Un corps froidement exécuté, jeté dans la nature et livré en pâture aux vautours et aux chiens errants. Des cas de ce genre on en rencontre ces derniers temps dans nos villes, surtout avec l’opération « Zon kun ti » (écraser la tête des voleurs) lancée en commune II du District de Bamako. Les populations n’ayant plus confiance en leurs forces de sécurité et en la justice se rendent des fois justice. Une situation qui interpelle.
Peut-on combattre l’insécurité ? La réponse par l’affirmation n’est pas criminalité au Mali aisé au vu de ce qui se passe tous les jours sous les yeux des populations.
Si le ministre Salif Traoré en charge de la sécurité jure d’éradiquer la criminalité, celle qui sévit sur les axes routiers et celle qui existent dans les quartiers, des grandes agglomérations et dans les villages aux moyens de sa police de proximité, il est un autre mal, une autre criminalité qu’il parviendra difficilement à combattre. C’est quand des populations se rendent justice et abattent avec sang froid leur semblable.
Ce sont des crimes que commettent certaines personnes. Ce sont également les agressions et les atteintes à l’intégrité physique des personnes que commettent des citoyens lorsqu’ils s’en prennent à un individu ou à des individus sous le prétexte qu’il a été pris la main dans le sac.
Le mercredi dernier, de présumés délinquants ont fait les frais d’un lynchage public au Marché de Médine, en commune II du district de Bamako. Bilan de ce supplice, deux morts brûlés vifs, côté bandits. Selon les informations, ils ont tenté de piller l’agence de transfert d’argent « Wari » au niveau des stands du marché de banane plantain (Namassa-sougou). Ce genre d’événements arrive malheureusement de temps à autre.
C’est la triste réalité. Chacun se prend pour le centre du monde et conteste tout et visiblement l’autorité de l’État est écornée avec une population qui veut se rendre justice, qui ne fait plus confiance en la justice. Parfois des innocents sont parmi les victimes. Les maliens sont en train de perdre les valeurs de respect de l’être humain, les valeurs de tolérance qui étaient pourtant des valeurs sacrées pour nos sociétés. On se demande pourquoi subitement les maliens sont devenus violents.
La recrudescence de la criminalité explique certains lynchages
La tempête de la violence qui met à mal l’autorité de l’État a eu pour conséquence la recrudescence de la criminalité. Les populations bafouent le respect des forces de sécurité et parfois ils veulent retirer le prévenu des mains des forces de sécurité pour se rendre justice. Les raisons de cette furie peuvent s’expliquées avec la recrudescence du banditisme qui donne l’impression que nos forces de sécurité sont impuissantes, face à la situation. Mais on peut aussi accuser les associations de mouvement des Droits humains comme l’AMDH qui, on se rappelle, avait estimé que les autorités malienne étaient paranoïaques sur les questions de sécurité.
Le ministre Saada Samaké, à l’époque chargé de la sécurité, animé d’une volonté d’en découdre avec le grand banditisme était obligé de revoir ses stratégies.
Son prédécesseur Salif Traoré aussi est handicapé par les attaques des associations et mouvements de droits humains. Après une accalmie relative, les bandits ont refait surface et comme les forces de sécurité ne semblent plus avoir les mains libres pour assurer leurs missions, bonjour les exécutions extrajudiciaires et à la faveur des manifestations et contestation de rue où l’État a perdu son autorité.
Lorsque l’État qui a le rôle d’assurer la sécurité n’est plus en mesure de le faire parce que les populations ont décidé de s’en charger elles-mêmes, on sombre dans l’anarchie, dans la jungle où c’est la loi du plus fort qui semble être la meilleure.
Il est indispensable que les forces de sécurité retrouvent la plénitude de leur autorité. Si dans une société civilisée, il n’est pas question de s’adonner à un western digne de l’époque écoulée du Far-West, la manière dont opèrent les bandits dicte bien souvent le choix de la riposte.
Le retour de la quiétude dans nos cités est une urgence. Ce rappel est une nécessité dans le contexte de l’État de droit où bien souvent la différence n’est pas faite entre les citoyens honnêtes et ceux qui choisissent la facilité en bafouant les lois de la République.
Jean Pierre James