Selon la perception commune du monde musulman, être talibé c’est apprendre l’islam, enseigner le saint Coran et s’initier dans l’univers des dogmes religieux. Être talibé, c’est aussi une manière d’apprendre à se soumettre, à respecter, et à obéir, mais aussi à se battre contre les difficultés de la vie. Pour en savoir plus sur la vie d’un talibé, nous sommes partis à la rencontre de M. Drissa Dramé maître coranique qui encadre plus de 300 enfants au quartier Sangarébougou en commune I du district de Bamako.
« M. Dramé est dans ce métier il y a plus de 30 ans », nous-a signalé Fatoma Diakité avec qui M. Dramé nous a mis en contact pour d’amples informations. En fait, M. Fatoma Diakité est ancien talibé, il est venu chez le vieux Dramé dès le bas-âge. Et après les différents cycles de ses études coraniques, il est aujourd’hui instructeur chez le vieux Dramé. C’est ici également que le jeune Diakité s’est Marié : « C’est lui qui m’a aussi cherché une femme ».
Parlant de la vie d’un talibé, notre interlocuteur nous affirme que les enfants talibés sont obligés d’aller mendier pour aider leurs chefs et il nous donne exemple sur son propre cas : « Depuis le jour que mes parents m’ont amené ici, explique-t-il, ils ne se sont plus souciés de moi. Ils n’ont jamais envoyé un centime ; toutes mes dépenses ont été prises en charge par mon chef jusqu’à la date d’aujourd’hui. Il nous faut donc mendier pour subvenir à certains de nos besoins. »
Mais, poursuit-il, cela n’explique pas que tous les talibés sont issus d’une famille pauvre. Il y a parmi eux, des enfants des fonctionnaires ainsi que d’autres issues des couches plus ou moins aisées: « Mais, aujourd’hui, la plupart de ces enfants mendiants se font passer pour des talibés en utilisant le nom des grands prêcheur et guides spirituels. Ce sont ceux-là qui volent dans la rue. Sinon un enfant talibé n’a pas assez de temps pour passer toute la journée dans la rue ». Donc tout talibé est mendiant, mais tout mendiant n’est pas talibé.
« Chez le vieux Dramé, la formation des talibés, explique le jeune Fofana, se fait durant toute la semaine sauf les jeudis. Chaque matin, on commence les cours de 7h a 11h30 de 11h30 à 13h. Les grands talibés apprennent aux petits qui ne savent pas écrire et après, ils partent mendier pour chercher de quoi manger et retournent tous a 15h pour d’autres cours et jusqu’à 18h et après, c’est la prière. Après la prière ils partent à nouveau mendier pour pouvoir manger et ceux qui n’auront pas à manger la femme du chef leur en donne».
Mais aujourd’hui, déplore-t-il, l’on a malheureuse tendance à assimiler à tout talibé à un mendiant.
Bibata Coulibaly (Stagiaire)