalier au champ est à 3000 F CFA”, précise Idrissa Diarra lanceur de pelle.

Plusieurs interlocuteurs indiquent que les activités agricoles de ces villages tournent au ralenti. Elles sont paralysées à cause de l’exploitation du sable et du gravier. “C’est très difficile d’avoir des employés pour cultiver. J’ai un hectare de maïs, malheureusement je n’arrive pas à avoir des employés pour mes champs. Je les amène avec moi de Bamako à Shô. Les jeunes préfèrent chargés les camions que de cultiver”,  laisse entendre un interlocuteur.

A noter que la principale activité économique de la ville de Koulikoro et environs repose essentiellement sur l’exploitation du sable et ou du gravier car plus d’une centaine de camions, bennes ou remorques viennent se charger pour Bamako comme destination.

Abou Safouné Diarra

(Stagiaire)

 

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  1. Des mesures de discrimination positives sont nécessaires pour obliger les gens à aller vers l’ agriculture pendant l’ hivernage : par exemple interdire le commerce et le transport du sable pendant une période donnée !

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